Publié le 16 Dec 2017 - 02:22
AN DIX DE USAFRICOM

Les défis d’un nouveau partenariat

 

En prélude à ses dix années d’existence, en 2018, le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) a présenté, évalué, et prospecté, durant trois jours, les actifs et les passifs d’un partenariat militaire d’un genre nouveau.

 

‘‘La projection est faite pour que les menaces soient contenues et combattues à leur lieu d’origine et éviter une propagation qui consisterait à lutter inutilement contre les effets au lieu des causes’’. Le capitaine de corvette Anthony Falvo est sans ambages sur les missions de l’Usafricom, le dernier des six commandements du département de la Défense américaine résultant d’une réorganisation de sa structure de commandement.

Des relations avec 53 pays africains entamées il y a bientôt 10 ans, basées sur la prévention plutôt que sur le combat, contrairement aux autres commandements unifiés. Mais le siège de Kelley Barracks, à Stuttgart, intrigue toujours. Pourquoi pas une délocalisation du commandement sur le sol africain ? ‘‘Il y a 10 ans, l’Eucom, le pendant européen d’Africom, basé à Stuttgart, en Allemagne, incluait le continent africain dans son rayon d’action. C’est dans cette continuité historique que la ville allemande sert toujours de servir de base’’, fait savoir  le capitaine de corvette Anthony Falvo, pour qui l’installation du commandement en Afrique est dans l’ordre du possible. Dans la continuité de cette attache originelle, les forces opérationnelles aérienne et navale regroupent dans leur sphère l’Eucom et l’Africom et sont basées également en Allemagne et en Italie (Ramstein,  Sigonella).

Usafricom, de concert avec les autres agences, services et départements fédéraux des Usa et partenaires internationaux, s’engage dans le sillage de la politique étrangère américaine,  dans la sécurisation durable à travers des programmes, activités et opérations militaires pour promouvoir un environnement stable en Afrique. ‘‘L’intention est bien sûr de protéger les intérêts et installations américains, mais aussi d’aider nos partenaires à trouver des solutions africaines aux problèmes africains’’, lâche un officiel.

Le commandement pour l’Afrique a six lignes d’effort principales que sont la neutralisation d’Al-Shebab et la destruction des organisations extrémistes violentes, de contenir l’instabilité en Libye, l’endiguement et la destruction de Boko Haram, l’interdiction des activités illicites dans le Golfe de Guinée et le renforcement des capacités de maintien de la paix. Une coopération militaire marquée du sceau de l’assistance et de la formation pour permettre aux pays bénéficiaires de trouver des solutions domestiques à leurs défaillances sécuritaires.  Par exemple, dans la Corne de l’Afrique, l’organisation djihadiste Al Shebab résiste. De telle sorte que sa neutralisation constitue la première des six lignes d’effort de l’Usafricom. La région, qui présente un enjeu stratégique, préoccupe tellement qu’elle abrite la seule installation militaire américaine permanente en Afrique, le Camp Lemonnier, à Djibouti. Elle oblige également l’Usafricom à prendre un contrat de location de 20 ans extensible de 10 ans pour neutraliser l’ennemi. ‘‘On combine plusieurs pays et joignons plusieurs armées pour combattre le braconnage et tous les trafics qui servent à financer le terrorisme’’, déclare John Supple des forces opérationnelles interarmées dans la Corne de l’Afrique. 

3 D : défense, démocratie, développement

Les officiels de l’Usafricom n’ont cessé de le répéter : la structure n’adopte pas de loi, ne dessine pas les contours de la politique intérieure des pays hôtes et ne se substitue pas à leurs forces armées. Il se dédiera principalement à synchroniser les efforts et les activités de trois secteurs qui ont précédemment coordonné les relations militaires en Afrique. ‘‘Le principe du commandement interviendra dans la coopération sécuritaire et le renforcement de la ''capabilité''. Il ne sera pas impliqué directement dans les interventions armées. Le challenge, en Afrique, est d’aider les Etats à prendre le problème de leur défense interne et de travailler collectivement contre les menaces transnationales’’, lance un haut fonctionnaire de la Défense.

