Publié le 15 Dec 2017 - 12:04
PROCES KHALIFA SALL

La police impériale, les militants déterminés

 

Fin de l’acte 1. Hier, au tribunal, les nerfs étaient tendus. Mais, avec diplomatie, la police a maitrisé la situation. Du début à la fin.

 

Dehors, l’ambiance est particulière. Le palais de Justice, quadrillée par les éléments des forces de l’ordre mobilisés par dizaines. Des barrières installées à tous les coins de rue. Il fallait se lever très tôt, dans le froid, pour avoir accès à l’intérieur du temple de Thémis. Militants et journalistes, dès les premières heures de la matinée, font le pied de grue à la devanture. Il est 8 h passées de 30 mn. Toutes les portes qui mènent au tribunal sont bloquées. Pendant que les bérets rouges du Groupement mobile d’intervention occupent les rues, leurs homologues de la gendarmerie nationale veillent au grain sur les entrées. De même qu’à l’intérieur.

Du côté des reporters retardataires, c’est le grand désarroi. L’accès leur est formellement interdit. Soucieux de ne rien manquer de ce qui est parti pour être le procès de l’année, ils rouspètent contre l’attitude des gendarmes. Ces derniers, intraitables, leur demandent de patienter. Seuls les gens dont les procès sont programmés sont admis à accéder dans l’enceinte. Des partisans du maire de Dakar, également bloqués à la porte, prennent leur défense : ‘’Ce n’est pas normal. Vous êtes là pour informer le peuple. On ne peut vous refuser l’accès’’, compatissent-ils courroucés. Après moult conciliabules, les agents lâchent du lest. C’est un ouf de soulagement.

Cependant, cette joie n’aura duré que le temps d’une rose. Les journalistes venaient, en effet, de franchir un palier, mais le plus dur reste à venir. Dans le hall, ils sont encore confrontés à l’intransigeance des pandores. ‘’La salle est pleine’’, leur signifie-t-on. Malgré les explications et autres coups de gueule, les hommes en bleu campent sur leur position. Ils sont restés impassibles. Jusqu’à 10 h 30. ‘’Ce n’est qu’à cette heure qu’ils nous ont laissé entrer dans la salle. Le procès avait déjà commencé. Nous avons eu un retard de 30 minutes’’, regrette F. S. à sa sortie de l’audience.

Quant aux députés de l’opposition, identifiables à leur écharpe aux bandes tricolores avec étoile, ils ont eu moins de difficultés. Ils se sont mobilisés en masse pour apporter leur soutien à leur collègue ‘’injustement emprisonné’’, selon eux. L’accès leur était ouvert sans tambour, ni trompette.

Pendant ce temps, des centaines de militants restent massés à la devanture du palais de Justice. Parmi eux, des vieux et des jeunes, tous sexes confondus, venus de tous les horizons. Malgré la basse température et le vent frais qui balaie cette partie de la capitale, ils ont tenu à être présents. Personne n’a voulu se faire raconter l’évènement. Mamadou Lamine Gaye est un jeune responsable socialiste. Très en colère, il peste : ‘’Tout, dans cette procédure, montre que ce n’est pas un procès, mais une cabale. Khalifa Sall n’a rien fait. Le seul délit qu’il a commis est de s’être opposé à Macky Sall. Il est retenu en otage. On veut l’empêcher de poursuivre ses ambitions politiques. Mais c’est peine perdue. Nous allons nous battre jusqu’au bout pour sa libération.’’

Déterminés comme au premier jour, les ‘’khalifistes’’ ont, hier encore, chanté leur maire. Pour leur leader, ils disent être prêts à se battre ‘’jusqu’à  la mort’’. ‘’Rendi ma ma dè, mais douma mossa bayi (égorgez-moi si vous voulez, cela ne m’obligera pas de lâcher prise’’, chantaient de jeunes filles en marchant devant Lat-Dior. Plus le temps passe, plus les nerfs s’échauffent. Vers les coups de 11 h, la police, jusque là très pacifique et calme, décide de changer de tactique. Toujours avec la même sérénité, les policiers invitent la foule à se disperser. Avec tact, ils finissent, en un laps de temps, à éloigner une bonne partie des supporters, loin des grilles du tribunal. Mécontent, le vieux Abdoulaye Faye, 69 ans, fulmine : ‘’Mayma sama liberté djouboul (la liberté ne se quémande pas, Ndlr). Elle s’arrache, comme le disait Montesquieu.’’ Son cri de guerre n’aura toutefois aucun effet sur le déroulement des évènements. Les limiers, avec beaucoup d’habileté, maitrisent la situation. Sans coup férir. Ni jets de grenades lacrymogènes.

Ainsi, pour cet acte 1 de l’affaire Khalifa Sall, tout a été sous contrôle. Du début jusqu’à la fin.

Finalement, l’information tombe. Comme une trainée de poudre, elle fait le tour du tribunal. Le procès est renvoyé jusqu’au 3 janvier 2018. Sans surprise. ‘’Même les nouveau-nés le savaient’’, fulmine Khoudja Ndiaye, 54 ans, dénonçant un ‘’procès politique’’.  Puis, en un rien de temps, le temple se vide de son monde. Comme si de rien n’était.

MOR AMAR

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