Publié le 18 Jun 2018 - 23:32
IDRISSA SECK, PRESIDENT DU PARTI REWMI

 ‘’J’accepte de dialoguer avec Macky Sall, si…’’

 

Le président du parti Rewmi, Idrissa Seck, n’exclut pas de s’asseoir autour d’une table et de discuter des problèmes du pays. Pour parvenir à cette entrevue, il a décidé de fixer des conditions au chef de l’État.

 

Idrissa Seck qui, au cours de son dernier point de presse organisé au Cyber campus de Thiès, a réaffirmé son appartenance à la communauté mouride, n’a pas hésité, vendredi dernier, à se rendre à la grande mosquée des tidianes sise à Moussanté, pour effectuer la prière de la fête de Korité. Un rituel qu’il a tenu à respecter. D’ailleurs, au terme de la prière, il a abordé des sujets sur lesquels on ne l’attendait pas.

Notamment le dialogue avec le chef de l’Etat qu’il n’exclut pas de rencontrer, à des conditions qu’il a édictées.

‘’Une grande personnalité, très proche du chef de l’État, est passée me voir pour, dit-elle, arrondir les angles, en précisant qu’elle n’est pas l’envoyée du président (Macky Sall). Mais c’est à son initiative personnelle. Après l’avoir félicitée, je lui ai demandé de transmettre au président de la République le message que voilà : Je n’ai rien contre le président. Je lui ai dit que je ne dialoguais plus avec lui, puisque sa parole est instable et on ne peut pas s’appuyer sur une parole instable. Il s’est renié à plusieurs occasions. Et je ne peux pas dialoguer en étant conscient que la personne avec qui je dialogue, si nous aboutissons à un accord, est susceptible de ne pas respecter ses engagements. Je lui refais les propositions que je lui avais faites, c’est-à-dire qu’il pacifie ses rapports avec tout le monde et surtout ses rapports avec le président Wade’’, a déclaré Idrissa Seck.

Poursuivant son plaidoyer en faveur de l’ancien chef de l’État, le président du Conseil départemental de Thiès soutient qu’Abdoulaye Wade doit avoir un meilleur traitement de la part de Macky Sall. Cela, dit-il, passe d’abord par la résolution du cas Karim Wade. ‘’Abdoulaye Wade a la particularité d’avoir beaucoup de fils d’emprunt. Mais de n’avoir qu’un seul fils biologique connu en tout cas et qui s’appelle Karim Wade. On ne pourra jamais le soulager sans résoudre le problème de Karim Wade’’, a indiqué Idy. Qui demande que l’ancien médiateur de la République sous Wade, Serigne Diop, et l’actuel Alioune Badara Cissé (un ancien libéral) soient impliqués, en allant rencontrer le chef de l’État pour résoudre définitivement le problème Karim Wade.

‘’Ils vont voir l’État et son chef pour dire : la justice a tranché. C’est un jugement définitif et que le contentieux est évalué à x milliards. L’État peut faire une remise partielle ou totale. (…) Par rapport au solde, j’invite tous les Sénégalais, tous les Africains, tous les amis du Sénégal dans le monde à nous aider à solder le reste. Cela soulagerait Abdoulaye Wade et il reprendrait sa fonction naturelle d’ancien chef d’État du Sénégal pouvant conseiller son fils Macky Sall, l’Afrique, la Cedeao, l’Onu, etc., sur les problèmes africains, et Dieu sait qu’il y en a. C’est la première proposition. J’inviterais tous les Sénégalais, de toute obédience et ethnie confondues, nos amis et cousins d’origine libanaise, française et américaine à contribuer.’’

Idrissa Seck d’ajouter que tout le monde doit participer, puisque ça va concourir à la pacification du climat politique au Sénégal et renforcer les chances de stabilité.

Khalifa Sall, l’autre condition

Outre le cas des Wade, Idrissa Seck a également invité le président Sall à travailler davantage à la résolution du dossier Khalifa Sall, sans laquelle aussi il ne pourra pas dialoguer avec son successeur à la primature. Dans cette affaire dite de la caisse d’avance, Idrissa Seck pense que, s’il y a eu bel et bien association de malfaiteurs, Macky Sall doit en faire partie. ‘’Les nouvelles règles instituant la gestion des caisses d’avance sur la base desquelles il a été poursuivi ont été élaborées par moi, mon gouvernement avec le ministre des Finances Abdoulaye Diop. C’est lui qui était chargé d’appliquer les nouvelles règles. Il ne les a pas appliquées, ni fait appliquer pendant qu’il était Premier ministre et président de la République. Il se réveille un bon matin, en 2017, et puisque Khalifa Sall est un homme politique menaçant, le maire de la capitale, il se dit : celui-ci va prendre ma place, je vais l’éliminer. Il sort des tiroirs les nouvelles règles qu’il n’a pas appliquées depuis 2004 pour le poursuivre. C’est facile et c’est malhonnête’’, considère Idrissa Seck.

L’ancien Pm de poursuivre : ‘’Il a violé les nouvelles règles contenues dans un décret dont il est signataire, puisqu’il était mon intérimaire. Qu’il règle ces deux dossiers, s’il veut dialoguer avec moi. Il faut que Macky Sall ait un sursaut de sagesse. Qu’il règle son relationnel avec le pays : c’est le traitement de Wade et du dossier Khalifa Sall. Je n’ai aucune envie de me réconcilier ou de dialoguer avec quelqu’un qui est en si mauvaise posture. Mais comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, s’il le fait, ça marchera’’, poursuit le président du parti Rewmi.

Avant de clore son speech, il s’est amusé à proposer une nouvelle coalition dénommée Benn Bokk Senegaal à la place de celle présidentielle Benno Bokk Yaakaar.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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