Publié le 2 Jan 2018 - 19:25
3 QUESTIONS A SALIOU SAMBOU (ANCIEN GOUVERNEUR DE DAKAR)

‘’Le président est bien parti, il faut  l’aider’’

 

Que pensez-vous de l’appel lancé par le président de la République pour une paix définitive en Casamance ?

Je n’y pense que du bien. Parce que tout simplement, lorsque le président est arrivé au pouvoir, il a donné le signal en disant que même si les membres du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) veulent aller négocier aux Etats-Unis ou aller au niveau de Mars, il est prêt. Ce qui veut dire qu’il a déjà effacé beaucoup de tabous. En disant cela, il a libéré tout le monde. Parce que depuis 1982, année de l’existence du conflit jusqu’à présent, il y a un peu partout des tabous. Or, tant qu’on ne discute pas, on ne pourra pas trouver de solutions. Si chacun campe sur sa position en disant que c’est lui qui a raison, comment il peut y avoir la paix ? Le président est bien parti, il nous faut l’aider.

Car, on a comme l’impression que l’opposition souhaiterait que le régime s’enfonce. Quand il y a un problème comme celui-ci, d’envergure nationale, il faut une unité sacrée de la nation. Quelle que soit la divergence des opinions, il faut que les gens essaient de se mettre d’accord pour régler le problème. Après, on passera à autre chose. Je pense que, quelque part, c’est une maladresse des Casamançais, en demandant l’indépendance parce qu’en réalité, ils réclamaient leur ‘’sénégalité’’. Ils voulaient être compris comme des Sénégalais. Ils ne voulaient pas être traités comme des Sénégalais entièrement à part, ils veulent qu’on les considère comme des Sénégalais à part entière. Voilà le problème. Nous devons encourager Macky Sall, c’est lui qui a eu une position très claire dans ce conflit de la Casamance et nous, nous avons commencé le Festival des origines à Fatick. Je pense qu’en lisant un peu les signes mystiques de la cosmogonie des Diolas et des Sérères, nous pensons que la paix doit partir de Fatick. J’en suis convaincu. Le président est sur la bonne voie.

Est-ce que, aujourd’hui, les conditions d’une paix définitive sont réunies ?

Bien sûr. Les combattants du Mfdc en ont marre de rester dans cette position. Il faudrait qu’on les aide à se reconvertir. Vous savez, le Casamançais, et particulièrement le Diola, est trop fier. Même s’il a tort, il ne le dira pas. Mais tendez-lui la perche, il viendra. Actuellement, il y a une accalmie, ce qui veut dire que les dispositions sont prises avec les facilitateurs pour régler les problèmes. Il faut nécessairement que quelqu’un prenne l’initiative de relancer le processus, et le président l’a fait. J’espère que d’ici quelque temps, on aura une réponse positive de la part du Mfdc.

Qu’est-ce que vous pensez de la gestion du conflit depuis l’accession de Macky Sall au pouvoir ?

C’est maintenant qu’on peut parler librement du conflit. Avant, les Casamançais avaient peur et les autres considéraient tous les Casamançais comme des rebelles. Ce qui est faux. La rébellion n’a pas été pensée, réfléchie et discutée entre Casamançais. C’est des gens qui se sont levés et ont pris les armes. Les armes, c’est la destruction. Je pense que toute la Casamance aspire à la paix, de même que tout le pays. Donnons cette chance à cette paix, le moment est venu. Je me souviens, un certain journaliste avait dit, quand son bureau a été saccagé, que c’était l’œuvre des Diolas, qu’ils sont toujours comme ça. Qu’ils soient ministres, soldats, etc., ils sont toujours des rebelles. C’est vraiment excessif. Il faut que les gens évitent de se radicaliser et d’aller aussi loin, parce qu’une ethnie, ce n’est pas un individu, c’est un ensemble d’individus. Les gens ne sont pas moulés de la même manière. Chacun de nous a sa personnalité propre, qu’il soit diola, mandingue, wolof ou sérère. Le président Macky Sall a eu cette main heureuse de briser le tabou et de faire en sorte que tout le monde ait foi en la paix. Il faut que la confiance règne entre tous les Sénégalais.

VIVIANE DIATTA

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