Publié le 25 Jan 2017 - 23:26
ABDOULAYE KOUNDOUL (DIRECTEUR DES ARTS)

‘’Nous appelons tous les artistes à venir concourir’’

 

Ils ne sont pas encore nombreux, les candidats à frapper à la porte de la Direction des arts pour conquérir le grand prix du président de la République pour les Arts et les Lettres. D’ailleurs, à ce jour, moins de 15 dossiers de candidature ont été déposés. Suffisant pour que  la date butoir du 31 janvier 2017 soit changée et ramenée au 15 février prochain. Explications du directeur des Arts, Abdoulaye Koundoul, dans cet entretien.

 

Qu’est-ce qui a motivé la relance du grand prix du président de la République pour les Arts et les Lettres ?

Le ministre de la Culture a été instruit par le président de la République de reprendre ce grand prix pour les Arts et les Lettres. Il est de notoriété publique que c’était quand même une bonne pratique. Ce grand prix aidait à promouvoir et développer les Arts et les Lettres. C’était l’occasion d’honorer, mais aussi de récompenser des artistes, des groupes d’artistes qui se sont le plus distingués à travers la qualité d’œuvres produites. Mais aussi en tenant compte de leur background. C’est toujours l’occasion, à travers ces grands prix-là, de stimuler la création artistique, de contribuer au rayonnement artistique et culturel du Sénégal sur le plan international. C’est pour toutes ces raisons que le chef de l’Etat a instruit le ministre de la Culture de reprendre l’organisation de ces grands prix.

Y a-t-il des changements qui sont apportés ?

Il y a des innovations qui sont apportées. Dans l’ancienne formule, il y avait un grand prix pour les Arts et un grand prix pour les Lettres. Dans le mode de désignation, c’est le jury qui décidait du secteur qui allait être primé. Cette fois-ci, nous avons voulu adopter une démarche beaucoup plus large, plus inclusive qui ne laisse personne en rade. Quand, je dis personne, c’est par rapport aux différents secteurs des arts. Ces derniers sont la danse, les arts visuels, la musique, la mode et le stylisme, l’art dramatique et le conte, le cinéma et l’audiovisuel ainsi que les disciplines des cultures urbaines. En faisant le décompte, nous avons sept disciplines dans le domaine des arts qui vont concourir pour deux grands prix. Il y aura un grand prix pour les Lettres et deux grands prix pour les Arts.

Comment organisez-vous tout cela ?

Il est vrai que ça a nécessité une certaine organisation ou plutôt réorganisation. Nous avons mis en place des jurys sectoriels. Pour chaque secteur, nous avons un jury constitué de personnalités très fortes, passionnées, qui connaissent bien leurs domaines. Il leur reviendra, chacun dans son domaine, de nominer deux artistes  dont un pour le grand prix et un pour le prix d’encouragement. Au-dessus de ces jurys sectoriels, se trouve le grand jury qui décidera in fine de l’attribution des distinctions. Ce grand jury est dirigé par un ancien grand prix, Jean Pierre Leurs.

Qui sont les autres membres de ce grand jury ?

En sus de M. Jean Pierre Leurs, il y a Collé Ardo Sow, Daba Sarr d’Africa fête, l’artiste plasticien Serigne Mbaye Kamara, Serge Corréa qui est aussi plasticien et un ancien grand prix des Arts, le critique de cinéma Baba Diop et enfin la danseuse Germaine Acogny. Ce sont eux qui forment le grand jury et le secrétariat est assuré par la Direction des Arts.

Un appel à candidatures a été lancé, à ce jour combien y a-t-il de postulants ?

Dans l’appel, il est offert aux artistes qui sont dans les régions de déposer leurs dossiers dans les centres culturels régionaux. Nous n’avons pas encore fait le point mais ce que nous pouvons retenir est que nous avons moins de 15 candidatures. Ce que nous trouvons assez dérisoire. Il y a lieu de relancer la communication pour que dans ce secteur ou nous avons sept sous-secteurs, qu’on enregistre plus de candidatures. Le jeu en vaut bien la chandelle parce qu’il y a 10 millions de F Cfa à gagner et une distinction mais surtout la reconnaissance. Car ce n’est pas n’importe qui qui gagne  le grand prix du président de la République pour les Arts. Donc, il faut prendre en compte tous les égards et la reconnaissance qui accompagnent cette consécration.

On est presque à la date butoir pour les dépôts de candidature. Qu’avez-vous prévu pour attirer plus de monde avant le 31 janvier ?

Nous avons décidé au sein du cabinet de prolonger la date limite de dépôt. Nous offrons une franchise de 15 jours pour permettre à tous les retardataires de s’y mettre. Nous avons prévu aussi de faire des spots à la télé et de les faire passer aux heures de grande écoute. Nous avons prévu des insertions dans certains journaux, de mettre à contribution les journalistes culturels pour qu’ils nous aident à renforcer davantage cette communication. Il est vrai aussi qu’il ne faudrait pas seulement de grands noms mais aussi des jeunes. Il ne faut pas qu’ils se disent qu’ils n’ont pas leurs chances.

La valeur ne dépend point du nombre d’années, surtout dans le secteur des arts. Serge Corréa en est une belle illustration. Il venait à peine de sortir de l’école des Arts quand il a remporté le grand prix du président de la République. C’est un élément de motivation supplémentaire pour tous les jeunes qui liront cette interview. Tout le monde peut tenter sa chance. Encore que pour ceux qui estiment qu’ils sont jeunes pour ça, prenez au moins en considération le prix d’encouragement. Il ne faut pas que les jeunes se censurent eux-mêmes. Nous appelons tous les artistes à venir déposer leurs dossiers.

Quels sont les critères d’éligibilité ?

Il faut être un artiste, naturellement, vivant au Sénégal ou à l’étranger. Les interprètes, les groupes d’artistes peuvent concourir mais pas les étrangers mêmes s’ils vivent parmi nous. Maintenant, les artistes désireux de participer doivent manifester leur intérêt en postulant. C’est d’ailleurs là la grande difficulté. Certains artistes de renom, de talent, estiment qu’ils ont atteint un niveau qui ne leur permet pas de concourir. On ne peut pas faire autrement. C’est une obligation de faire acte de candidature. Les anciens grands prix ne peuvent pas déposer leurs candidatures ainsi que les membres du jury. 

BIGUE BOB

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