Publié le 25 Feb 2017 - 03:51
MODOU MAMOUNE NGOM – 3E ADJOINT MAIRE WAKHINANE NIMZATT

‘’Nous allons continuer à recouvrer les taxes…’’

 

Le sous-préfet a interdit tout recouvrement de taxes municipales à ‘’marché bu bess’’ pour une période de 15 jours. Cependant, la mesure risque de ne pas être respectée. Le 3e adjoint au maire de la commune de Guédiawaye Nimzatt annonce que les perceptions vont se poursuivre, et c’est ladite commune qui va le faire.

 

Les municipalités de Djiddah Thiaroye Kaw et Guédiawaye Nimzatt s’arrachent ‘’marché bu bess’’. A la base du contentieux : le recouvrement des taxes municipales. Le feu couvant dans la zone, le sous-préfet de Pikine Dagoudane a sorti un arrêté interdisant toute perception, pendant 15 jours. Seulement, interrogé par EnQuête, le 3e adjoint au maire de Wakhinane Nimzatt, Modou Mamoune Ngom, assure que la mairie dirigée par Racine Talla va continuer la collecte. ‘’C’est Guédiawaye qui a toujours collecté. Aucune commune de Pikine n’a jamais eu à le faire. La seule vérité est que ‘’marché Bu bess’’ a toujours appartenu à Guédiawaye. C’est un bien de Wakhinane Nimzatt’’, assure-t-il. La question qui se pose alors est : pourquoi Djiddah Thiaroye Kao veut aujourd’hui recouvrer les taxes de ce marché ? Tout est parti d’une volonté des autorités de redéfinir les zones géographiques en 1996. Suite à ce découpage administratif, Guédiawaye ‘’s’est vu amputé de certains de ses quartiers originels dont Bagdad, une partie de Nimzatt et une bonne partie de Gounass’’, selon M. Ngom.

De là est né le contentieux. ‘’En 1997, la première tentative d’expropriation du marché s’était heurtée à une forte détermination des populations de Guédiawaye et aussi un refus catégorique des commerçants du marché. Lors de ce premier conflit ayant opposé la commune de Djiddah Thiaroye Kao aux communes de Wakhinane Nimzatt et de Médina Gounass, le Gouverneur Maham Diallo, fort du décret 72-636 qui lui donne le pouvoir de suspendre tout acte dont l’application peut conduire à des affrontements ou à des troubles à l’ordre public, avait décidé en 1997, sur instruction du ministre de la Décentralisation, de couper la poire en deux, en attendant une décision des autorités centrales. Ainsi la commune de Djiddah Thiaroye Kao devait percevoir les taxes des marchés Nietty Mbar et Peund, tandis que la ville de Guédiawaye allait faire de même au marché Bu bess’’, précise Modou Mamoune Ngom. Depuis, le consensus entre les municipalités a été respecté.

Avec l’Acte 3 de la décentralisation, le différend a refait surface. ‘’Conformément au décret n°2014-926 du 23 juillet 2014 fixant les conditions de dévolution du patrimoine et de redéploiement du personnel des régions et des anciennes villes, le préfet a pris un arrêté portant dévolution du patrimoine, redéploiement du personnel et répartition des actifs et passifs financiers de l’ex-ville à la nouvelle Ville et aux communes’’, rappelle M. Ngom. C’est au cours de ce redéploiement que la maire Cheikh Dieng a présenté le décret portant redécoupage de la zone fait en 1996. Il lui était dès lors permis de recouvrer les taxes. Ce à quoi Guédiawaye Nimzatt s’est opposé.

Apportant les preuves de l’accord tacite entre les municipalités trouvé en 1997, deux arrêtés ont été sortis exigeant de la commune adverse la cessation de toute perception. Ce que Cheikh Dieng et ses camarades n’ont pas voulu accepter. Ils ont porté plainte contre l’Etat du Sénégal et ont demandé l’annulation de ces deux arrêtés. La Cour Suprême le leur a accordé. ‘’La Cour Suprême n’a pas pris compte de la lettre que nous lui avons envoyée pour lui expliquer comment se sont réellement passés les choses. Nous avons demandé un rabat d’arrêt’’, indique M. Ngom.

Il assure que sa municipalité ne se bat pas pour des intérêts pécuniaires. ‘’Par son histoire et l’origine des propriétaires des biens marchands, marché Bou bess a toujours appartenu à Guédiawaye. En effet, ce marché a été créé en 1975 par les habitants des anciens quartiers de Wakhinane, Nimzatt, Angle Mouss et Bagdad, à la suite de leur déguerpissement du centre-ville de Dakar vers Guédiawaye. Cette population délocalisée avait exigé la mise à leur disposition d'infrastructures scolaires, sanitaires et économiques. ‘’C'est ainsi que nos vieux des premiers quartiers de cette zone ont installé les premiers piquets de ce qui deviendra marché bu bess.

