Abdoulaye Diouf Sarr donne des gages aux recycleurs
Cinq jours après l’incendie qui a ravagé 10 hectares à Mbeubeuss avec un bilan humain de deux morts et des recycleurs portés disparus, le ministre de la Gouvernance locale, du développement et de l’Aménagement du territoire s’est rendu hier sur le site. Sur la question relative à la délocalisation de ce gigantesque déchet d’ordures, Abdoulaye Diouf Sarr, qui se veut prudent, annonce l’étude de faisabilité en juin 2017.
Cinq jours après, les stigmates de l’incendie qui a emporté 10 hectares à Mbeubeuss sont encore perceptibles à l’œil nu. Tas de déchets calcinés et éparpillés. Morceaux de bois réduits en cendre, vent malaxé de fumée noirâtre, l’air vicié…, telle est la sinistre « embellie » qui s’offre à la décharge de Mbeubeuss.
Informée hier de la visite du ministre la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire, une foule de recycleurs, composée d’hommes et de femmes, a campé aux abords d’une ruelle poussiéreuse. Cette dernière mène à l’intérieur de la décharge. Vêtements noircis par les déchets, ils ont accueilli Abdoulaye Diouf Sarr avec des pancartes qui font état de leurs préoccupations. Bouleversés par ce qui s’est passé, ils brandissent les slogans suivants : ‘’Plus de considération pour les récupérateurs’’, ‘’Non à la délocalisation de Mbeubeuss’’, ‘’Nous réclamons une couverture maladie’’, etc.
C’est dans ce contexte maussade qu’Abdoulaye Diouf Sarr, visiblement affecté par le décès de deux recycleurs dans des conditions tragiques, a annoncé l’étude de faisabilité par rapport au déplacement ou non de Mbeubeuss. ‘’J’aimerais rassurer pour dire que le chef de l’Etat a donné des instructions fermes. Ceci pour que la question de ce site soit traitée avec diligence, de manière durable. C’est une plaie très ancienne. Donc, pour la soigner, il faut un travail très sérieux. Sur la réhabilitation, la requalification, l’étude de faisabilité de ce traitement sera déposée en juin 2017’’, informe le ministre, entouré par une pléiade de récupérateurs qui l’écoutent attentivement.
Le moindre déplacement des hôtes de la décharge soulève la poussière. Armés de masques pour se protéger contre ce vent mêlé d’odeur putréfiée, yeux rivés au sol, ils contrôlent leurs pas. C’est une manière, pour eux, d’éviter les cendres. Prudents sont ces visiteurs qui ne sont pas familiers de cet endroit où les recycleurs, très actifs, se déplacent avec beaucoup d’aisance, de facilité. Ils maîtrisent les coins et les recoins de ce site où ils tirent leurs revenus.
Selon le ministre, un travail ‘’très sérieux’’ sera engagé pour permettre à Mbeubeuss d’intégrer la filière de gestion des déchets de la région de Dakar. Autrement dit, détaille-t-il, ladite filière va commencer par la collecte au niveau des domiciles jusqu’à la valorisation en tenant compte des préoccupations sur le site. ‘’Quel que soit le scénario retenu, la dimension sociale sera intégrée parce qu’il y a, au moins, 1 500 acteurs qui travaillent sur cette plate-forme. Et une solution sera apportée parce que le gouvernement suit la question. L’étude de faisabilité va nous dire le meilleur schéma’’, ramasse le ministre de la Gouvernance locale.
Par rapport à l’idée d’indemnisation agitée par les acteurs de la décharge, M. Sarr estime qu’il s’agit, pour le moment, de vider le dossier en phase d’enquête, avant de se prononcer sur cette question. A côté du ministre, vêtu en boubou blanc, le maire de Malika est toujours traumatisé par les flammes. D’ailleurs, Momar Talla Gadiaga a rappelé que le jour de l’incendie, les sapeurs-pompiers avaient du mal à les maîtriser. Suffisant pour lui de lancer à l’endroit d’Abdoulaye Diouf Sarr : ‘’Il y a eu beaucoup de dégâts ce jour-là. M. le ministre, les feux qui se déclarent sur la décharge sont spontanés. Elle contient du gaz méthane, et d’autres types de gaz qui, par réactions chimiques, peuvent finir par s’enflammer.’’
Président de l’Association des récupérateurs et recycleurs de la décharge de Mbeubeuss, Malick Diallo a, quant à lui, reconnu que ce site est à la fois une ‘’bombe écologique’’ et une ‘’source économique’’ à préserver.
PAPE NOUHA SOUANE