Vieux Aïdara plaide son retour ‘‘d’exil forcé’’
En fuite depuis cinq ans, lorsque l’enquête préliminaire sur la traque des biens mal acquis a été déclenchée, le coprévenu de Karim interpelle les défenseurs des droits humains pour que son cas soit revu.
‘‘Qui a intérêt à ce que je ne puisse plus revenir au Sénégal ?’’ C’est par cette interrogation que Mamadou Aïdara, dit Vieux, a conclu une lettre postée sur sa page Facebook hier, demandant aux défenseurs des droits humains d’interpeller l’Etat du Sénégal sur son cas. Le coprévenu de Karim Wade, Bibo Bourgi, Aliou Samba Diassé, Mamadou Pouye, Mbaye Ndiaye, Evelyne Riout-Delattre dans l’affaire d’enrichissement illicite et de corruption, a été condamné par contumace en 2015, à 10 ans de prison et à payer une amende 138 milliards F Cfa. ‘‘Au bout de cinq longues années d’exil forcé, je sollicite publiquement les défenseurs des droits de l’Homme que sont messieurs Alioune Tine, Seydi Gassama, Me Assane Ndioma Ndiaye afin qu'ils interpellent l’État du Sénégal et plus précisément le ministre de la Justice sur ce que je suis en train de subir, depuis ma condamnation en 2015’’, écrit-il dans son post. D’autant plus que, poursuit-il, ‘‘la CREI a, dans son jugement, affirmé que je n'ai commis aucun détournement de deniers publics, mais me condamne’’, ajoute-t-il.
Coactionnaire du groupe AN Media, propriétaire de la chaîne de télé Canal Infos News, il avait fui, dès les enquêtes préliminaires de cette affaire dont le procès a débuté le 31 juillet 2014. Il avait pourtant déféré à quelques convocations à la Section de recherches. L’ancien patron de la chaîne de télé Canal Infos s’interroge sur les évolutions du dossier, depuis le 23 juin 2016, date de la libération de Karim Wade. Bibo Bourgi et Alioune Samba Diassé ont bénéficié d’une liberté provisoire, dans le sillage de l’élargissement de Karim Wade, alors que Pape Mamadou Pouye est en conditionnelle. ‘‘Le président de la République du Sénégal gracie le principal condamné, ainsi que deux autres, mais omet de faire la même chose pour les autres (...) Donc, si le principal accusé est gracié, qu’est-ce qui explique le maintien de la condamnation des ‘‘complices’’ ? Qui y a intérêt, et pour quelles raisons ?’’ continue-t-il de s’interroger, avant de charger Me Sidiki Kaba, sans le nommer. ‘‘Pourquoi l'ancien ministre de la Justice, originaire de la région de Tambacounda, avait fait croire au Président Macky Sall que n'ayant pas été détenu, je n'ai pas besoin de grâce présidentielle ?’’
Dans son verdict, rendu le lundi 23 mars 2015, le juge Henri Grégoire Diop avait reconnu Vieux Aïdara coupable de complicité d’enrichissement illicite, ‘‘d’avoir à Dakar, de 2000 à 2012, en tout cas avant prescription de l’action publique, avec connaissance, aidé ou assisté le nommé Karim Meïssa Wade, dans la préparation, la facilitation ou la consommation des faits d’enrichissement illicite qui lui sont reprochés’’. Deux autres prévenus, Mbaye Ndiaye et Evelyne Riout-Delattre, s’étaient également volatilisés. C’est d’ailleurs par correspondance épistolaire que Vieux Aïdara intervenait dans le procès. Comme celle de novembre 2014 où il s’explique sur les raisons de se fuite. ‘‘Monsieur le Président, mon départ pour la France n’est pas une fuite, mais plutôt un souci de préservation de mon intégrité physique, car ne sachant pas à quoi je m’exposais, dès lors que je refusais d’incriminer ou de charger monsieur Karim Wade’’, avançait-il parmi tant d’autres raisons qui l’ont poussé à ne pas prendre part au procès.
OUSMANE LAYE DIOP