Publié le 25 Jul 2012 - 12:26
MALI

La coalition anti-putsch veut la tête de Cheick Modibo Diarra

 

Dans un long communiqué, daté du mardi 24 juillet, la principale coalition de l'opposition malienne décrit tous les reproches qu'elle fait au Premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra. Elle réclame sa démission afin d'accélérer la formation d'un véritable gouvernement d'union nationale.

 

Elle travaillait en sourdine contre lui depuis plusieurs semaines. La plus grande coalition de partis politique anti-putsch du Mali a fait son « coming out », le 24 juillet, en réclamant ouvertement la démission du Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra, et de son gouvernement dont elle dénonce l'inefficacité et le manque de professionnalisme.

 

Le communiqué du Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR) est sans ambiguïté : « Force est de constater que, trois mois après sa formation, le gouvernement de transition dirigé par Cheick Modibo Diarra ne fait que s'enliser dans l'incompétence et l'amateurisme et le Mali continue de s'enfoncer » dans la crise. En conséquence, le FDR invite les membres du gouvernement « à démissionner en vue de faciliter les consultations pour la mise en place d'un nouveau Premier ministre et d'un gouvernement d'« union nationale », tel qu'il devrait résulter d'un accord avec la junte, datant déjà du 6 avril.

 

Double pression sur le gouvernement

 

Le FDR regroupe 40 partis politiques, dont les plus importants du Mali, et une centaine d'organisations de la société civile. Cette coalition exerce une pression supplémentaire sur Modibo Diarra, déjà critiqué à l'international pour n'avoir pas su s'affranchir suffisamment des militaires qui ont participé au coup d'État du 22 mars contre Amadou Toumani Touré (ATT), au premier rang desquels le capitaine Amadou Saya Sanogo.

 

Outre sa position éminente à laquelle il ne veut d'évidence pas renoncer, ce dernier voit d'un mauvais œil la résurgence des anciennes formations politiques jugées trop compromises avec le « système ATT ». Il n'a par ailleurs pas de réel pouvoir à proprement parler sur les quelques dizaines de sous-officiers qui composent la junte malienne.

 

La seconde pression exercée sur le gouvernement de transition vient de l'extérieur, de la Cedeao elle-même, qui souhaite notamment avec beaucoup de force qu'un gouvernement d'union nationale soit mis sur pied avant le 31 juillet. Le 16 juillet dernier, Diarra a d'ailleurs promis un « cadre consultatif comprenant toutes les forces vives » pour former ce nouvel exécutif, avant d'aller présenter au médiateur burkinabè, Blaise Compaoré, sa feuille de route.

 

Or le FDR estime que cette feuille de route est « plutôt un plan d'actions sans aucune vision politique et stratégique, et sans chronogramme ni délai précis, manifestement concocté sous la pression des événements et dans lequel les priorités brûlantes de la Nation ne sont guère mises en évidence ». Le principal grief du FDR est celui qui est le plus généralement fait à la junte, c'est à dire de n'avoir « aucune stratégie pour libérer, par la guerre ou par la négociation », le nord du Mali, « les deux-tiers occupés de notre pays ».

 

L'intervention internationale en question

 

Selon le FDR, « le Premier ministre est réticent à demander le concours de la communauté internationale pour sortir le pays de cette tragique situation ». Des audits sont en cours au sein de l'armée malienne pour que le gouvernement puisse établir un plan précis sur lequel puisse se baser l'aide internationale.

 

La Cedeao s'est dit prête à envoyer une force de quelque 3 000 hommes au Mali, le Tchad a dit qu'il était prêt à apporter son concours à certaines conditions, mais l'on attend toujours une demande formelle des autorités de transition de Bamako. Un préalable indispensable au vote d'un mandat de l'ONU à l'organisation ouest-africaine. Mais les putschistes, qui font encore la loi à Bamako, souhaitent qu'on les aide directement à reconquérir le Nord. Une intervention extérieure ne ferait en effet que souligner leur incapacité à remplir le seul objectif qui légitimait leur coup d'État, et réduirait d'autant leur influence et leur popularité.

 

Manque de sécurité

 

La liste des reproches du FDR à Modibo Diarra ne s'arrête pas là. Selon la coalition, « le gouvernement a été incapable d'assurer la protection du président de la République sauvagement attaqué le 21 mai dans ses bureaux » à Bamako et « se montre incapable de conduire une enquête sérieuse sur cette odieuse agression ». Sans compter l'impunité dans laquelle des militaires commettent de nombreuses exactions.

 

« De graves violations des droits de l'homme, arrestations arbitraires, détentions illégales, tortures abominables (...), allégations d'exécutions sommaires ne font l'objet de la moindre attention du gouvernement ou d'enquêtes indépendantes dans le simple respect de la loi », note le FDR.

 

Enfin, selon le FDR, aucune action n'a été engagée pour « les préparatifs » nécessaires à des élections générales, théoriquement prévues en avril 2013, soit un an après la période de transition. « Au regard d'un bilan aussi négatif (...) le FDR émet de sérieux doutes quant à la capacité de ce Premier ministre et de ce gouvernement à conduire la transition », conclut le communiqué.

 

JeuneAfrique

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