Publié le 14 Nov 2024 - 18:08
VIOLENCES, AFFAIRE SAMBA NDIAYE, JUSTICE…

Abdoul Mbaye livre sa vision des faits

 

Abdoul Mbaye, candidat de la liste Senegaal Kese, s'est prononcé, hier, sur l’actualité, notamment sur la violence qui sévit dans la campagne électorale. Il s’est vertement attaqué à la tête de liste de Pastef.

 

Ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, aux côtés de Thierno Alassane Sall, a fait une sortie hier pour aborder les questions d'actualité du pays. Il considère que des circonstances aggravantes donnent des motifs de s'inquiéter de l'avenir immédiat du Sénégal. ‘’La seule digue, le seul frein qui pourrait empêcher ce que nous percevons comme une catastrophe probable, ne peut naître que du résultat du scrutin du 17 novembre 2024, qui permettra à notre pays de disposer d'une nouvelle Assemblée nationale. Or, des actes et appels à la violence pourraient les perturber, confirmant d'ailleurs une volonté en projet de transformer notre Sénégal en un pays de non-droit’’, a regretté le candidat qui a tiré à boulets rouges sur Ousmane Sonko.

‘’La provocation est tôt venue par des propos d'un haut responsable du parti au pouvoir qui n'a pas fait l'objet de condamnation ; ils ont été suivis du saccage du siège d'un parti de l'opposition. Nous avons ensemble noté que les autorités se sont dispensées d'appels publics aux ministres de l'Intérieur et de la Justice pour retrouver le plus rapidement possible les fauteurs de troubles et leurs commanditaires. Nous avons ensuite été témoins d'un début d'escalade…’’, a soutenu Abdoul Mbaye.

Selon lui, trois faits graves conduisent vers une incertitude et, au-delà, vers une instabilité probable au niveau de notre Exécutif. ‘’Nous avons un Premier ministre qui se permet de promettre de corriger un décret présidentiel’’, a-t-il dit, faisant allusion à l'affaire Samba Ndiaye. ‘’Il (Ousmane Sonko) le fait à travers un post désobligeant publié sur les réseaux sociaux’’, a estimé M. Mbaye.

Il poursuit : ‘’Nous avons un Premier ministre qui, en meeting électoral, corrige et redéfinit la stratégie militaire du Sénégal à ses frontières, usurpant des responsabilités du chef de l'État et de ses chefs militaires.’’ Enfin, Abdoul Mbaye se plaint que le PM ait dénoncé publiquement l'’’incapacité’’ à agir des ministres placés sous sa direction (ceux de la Justice et de l'Intérieur) et menace de leur substituer les milices de son parti pour affronter physiquement ceux qui perturbent sa campagne. Le tout, poursuit l’homme d’État, dans une déclaration étonnante qui les cite après un président de la République ramené au même stade.

‘’Pourtant, dans le même temps, la justice suit son cours. Des individus ont été arrêtés. Mais le Premier ministre tient dans la même déclaration à confondre le ministre de la Justice, qu'il met à ses ordres, et la justice dans des déclarations de campagne. Qu'il sache que le ministre de la Justice n'est pas la justice dans notre pays’’, a indiqué Abdoul Mbaye. Il estime que dans ce pays, ‘’le droit est en train d'être nié, l'État malmené, comme si l'objectif du projet est de plonger le Sénégal dans un chaos propice à une remise en cause définitive de son statut d'État de droit, par petites touches aujourd'hui et par des séries de lois prétextes demain’’.

‘’Violence à la Constitution’’

Le Sénégal est déjà dans le risque des conséquences probables de ‘’violences faites à notre Constitution’’, selon Abdoul Mbaye. Parmi elles, il parle du blocage, par le président de la République, du fonctionnement des assemblées constitutionnelles consultatives que sont le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). ‘’Ce faisant, le président de la République s'est rendu parjure, violant l'article 42 de notre Constitution qui dispose qu'il est le garant du fonctionnement régulier des institutions et donc aussi son serment devant Dieu et la Nation de respecter et faire respecter la Constitution (Art.37)’’, a estimé Abdoul Mbaye.

Le compère de Thierno Alassane Sall souligne que ces institutions existent toujours ; Diomaye Faye en a certes souhaité la suppression, mais l'Assemblée nationale du Sénégal a rejeté ce projet. Ce sont donc des institutions qui existent. Mais le président de la République a immédiatement décidé de mettre fin à leur ‘’fonctionnement régulier’’, avec même l'objectif de les bloquer par décrets qui les ont privés de présidents, a constaté M. Mbaye. ‘’Ces actes sont d'une gravité extrême. Nous avons pris l'habitude de considérer comme coup de force le seul dirigé contre un président de la République en exercice. Mais le coup de force est également contre toute institution constitutionnelle. C'est d'ailleurs pourquoi le programme de législature de la coalition Senegaal Kese prévoit des réformes mettant à l'abri les institutions constitutionnelles de tout coup de force’’, a indiqué Abdoul Mbaye.

Le deuxième cas qu’il qualifie de grave est cette complicité entre le président de la République et son Premier ministre, ‘’visant et ayant réussi par une ruse peu digne à empêcher ce dernier de faire sa déclaration de politique générale’’. Le troisième cas est pour lui ‘’la plus grosse source d'instabilité constitutionnelle en cours au Sénégal’’. Il s'agit, selon Abdoul Mbaye, de la dualité constatée au sommet de l'État. ‘’Aujourd'hui, un Premier ministre qui ne s'embarrasse plus de formes pour s'afficher comme le vrai patron de l'Exécutif, ce qui est objectivement porteur de confusion et d'instabilité à court ou moyen terme, dans la mesure où notre Constitution ne reconnaît qu'un seul chef de l'Exécutif et un gouvernement qui dépend de lui’’.

Abdoul Mbaye considère, donc, qu’il est urgent, désormais, de gagner le combat de l'alternance à l'Assemblée nationale.

BABACAR SY SEYE

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