Il s'appelait alors marché zinc, puisqu'il n'y avait au début qu'un seul grand hangar en zinc que l'on apercevait de loin. Ce marché, implanté dans la douleur par une population profondément touchée et dépaysée par le déguerpissement, fait ainsi partie du patrimoine de Guédiawaye’’, défend le troisième adjoint du maire de Wakhinane Nimzatt. Eu égard à ces faits ‘’historiques’’, M. Ngom ajoute : ‘’Ce marché n’a jamais été une propriété de Pikine, mais plutôt de Guédiawaye. C’est un fait historique et les anciens de Pikine, Thiaroye, Yeumbeul ou Malika peuvent en témoigner : le marché a été créé par et pour les citoyens de Guédiawaye.’’

C’est pour cela d’ailleurs, qu’actuellement, ‘’les commerçants qui l'occupent ainsi que ceux qui s'y approvisionnent sont à plus de quatre vingt pour cent (80%) d’authentiques ressortissants de Guédiawaye et de Wakhinane Nimzatt, en particulier. Ils se soignent dans les structures sanitaires de Wakhinane Nimzatt, leurs enfants fréquentent les écoles de notre commune et ils bénéficient également de tous les services de la commune de Wakhinane Nimzatt’’, poursuit M. Ngom. Aussi, ce sont ces mêmes commerçants, à l’en croire, qui refusent aujourd’hui de verser des taxes à la municipalité de Djiddah Thiaroye Kaw. ‘’Ce combat est citoyen, mais le maire de Djiddah Thiaroye Kao veut en faire un combat politique : une lutte entre l’alliance pour la République (APR) et le parti démocratique sénégalais (PDS)’’. Dans ce sens, Cheikh Dieng serait même allé ‘’jusqu’à chercher des mercenaires, au lieu de compter sur le soutien de la population témoin de l’histoire, faisant ainsi fausse route’’, dénonce M. Ngom.

‘’Nous à Wakhinane Nimzatt, tous les conseillers sans distinction de partis, y compris celui dont il se réclame, sommes partie prenante dans le combat pour la sauvegarde de notre patrimoine et la préservation de notre héritage. Par conséquent, notre combat est citoyen et non politique’’, dit-il sur un ton fier.

ALAYE DIOP, 2E ADJOINT AU MAIRE DE DJIDDAH THIAROYE KAO

‘’C’est le politique qui s’est immiscé dans cette affaire’’

Joint par EnQuête, le 2e adjoint au maire de Djiddah Thiaroye Kao, Alaye Diop, a tenu à faire cette précision : ‘’Cette affaire oppose notre commune à l’Etat du Sénégal’’. Car, dit-il, ce sont des arrêtés préfectoraux qui sont attaqués en justice. ‘’La Cour suprême ne gère pas des affaires politiques’’, ajoute-t-il pour ainsi battre en brèche l’un des arguments du 3e adjoint au maire de la commune de Wakhinane Nimzatt, Modou Mamoune Ngom. Au contraire, selon M. Diop, si on pense aujourd’hui à une bataille politique, c’est à cause de certains agissements du camp adverse. ‘’Aliou Sall, le maire de la ville de Guédiawaye et frère du Président, a fait un meeting à Guédiawaye au cours duquel il a dit aux populations que la gestion du marché restera entre les mains de la mairie de Wakhinane. Donc, c’est le politique qui s’est immiscé dans cette affaire’’, tient-il à rectifier.

Une affaire aux relents politiques qui arrange plus leurs adversaires qu’eux-mêmes, estime-t-il. ‘’Ils ont perdu le combat juridique, parce que, même s’ils ont introduit un rabat d’arrêt, cela ne peut avoir d’incidence sur la décision de la Cour suprême. Un rabat d’arrêt n’est pas suspensif. Faisant partie de l’APR, le maire Wakhinane Nimzatt pense qu’en portant ce combat sur le terrain politique, il le gagnera’’, souligne Alaye Diop. Qui est d’avis que le camp adverse ‘’se bat pour préserver des intérêts financiers’’ et non pas donc historiques, comme ils le disent. En outre, M. Diop assure qu’à Djiddah Thiaroye Kao, l’arrêté du sous-préfet de Pikine Dagoudane est respecté. ‘’Jusqu’à présent, il n’y a pas de recouvrement. Non pas parce que le sous-préfet nous l’a interdit à cause d’une quelconque illégalité, mais plutôt pour éviter tous risques de troubles à l’ordre public’’, précise-t-il.

B.BOB

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