Les Lionnes réclament à l’Etat plus d’attention
L’équipe nationale féminine du Sénégal d’escrime sabre se prépare pour les prochains Championnats d’Afrique de la discipline, en juin 2017. Pour mettre fin à leurs échecs répétés, par fois sur le fil, Les Lionnes veulent avoir une aide plus conséquente de la part de l’Etat.
La volonté, l’abnégation ! C’est l’état d’esprit qui leur permet actuellement de poursuivre leur passion. Elles, ce sont les Lionnes de l’escrime sabre. La capitaine, Mame Awa Ndao, Fatou Kiné Faye et Assiatou Sow, composent l’équipe nationale féminine d’escrime sabre. Elles nous ont ouvert ‘’leur Tanière’’, en cet après-midi très ensoleillé.
A seize heures tapantes, elles étaient déjà sur la piste, en tenue de combat, sabres en main, dans l’une des salles à côté du salon d’honneur du stade Léopold Sédar Senghor. Sous l’œil attentif de leur coach, John Kamaté, par ailleurs coordonnateur technique de la Fédération sénégalaise d’escrime (FSE), ces pensionnaires de la sélection nationale travaillent d’arrache pied pour garder leur place en sélection. ‘’Pour faire partie de l’équipe nationale, c’est la guerre. Il y a les autres filles au nombre de 15 ou plus dans le championnat. On s’est battue pour être en équipe A’’, a souligné Mlle Faye. Aucune place n’est acquise d’avance, croit-elle. ‘‘Plus on travaille, plus on a la chance d’être sélectionnée’’.
Pour le moment, les filles sont dans la phase de préparation des Championnats d’Afrique, en juin 2017. ‘’On prépare les Championnats d’Afrique. On s’entraine beaucoup même. C’est difficile mais on fait de notre mieux chaque jour’’, a déclaré la capitaine de l’équipe. Cependant, les difficultés ne manquent pas malgré l’appui qu’elles reçoivent souvent du Gouvernement et du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). C’est pourquoi, ces trois Lionnes invitent l’Etat à faire preuve de plus de sollicitude à leur égard. Car, disent-elles, ‘’on défend aussi les couleurs nationales. On veut également représenter le Sénégal dignement et remporter des médailles comme les autres’’.
Leur souci est d’avoir ‘’une bonne préparation’’ d’ici le tournoi continental. ‘’Si on banalise cette phase, ça sera impossible de faire des résultats’’, a prévenu Mame Awa. ‘’On veut juste avoir plus de stages et de compétitions internationales’’, ont insisté Fatou Kiné et Assiatou. Le Sénégal, en équipe féminine, est actuellement classé 4e, a informé Kiné Faye qui implore le soutien des autorités étatiques pour ‘’monter cette fois-ci sur le podium’’.
‘’Le Sénégal a régressé’’
Même si la pratique de l’escrime n’est pas très ouverte à tout le monde, le coach Kamaté estime que la discipline est assez connue des Sénégalais. Selon lui, le Sénégal se débrouille bien au plan continental. ‘’Nous occupons une assez bonne place en Afrique. Depuis 2003, le Sénégal revient avec des médailles lors des compétitions. Nous avons à notre actif 6 médailles d’or en individuel. Au niveau africain, le Sénégal se positionne derrière l’Egypte et la Tunisie. Selon John Kamaté, cet état de fait, qui ne date pas longtemps, s’explique par le fait qu’on a ‘’baissé de régime’’.
La situation n’est pas plus reluisante au plan mondial pour l’escrime sénégalaise. ‘’On régresse maintenant parce que les moyens financiers manquent’’, a fait constaté avec amertume le coach Kamaté. Ce défaut de moyens financiers est à l’origine des mauvaises participations de l’équipe nationale ‘’qui a du mal à aller en stages préparatoires’’. Or, si l’Egypte et la Tunisie parviennent à remporter des médailles, l’entraineur pense que le Sénégal aussi peut y arriver. Car, dit-il, ‘’le potentiel y est’’. Les Egyptiens et les Tunisiens ont gagné des médailles en individuel aux Jeux olympiques, respectivement en 2012 et 2016. La différence pour lui est que nos escrimeurs restent à la maison pendant que les autres équipes africaines côtoient l’international. ‘’On ne peut rester là durant toute une saison et vouloir aller directement à des championnats d’Afrique pour remporter une médaille’’, a-t-il regretté.
Pour relever la pente, le coordonnateur technique de la FSE estime que les compétitions préparatoires avant les championnats d’Afrique ou les mondiaux sont la voie du salut. ‘’Cela pourrait faire peur mais ce n’est pas si coûteux que ça pour 2,3 ou 4 athlètes. Ce n’est pas plus de 5 millions pour toute une saison. Pour nos filles (Ndlr, équipe actuelle), le budget revient à 5 voire 7 millions F CFA’’, a précisé Kamaté. Toutefois, il est d’avis que tout ne doit pas provenir du gouvernement. ‘’Une partie peut venir de l’Etat ou de la Fédération et de bonnes volontés pourraient financer le reste’’.
En attendant de trouver les moyens suffisants pour des stages et compétitions internationales de haut niveau, Mame Awa Ndao, Assiatou Sow et Fatou Kiné Faye, sous la houlette de leur coach, John Kamaté vont poursuivre leur programme de préparation afin de redorer le blason de l’escrime sénégalaise en accédant au moins au podium lors des Championnats d’Afrique 2017. Vaste programme !
LOUIS GEORGES DIATTA