Publié le 8 Jul 2012 - 17:50
PARTI DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAIS

La défaite en chantant

 

Passer de 131 députés à...12 ! Cela s'appelle bonne performance dans le vocabulaire des dirigeants du PDS ! Une descente aux enfers qui risque de se poursuivre si le noyau sain interne laisse faire des caciques qui se satisfont désormais du statut de premier parti d'opposition. Les résultats quasi définitifs des élections législatives du 1er juillet ont donc consacré l'imposante domination de la coalition présidentielle dénommée Benno Bokk Yaakaar qui, en principe, devrait pouvoir gouverner sans grande difficulté pendant le quinquennat de Macky Sall. En principe seulement car, et comme dans toute majorité politique, les facteurs de rupture à la faveur d'une résurgence des contradictions essentielles existent entre les alliés du 25 mars 2012. Mais cela, c'est une autre histoire.

 

Dans les scrutins de ce 1er juillet, l'une des inconnues résidait dans la capacité de résistance et de survie du Parti démocratique sénégalais après la déculottée présidentielle infligée à Abdoulaye Wade. Et là, on se surprend à constater que pour une bonne frange de responsables libéraux très «ouverts» sur la presse, la mission impossible qui consistait à redorer le blason du Sopi wadien serait un...succès. Le PDS aurait réussi une excellente performance en obtenant... 9 députés sur la proportionnelle et 3 autres issus du majoritaire. Douze parlementaires pour une ex-majorité qui a pu tout se permettre avec... 131 députés dans la législature précédente... Difficile de faire pire même si le pire aurait été d'obtenir 1 ou 2 élus. En vérité, c'est la sanction populaire contre l'ancien régime que les Sénégalais ont tenu à parachever d'une certaine manière.

 

«Mettre le PDS en sécurité»

Le discours de la «bonne performance» auquel les chefs libéraux adjoignent un complot imaginaire visant à affaiblir le parti au travers de la dissidence de Pape Diop et de ses amis ressemble fort à une tentative désespérée de contourner, encore une fois, l'impérieuse nécessité de procéder à la critique de la débâcle du chef et de son système. Après le 25 mars, Wade n'a rien voulu savoir ou entendre sur la responsabilité écrasante qui a été la sienne dans cette berezina que même le PS essoufflé d'Abdou Diouf n'avait pas subi. Au contraire, sa réponse unique a été de «mettre le parti en sécurité» en le verrouillant contre les refondateurs de l'intérieur qui réclamaient un audit politique de sa gestion tout en sachant qu'eux aussi en ont été des complices actifs.

 

A partir du noyau dur d'historiques qui ambitionnent de ramasser le PDS, les données de l'équation sont claires : passer le cap du mauvais temps politique et susciter un projet hypothétique à partir du désastre électoral ambiant. Avec en bandoulière le titre de «premier parti d'opposition du Sénégal.» Grande ambition ! Tellement grande d'ailleurs que les caciques les plus influents, bousculant les seconds couteaux, sont allés se réfugier sur la liste nationale autant pour des considérations de carrière que pour se donner une soupape de sécurité liée au dossier des investigations contre l'enrichissement illicite et les crimes économiques survenus sous l'ère Wade. Le traumatisme de la défaite est si profond que comparaison a été établie avec le Parti socialiste post 19 mars 2000. Tout un état d'esprit !

 

Les refondateurs sont en situation

Avec la recomposition qui est déjà en marche, un certain PDS pourrait survivre si les refondateurs de l'ombre pas trop éclaboussés par la «scandalogie» bon enfant qui a eu cours pendant douze ans se décident à peser dans les débats internes qui ne vont pas manquer après les législatives. Mais peser, ce n'est pas entrer dans l'agenda de Wade et de ses courtisans, tous laminés le 1er juillet. Ce serait peut-être de faire en sorte que les causes fondamentales du discrédit qui frappe le PDS soient identifiées, analysées et inscrites dans un cadre correctif réaliste qui tienne compte du niveau de rejet dont Wade, sa famille et son système mafieux sont l'objet dans ce pays. Après cela, il ne serait pas superflu de demander pardon aux Sénégalais...

 

MOMAR DIENG

 

 

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