Le Pds parle de dilatoire et de faux-fuyants
Selon les libéraux du Parti démocratique sénégalais, le Président Macky Sall fait du dilatoire quand il renvoie la balle à l’opposition à propos de la désignation du statut du chef de l’opposition déjà consacré par la constitution à l’issue du référendum du 20 mars dernier.
Le président de la République a remis au goût du jour le débat sur le statut du chef de l’opposition. Depuis Varsovie (Pologne) où il séjournait, Macky Sall, qui a accordé un entretien au site Azactu.net, a soulevé la question en soulignant que si son adoption doit poser un problème pour l’opposition, cela peut attendre. ‘’Le jour où l’opposition sera prête sur cette question, on pourra alors avancer car c’est un débat qu’il faut vider’’, a déclaré le président de la République, renvoyant du coup la balle à l’opposition.
‘’Macky Sall fait du dilatoire’’
Mais selon le chargé de la propagande du parti d’Abdoulaye Wade, Farba Senghor, Macky Sall cherche des faux-fuyants. ‘’En renvoyant la balle à l’opposition, le Président Macky Sall pose la question de l’effectivité de l’Etat de droit dans notre pays en ce qui concerne l’application de la constitution et des réformes issues du référendum. Il fait tout simplement du dilatoire’’, charge l’ancien ministre de l’Agriculture joint par EnQuête. Selon Farba Senghor, dès lors que la loi constitutionnelle a été promulguée et publiée dans le journal officiel, il revient maintenant au président de la République de mettre en œuvre ces réformes constitutionnelles sans attendre. ‘’C’est à lui de poser le problème s’il veut discuter. Sinon, il lui revient, selon la conception qu’il a du statut de l’opposition, de le définir et de le mettre en œuvre. Parce que lorsqu’il allait au référendum, il n’avait pas consulté l’opposition, il avait fait un forcing. Aujourd’hui, il n’a pas à se référer à l’opposition’’, estime le responsable libéral. Avant d’ajouter : ‘’Macky Sall a aujourd’hui l’obligation de faire appliquer la loi. Sinon il peut y avoir plusieurs voix discordantes et dans ce cas, on ne trouvera jamais un consensus autour de ce problème.’’
‘’Le Président fait de la politique politicienne’’
Pour sa part, son frère de parti, Mayoro Faye, pense que le Président Macky Sall pose mal le débat. Il dit : ‘’Je considère que le problème est mal posé par le chef de l’Etat. Parce qu’il s’agit d’une disposition déjà consacrée par notre constitution. S’il veut poser la question du statut de l’opposition de cette manière, il fait dans la politique politicienne’’. Mayoro Faye de noter d’ailleurs que quand le président de la République a voulu mettre en place le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), il n’a pas posé le problème de cette manière. ‘’Mieux, lorsqu’il a voulu dissoudre le Conseil économique et social pour mettre en place le Conseil économique, social et environnemental, il ne s’est en aucun cas référé à l’opposition. Il n’a pas non plus traîné les pieds quand il a voulu apporter des changements dans la constitution. Maintenant que c’est une affaire qui ne concerne pas la majorité présidentielle mais plutôt l’opposition, il traîne les pieds. Il veut tout simplement réduire l’opposition à sa plus simple expression’’, croit savoir le chargé de communication du Parti démocratique sénégalais.
‘’Manque de volonté politique’’
Dans un autre registre, Mayoro Faye estime que pour désigner un chef de l’opposition, il y a forcément des critères. Et comme le dit le chef de l’Etat lui-même, le PDS est arrivé deuxième à l’élection présidentielle de 2012 et est le seul parti d’opposition à avoir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. A cet égard, il n’y a pas de problème à ce niveau pour désigner le chef de l’opposition. Seulement, déplore-t-il, un manque de volonté politique de Macky Sall qui doit à lui seul régler cette question. Parce que, appuie Farba Senghor, dans tous les pays démocratiques du monde, il y a un chef de l’opposition qui est reconnu avec surtout des prérogatives. De ce fait, ‘’il y a urgence au Sénégal de se mettre au niveau des nations qui se disent démocratiques’’.
ASSANE MBAYE