Ainsi, des schémas son dessinés pour tirer un bénéfice maximal de l’expertise américaine en matière de sécurité. A titre d’exemple, le Programme de coopération sécuritaire du Département d’Etat (Spp), ‘‘qui promeut l’interopérabilité et la disponibilité officielle des forces’’, comprend actuellement 13 partenariats actifs en Afrique. Il consiste à jumeler un Etat américain dont les spécificités en matière de défense sont connues à un pays demandeur. Le Sénégal, qui a l’Etat du Vermont comme partenaire, a déjà vu ses troupes effectuer des stages en 2008. ‘‘Nous avons beaucoup aidé et formé l’expertise sénégalaise dans le domaine du déminage dans la région de Casamance’’, explique le colonel Daniel Bilko pour qui les formations académiques et médicales, de secours en opération cherchent surtout à professionnaliser les sous-officiers.

La philosophie, derrière ce nouveau type de partenariat, est une sorte de transfert de compétences pour que les pays hôtes créent leurs propres solutions à leurs propres problèmes. ‘‘Nous ne sommes pas là en tant qu’intervenants, faiseurs de loi. Nous accompagnons un processus pour les pays qui en manifestent la volonté’’, déclare le capitaine de corvette Anthony Falvo. Le Sénégal, grâce à une armée professionnelle et républicaine ayant une longue tradition et expertise dans les opérations de maintien de la paix, est un des pays leaders de ce programme du ministère américain de la Défense. Mais les objectifs sont aussi la domestication des solutions militaires aux problèmes posés par les différentes menaces transfrontalières de tout ordre : terrorisme, piratage maritime, trafic de stupéfiants. ‘‘Nous voulons que les forces africaines développent leurs capacités pour réagir à tous types d’attaques. Déployées  à l’avant, présence en avant et prêtes à répondre’’,  soutient le lieutenant Brett Lazaroff.

Pour ne pas tomber dans les erreurs du passé, souligne un officiel du Département d’Etat américain, Africom, qui est l’un de leurs derniers bébés dans le domaine des projets, intègre pratiquement tous les services de l’Administration publique américaine, malgré son fondement éminemment militaire. La méthode 3 D (défense, démocratie, développement) est appliquée pour que les solutions durables soient portées aux problèmes. Ainsi, l’Usaid pour l’aide à la coopération, la Dea contre la drogue, le Département d’Etat, et même un service juridique, entre autres services, sont consultés et impliqués dans la formulation des solutions.  ‘‘Quand les militaires agissent comme ils le veulent, il nous sera très difficile de faire croire aux populations que nous travaillons à mieux les sécuriser’’, fait remarquer un agent du service juridique.

Menaces moins conventionnelles

Pour démontrer que beaucoup de solutions d’appoint viennent compléter l’aide militaire, l’éclatement d’Ebola dans la sous-région ouest-africaine a montré que les menaces ne sont pas exclusivement armées. Les problèmes de type épidémiologique à caractère transnational ont un aspect préoccupant. L’assistance dans ce domaine se traduit, pour le Sénégal, par un accompagnement technique contre des menaces un peu moins conventionnelles, des accidents délibérés ou accidentels Cbrn (chimique, biologique, radioactive et nucléaire) selon des experts du département de l’Intérieur américain spécialisés dans la lutte contre les stupéfiants.

Après le laboratoire d’analyse de drogue offert en début décembre à la police sénégalaise, un officiel spécialisé dans la lutte contre les nouvelles formes de trafic de drogue a annoncé que le pays pourrait bénéficier des équipements radars pour mieux surveiller les côtes sénégalaises.

Le Sénégal choyé

L’interopérabilité des forces armées sénégalaises et américaines n’en sera que plus fluide. Après avoir déjà accueilli deux manœuvres militaires ‘‘Flintlock’’, le Sénégal est également invité à accueillir l’édition 2019 de l’opération ‘‘United Accord’’. Sans compter une formation de deux mois qui sera prodiguée par l’Us Army à l’infanterie, l’an prochain. L’objectif étant de perfectionner la disponibilité opérationnelle des forces sénégalaises, mais également de parfaire leur expertise en tant que l’un des plus grands contributeurs de troupes onusiennes. ‘‘Les Etats-Unis sont prêts à se protéger et se dédient à la protection de leurs partenaires’’, fait savoir le capitaine James Sheehan.

Un autre officiel du département de l’Intérieur américain a révélé qu’un travail est accompli avec la marine sénégalaise pour l’aider à disposer de radars pour une supervision plus globale et efficace de ses eaux territoriales et de ses côtes. ‘‘L’objectif est d’assurer une meilleure prise en charge de la couverture de leur zone, mais également le partage des informations avec leurs voisins’’, a-t-il déclaré.

OUSMANE LAYE DIOP (STUTTGART)

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