‘’L’histoire du Ps est bien plus vieille que tous ces jeunes qui s’agitent…’’
La pétition lancée par la Jeunesse pour la démocratie et le socialisme pour la sortie des ministres socialistes du gouvernement du premier ministre Mahammad Dionne, indispose le Parti socialiste. Mais selon Moussa Bocar Thiam, il n’est pas dans l’intérêt du PS de se séparer d’un quelconque militant. Seulement, avertit le porte-parole adjoint du PS, tout mouvement de ce genre qui tend vers la dissidence s’auto exclut automatiquement des instances du parti.
Comment appréciez-vous la situation qui prévaut au sein du PS avec d’une part, la JDS qui initie une pétition pour demander la sortie des ministres socialistes du gouvernement et d’autre part, un membre du Bureau politique qui a lancé une contre-pétition pour exiger la désaffiliation des mouvements d’initiative et d’action ?
J’appelle les camarades, surtout les jeunes, à beaucoup plus de retenue. Parce qu’il faut qu’ils comprennent aujourd’hui qu’il n’y a pas d’avenir dans le Parti socialiste pour une jeunesse qui, au lieu de participer à la massification, à l’élaboration d’une véritable offre politique aux Sénégalais, se cantonne simplement à piailler et à se jeter des invectives. Ce n’est pas cela qu’ils ont appris d’ailleurs à l’école du parti. Ce n’est pas cela être un militant socialiste. Un socialiste est avant tout quelqu’un qui sait prôner les valeurs, qui sait convaincre par des arguments utiles et pertinents et non pas quelqu’un qui passe tout son temps à indexer son camarade de parti ou quelqu’un qui essaye de faire valoir ses idées par la manigance politicienne.
Quel doit être, selon vous, le rôle de ces mouvements d’initiative et d’action ?
Il est important de rappeler que les mouvements d’initiative et d’action ont été créés au lendemain de la perte du pouvoir par le Parti socialiste. A cette époque, il fallait créer de nouveaux relais pour permettre au parti d’avoir un souffle nouveau avec des jeunes cadres intellectuellement très compétents et politiquement engagés ; ce qui a favorisé la prolifération de ces mouvements d’initiative et d’action. Mais ce qui est important, c’est que les mouvements d’initiative et d’action ne peuvent avoir d’autres objectifs, principes ou mots d’ordre que ceux du Parti socialiste. Leur rôle, c’est de soutenir et de massifier les bases du parti. Ils sont tenus d’être fidèles à la ligne de la direction du parti. Un mouvement d’initiative et d’action ne peut poser aucun acte contraire à ceux déterminés par la direction du parti. D’ailleurs, les statuts sont clairs sur ce point. Dès lors qu’un mouvement d’initiative tend vers la dissidence, vers l’incohérence par rapport à la ligne de la direction du parti, il s’expose à une radiation pure et simple. Aujourd’hui donc, les mouvements qui vont dans cette direction sont voués inéluctablement à une radiation des structures affiliées du parti.
Donc selon vous, la direction du PS doit se séparer de ces mouvements ?
Dans un premier temps, je pense qu’il est plus important de tenter de raisonner ces jeunes camarades pour qu’ils reviennent à la raison et pour qu’ils aient plus de retenue. Parce qu’il s’agit d’un combat qui les dépasse et ils ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants de cette situation. Le Parti socialiste a une histoire qui est bien plus vieille que tous ces jeunes qui s’agitent autour de ces mouvements d’initiative et d’action. Le PS est un parti ancien et ses responsables ont eu trente voire quarante ans d’expérience commune. Ils ont traversé tous les tumultes politico-météorologiques. Donc ils sont plus aptes aujourd’hui à régler cette pseudo-crise ou mésentente qui règne dans le parti.
Est-il dans l’intérêt du PS de se séparer de ces mouvements d’initiative et d’action ?
Le parti n’a aucun intérêt à se séparer d’un quelconque militant. Mais par contre, les mouvements d’initiative et d’action doivent respecter les directives du parti et non pas poser des actes qui visent à le diviser. Dans ce cas, ils s’auto excluent. Aujourd’hui on ne parle pas d’exclusion, on parle d’auto exclusion. Tout mouvement d’initiative et d’action qui tend vers la dissidence s’auto exclut. C’est prévu par les textes.
Selon vous, comment régler aujourd’hui cette crise ?
Nous faisons confiance à notre Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng qui a dit et répété que le Parti socialiste est un parti fort, démocratique où les gens peuvent avoir des positions souvent contradictoires. Mais c’est un parti qui sait se retrouver et qui sait rester debout. Il est important seulement que tous les Sénégalais comprennent que le Parti socialiste, à l’heure actuelle, n’est pas un parti d’opposition. C’est un parti membre de la majorité présidentielle. Cela est clair et précis.
Est-ce que la récurrence de ces contestations ne vous inquiète pas ?
Vous savez, en cas de problématique de ce genre, forcément certains politiciens tentent d’en profiter pour se faire un nom ou pour montrer un pseudo courage qui ne révèlerait rien d’autre que des ambitions personnelles démesurées. Pourtant, ils ont tous les instruments politiques pour pouvoir défendre leurs idées et convaincre au sein des instances du parti. Mais ils ne le font pas. Ils ne sont pas présents aux réunions. Ils n’écrivent pas au parti. Ils ne prennent pas position au sein de leurs coordinations. Ils ne font aucune activité à l’intérieur du parti. Ces personnes n’ont pas le droit de poser des actes visant à créer un désordre dans les instances du parti.
Vous faites allusion à qui ?
Je fais allusion à tous ces mouvements de soutien et à toutes ces personnes qui, toujours, prennent la parole pour dire que les instances du parti sont illégitimes et illégales. Je fais allusion à toutes ces personnes qui font beaucoup de bruits autour de la candidature du PS à la prochaine élection présidentielle de 2019 et autour du compagnonnage du parti avec Benno bokk yaakaar dans la mouvance présidentielle. Il est important que tous ces responsables politiques comprennent que le Parti socialiste prendra ses responsabilités au moment venu.
Est-il aujourd’hui dans l’intérêt du Parti socialiste de poursuivre son compagnonnage avec BBY si on sait que la prochaine élection présidentielle est prévue dans deux ans ?
En quoi cela gêne ? Je voudrais vraiment comprendre en quoi cela peut gêner des gens. Nous attendons aujourd’hui qu’on nous convainc que le compagnonnage avec BBY compromettrait la vie du parti. Ce n’est pas démontré. Ceux qui s’agitent depuis lors ne parviennent pas à le démontrer. C’est archi faux de le dire d’ailleurs. Abdoulaye Wade a toujours été dans des coalitions de la majorité présidentielle, cela ne l’a pas empêché d’être président de la République de ce pays. Nous sommes un parti membre de la majorité présidentielle et nous y restons.
PAR ASSANE MBAYE