137 mille personnes meurent

Les défis liés à la sécurité sanitaire des aliments exigent des réponses coordonnées, multisectorielles et durables impliquant les autorités, les professionnels de la chaîne alimentaire, les consommateurs et les médias. C’est l’avis du docteur Mamadou Ndiaye, consultant international en sécurité sanitaire des aliments au bureau régional de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui a annoncé que chaque année, 91 millions de personnes tombent malades et 137 000 en meurent à cause d’aliments contaminés, dont 70 % provoquent des maladies diarrhéiques.
Venu participer au lancement de l’atelier de renforcement des capacités consacré à la sécurité sanitaire des aliments (SSA) à l’intention de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD), le docteur Mamadou Ndiaye a souligné que la SSA est l’un des piliers les plus critiques de la santé publique, de la nutrition, du commerce agroalimentaire et du développement durable.
Pourtant, a-t-il expliqué, les risques liés aux maladies d’origine alimentaire continuent de peser lourdement sur les systèmes de santé et les économies africaines. Il a rappelé que chaque année, plus de 91 millions de personnes tombent malades et 137 000 en meurent à cause d’aliments contaminés. Ces maladies, dont 70 % sont diarrhéiques, affectent principalement les populations les plus vulnérables, notamment les enfants.
Selon lui, l’augmentation de la consommation d’aliments issus de la restauration de rue et des marchés informels accentue les risques, surtout si les normes d’hygiène et de sécurité ne sont pas respectées.
Ces défis, d’après le Dr Ndiaye, exigent des réponses coordonnées, multisectorielles et durables impliquant les autorités, les professionnels de la chaîne alimentaire, les consommateurs et les médias.
À en croire le spécialiste, les journalistes jouent un rôle essentiel dans la construction d’une culture de prévention et de responsabilité en matière de sécurité alimentaire. Par leurs enquêtes, reportages et chroniques, ils peuvent faire évoluer les mentalités, influencer les comportements et interpeller les décideurs.
‘’Loin de vous apprendre votre noble métier, vous conviendrez avec moi qu’une communication bien pensée et étayée permet, à coup sûr, de sensibiliser la population aux risques et aux bonnes pratiques d’hygiène alimentaire, de mettre en lumière les défis auxquels sont confrontés les professionnels du secteur agroalimentaire, de valoriser les initiatives positives et les innovations locales. Elle contribue également à un plaidoyer fort pour le renforcement des politiques publiques’’, a confié le Dr Ndiaye.
Par ailleurs, à l’issue de cet atelier, le consultant attend des participants un engagement renouvelé pour intégrer durablement la question de la sécurité sanitaire des aliments dans leur traitement de l’information. Plus précisément, il souhaite que cet atelier leur permette de maîtriser les fondamentaux techniques de la SSA ainsi que les normes du Codex Alimentarius, de produire des contenus accessibles, pertinents et basés sur des données fiables à destination des citoyens et des autorités, et de participer au renforcement du réseau de journalistes spécialisés afin d’assurer une couverture plus cohérente et continue de ces enjeux dans l’espace médiatique national.
‘’La sécurité sanitaire des aliments ne doit pas être traitée uniquement en cas de crise sanitaire : elle mérite une présence continue dans l’espace public, en tant qu’enjeu structurel et transversal’’, a conclu le Dr Ndiaye.
Pour le capitaine Armand Seck, commandant de la Brigade régionale des services d’hygiène de Thiès, qui parle de sécurité sanitaire des aliments parle forcément de communication. C’est pourquoi il s’est dit réjoui de la participation de la presse à cet atelier, qui va leur permettre d’avoir des relais au sein des maisons de presse, afin que les populations puissent s’appuyer sur cette communication pour essayer d’adopter un changement de comportement. ‘’Nous avons constaté qu’au Sénégal, nous qui sommes sur le terrain, notamment dans le cadre du contrôle et des inspections liées à la sécurité sanitaire des aliments, la police, c’est-à-dire la police d’hygiène ou la police sanitaire en général, ne pourra pas résoudre le problème définitivement. La participation de la presse, et surtout de vous en tant qu’acteurs de communication, va nous permettre d’atteindre au maximum les cibles, afin que les populations adoptent un comportement décent dans l’amélioration de leur sécurité sanitaire. On ne peut pas parler de santé sans alimentation. Et pour avoir une bonne santé, il faut intuitivement adopter les bonnes pratiques d’hygiène qui permettent d’avoir un corps sain dans un esprit sain’’, a confié le capitaine Seck.
Par Cheikh Thiam