La fatalité des inondations
Les populations de Guinaw rail, Nietty Mbaar, Wakhinane nimzath, Médina Gounass, Diacksao et Bagdad vivent au quotidien les inondations. Confrontées depuis plus de 5 ans à ce fléau, ces localités n'ont jusque-là aucune lueur de solution durable. L'hivernage venu aggraver la situation déjà alarmante, elles n'ont qu'une seule alternative, le pompage qui, en soi, reste une solution provisoire. Si les quelques gouttes d'eaux enregistrées ce week-end constituent une aubaine pour les cultivateurs, elles n'en sont moins une source de malheur chez les habitants des zones inondées de la banlieue dakaroise. Ceux-ci ont reçu samedi la visite du Premier ministre Abdoul Mbaye, venu s'enquérir de leur situation. Au total, quatorze sites ont été visités. Mais partout le constat reste le même. De Dalifort à Bagdad, en passant par Guinaw rail, Médina Gounass, Wakhinane Nimzath, Mousdalifa, Baye Laye, les eaux de pluie stagnantes occupent rues, ruelles et maisons tout en dégageant une odeur nauséabonde.
Dans ces localités, les populations vivotent du fait des multiples difficultés ausquelles elles sont quotidiennement confrontées. Des difficultés de la vie qui se lisent jusque sur les visages des uns et des autres. ‘’Nous manquons de tout. C'est comme si nous ne faisons pas partie du pays’’, assène Ibrahim Ndiongue, jeune étudiant habitant presque sur les berges du bassin de rétention de Wakhinane Nimzath. Ce bassin qui a coûté plus d'un milliard de francs Cfa, hante le sommeil des riverains et constitue un véritable danger pour les enfants. Non entouré et non éclairé, il constitue aujourd'hui un dépotoir de toutes sortes d'ordures, y compris même des fœtus et des corps sans vie victimes souvent d'agression mortelle. ‘’Il y a beaucoup de femmes qui jettent ici de nouveaux nés. À maintes reprises, on en a découvert ici’’, se lamente une femme qui visiblement voulait faire parvenir ce cri du cœur au Premier ministre Abdoul Mbaye. Mais en vain car son message ne sera pas entendu par le chef du gouvernement, entouré de ses gardes du corps et quelques-uns de ses ministres. Pis, elle argue dans la foulée que les alentours de ce bassin constituent la plaie de la localité. A l’en croire, ces alentours sont devenus le lieu de prédilection d'individus mal intentionnés qui agressent les riverains et violent les jeunes filles.
La même situation d'insalubrité et d'insécurité prévaut presque partout où ces bassins de rétention sont construits par l'ancien régime. Médina Gounass, Nietty Mbaar, Mousdalifa et Bagdad n'échappent pas à la règle. Leurs bassins de rétention constituent leur plaie. Outre les désagréments liés à l'insalubrité et à l'insécurité qu'ils leur causent, ils sont devenus un véritable foyer favorable au développement et à la prolifération des moustiques. Ce qui leur pose visiblement un véritable problème de santé publique. Puisque le paludisme fait ravage dans ces contrées. Il faut rappeler qu’un rapport de la Banque mondiale en 2010 avait relevé que les inondations au Sénégal ont occasionné le déplacement de 360 000 personnes, souvent parmi les plus pauvres, et causé des dommages importants aux habitations, aux infrastructures urbaines, aux centres de santé et aux écoles. Ces dommages avaient été estimés en 2009 à plus de 100 millions de dollars, soit 45 milliards de francs Cfa. En mai dernier, le premier ministre Abdoul Mbaye annonçait en Conseil des ministres qu’entre 2007 et 2012, l’Etat du Sénégal avait investi la bagatelle de 72 milliards de francs Cfa dans la lutte contre les inondations.
ASSANE MBAYE