Publié le 23 Jun 2012 - 16:03
NAISSANCE DU M23

Du coup de fil de Gadio au réflexe d'Alioune Tine

 

Le coordonnateur du mouvement du 23 juin revient dans un entretien accordé à EnQuête sur la naissance du mouvement qu'il a dirigé.

 

«Tout est parti le 16 juin au soir. J’ai d’abord eu l’appel téléphonique du Dr. Cheikh Tidiane Gadio alors que j’étais à Genève où je devais présenter notre rapport sur les 50 ans d’indépendance aux Nations-Unies. Il m’a dit : Alioune, il y a un projet de réforme de la constitution avec un ticket permettant d’élire un président et un vice- président avec 25% des suffrages exprimés. Si çà passe, la dévolution monarchique du pouvoir est entérinée».

 

 

Visite écourtée

 

C'est le déclic le patron de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho). Un appel d’un journaliste du groupe Walfadjri qui a voulu prendre sa réaction confirme les propos de Gadio. Le gouvernement d’Abdoulaye Wade venait d’adopter ledit projet de loi qui devait passer par la suite à l’hémicycle. Plus de temps à perdre. Tine écourte sa visite en Suisse et rentre à le 17. «Arrivé à Lisbonne, j’ai commencé à appeler des gens dont Mame Adama Guèye, Abdou Aziz Tall, Assane Dioma Ndiaye, Abdou Lo, Fatou Sow Sarr, Cathy Cissé Wone, Marie- Angélique Savané et d’autres», explique le futur coordonnateur du M23. Un petit comité est alors monté. Suit une conférence de presse le 18 juin à notre siège. Le lendemain, le 19, c’était le grand assaut. «Les lieux étaient pleins à craquer.»

 

Les connexions ont commencé à être établies, ajoute Alioune Tine. Les imams de Guédiawaye sont contactés, les politiciens après. «Le 20, on est allé voir les membres de Benno Siggil Sénégal chez Dansokho. Quand on leur a parlé du projet, ils ont tous accepté.»

 

Très vite, le mouvement s'élargit. «Les syndicalistes avec Mamadou Diouf, Mamadou Mbodji, Abdou Aziz Dièye, des figures religieuses comme Serigne Mansour Sy Djamil et Serigne Abdou Samath Mbacké sont venus se joindre à nous», se rappelle Tine. Les rangs grossissants, le comité qui allait devenir le M23 lance des messages forts et appelle au rassemblement le 22 juin lors de l’émission «Diiné ak diamono» sur Walf- Tv.

 

 

La machine sur les rails

 

La machine contestataire contre Wade est sur les rails. «En lançant des appels à la mobilisation, note Alioune Tine, on ne s’imaginait pas voir autant de monde. On a eu du mal à tenir tous les leaders dans la salle de Daniel Brottier. Personne ne voulait manquer le rendez-vous.» Et la tension était tellement forte que l’Assemblée générale n’a pu être tenue. Et pour cause, «le public ne voulait pas écouter les leaders et leurs grands discours. Les yen a marristes étaient là pour dire basta ! il faut agir.»

 

Dans cette salle archi-comble et surchauffée, deux questions sont posées, toutes fermées. «Voulez-vous qu’on tienne l’assemblée générale, ou qu’on manifeste ?» Un plan d’actions pensé lors de réunions publiques tenues à la Raddho et qui devait être entériné ce jour est adopté. Place aux manifestations. Le lendemain, relève Alioune Tine, on semblait être dans un autre Sénégal. «C’était un moment de remontée citoyenne inouïe. On a vu que c’était le début d’une révolution citoyenne. Le pouvoir a tellement sous-estimé les réactions du peuple qu’il s'est fait surprendre.»

 

Aujourd'hui, se réjouit le leader de la Raddho, le M23 est devenu une sorte de modèle mondiale, un «laboratoire de citoyenneté, de démocratie et de liberté», pour apporter le changement ailleurs.

 

BIGUÉ BOB

 

Section: 
MODICITÉ DE LA CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE LOCALE : Ngoundiane dans la tempête budgétaire
LOI DE FINANCES 2024 : Le régime engage la course contre la montre
GRÈVES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ ET DANS LES UNIVERSITÉS : Le régime face à un front social en ébullition
3E ALTERNANCE : La gauche invitée à accompagner le nouveau régime
JOURNÉE NATIONALE DES DAARA : Le ministre de l'Éducation nationale en tournée dans les foyers religieux
SUPPRESSION DES VILLES : Diomaye-Sonko acte-t-il la volonté de Macky Sall ?
OUSMANE SONKO AUX DÉPUTÉS DE PASTEF : ‘’Cette Assemblée nationale doit réconcilier les Sénégalais avec l’organe parlementaire’’
ASSANE DIOMA NDIAYE SUR LE MANDAT DE LA CPI CONTRE NETANYAHU ET CONSORTS : ‘’Le Sénégal, en tant que signataire du Statut de Rome, a l’obligation de respecter ses engagements internationaux’’
LEADERSHIP PARLEMENTAIRE : Les alliances cachées et les ambitions dévoilées
CRISE POLITIQUE AU MALI : Le limogeage de Choguel Maïga, symbole des fractures au sein de la junte
RÉSULTATS PROVISOIRES DES LÉGISLATIVES : La suprématie de Pastef confirmée
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES : Haro sur le pillage 
PR. ALIOU THIONGANE - CADRE PASTEF MATAM : ‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Moustapha Diakhaté convoqué
THIÈS : La coalition Pastef rafle toutes les 15 communes
ASSEMBLÉE NATIONALE : Le projet de loi de finances pour 2025 finalisé dans les prochains jours
MARCHÉS DE L’ARACHIDE : L’État cherche un consensus  
Pikine
LÉGISTATIVES 2024 : Unité égarée : L'échec des coalitions de l'opposition
LÉGISLATIVES À MÉDINA YORO FOULA ET À VELINGARA : Pastef obtient 15 081 voix, soit plus de 53 % des suffrages