Publié le 21 Jun 2016 - 17:23
JUGEE DEVANT LES ASSISES DU PAS-DE-CALAIS

Fabienne Kabou plaide toujours la sorcellerie 

La Franco-sénégalaise Fabienne Kabou, qui a livré à la mort sa fille de 15 mois en l'abandonnant à la marée montante à Berck (Pas-de-Calais) en 2013, a été jugée hier pour "assassinat" à Saint-Omer, devant les assises du Pas-de-Calais. Un infanticide au mobile obscur qui tient Calais en haleine, puisque la dame a maintenu devant la cour qu'elle a agi sous l'emprise de la sorcellerie.

 

C'est le 20 novembre 2013 que le corps d'une petite fille emmitouflée dans une combinaison sombre a été découvert sans vie sur la plage de Berck sur-Mer (Pas-de-Calais). La police française ne savait absolument rien d’elle. Ni son nom, ni son âge, ni son ascendance. Et pour cause, cette petite fille  est née dans la salle de bain d’un atelier de Saint-Mandé (Val-de-Marne). Elle n’avait jamais été déclarée à l’état-civil. Fabienne Kabou sa mère, comme son père le Français Michel Lafon, n’ont jamais révélé son existence à leurs proches.

Ce lundi, devant la cour d'assises, la native de Dakar est revenue sur le drame : "En 2011, je tombe enceinte d'Adélaïde. Elle naît en août et je finis par la tuer, 15 mois après sa naissance". Comment et pourquoi abandonner à la mort sa petite fille de 15 mois sur une plage, par marée montante ? Il n'y a "pas d'autres explications que la sorcellerie", a répondu Fabienne Kabou hier. La sorcellerie ? ‘’C'est la constatation à laquelle j'arrive par défaut, car je n'ai aucune autre explication..." a poursuivi l'accusée, expliquant avoir dépensé pas moins de 40 000 euros pour consulter "des marabouts et des guérisseurs", avant son geste.

Ce geste, Fabienne Kabou le raconte froidement, lors d’une audition marathon retranscrite sur 45 pages. Elle y détaille le sacrifice de sa fille, après une ultime tétée sur la plage, comme si elle était mue par une force implacable. "Je reste debout, je la serre contre moi et puis là, je dis : non, non, non. Je n’arrête pas de dire non. Je ne sais pas pourquoi. Je pleure et comme si je disais à quelqu’un : je  ne  peux  pas  faire  une chose comme ça, mais je le fais."

Née d'une mère sénégalaise secrétaire et d'un père traducteur à l'ONU, Fabienne Kabou qui est arrivée en France pour ses études de Philosophie maintient avoir été sous l'emprise de la sorcellerie: "Dans cette histoire, rien n'est cohérent (...) Quel intérêt j'aurais à me tourmenter, à mentir, à tuer ma fille ? J'ai parlé de sorcellerie et je ne plaisante pas. Même quelqu'un de stupide n'aurait pas fait ce que j'ai fait", s'emporte la dame âgée de 39 ans, devant les questions persistantes de l'avocat d'une association de défense des droits des enfants.

"Les deux années qui ont précédé l'assassinat de ma fille ont été les pires de ma vie. Les deux années de détention ont été plus calmes et plus apaisées", a-t-elle conclu. Le procès suit son cours.

Mame Talla Diaw

Section: