Publié le 22 Jan 2020 - 00:56
LIBYE

‘’l'Algérie veut jouer un rôle de médiateur "

 

L'Algérie est inquiète du chaos qui règne chez son voisin libyen divisé désormais entre le Gouvernement d'union nationale libyen (GNA) de Fayez el-Sarraj basé à Tripoli et les forces du général Khalifa Haftar. Alger entend peser diplomatiquement dans la résolution du conflit. Analyse avec le chercheur Jalel Harchaoui.

 

La conférence internationale de Berlin est un échec. Les douze pays présents n’ont pas réussi à convaincre le général Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, et Fayez el-Sarraj, Premier ministre du Gouvernement d’union nationale, de se rencontrer. Les participants au sommet se sont engagés à stopper toute ingérence dans le conflit et à respecter l’embargo sur les armes imposées par l’ONU. Cette promesse est insuffisante pour Alger.

Le nouveau président algérien Abdelamadjid Tebboune a proposé d'accueillir un "dialogue" entre toutes les parties libyennes. Pour la première fois, depuis 7 ans, l'Algérie a un président qui parle et qui marche. La diplomatie algérienne est à nouveau et enfin incarnée. Les autorités algériennes ont très bien analysé le nouveau paysage diplomatique. Il existe aujourd’hui deux espaces diplomatiques. Le premier s’organise autour de la Turquie et de la Russie. Cette espace diplomatique a réussi à mettre en place un cessez-le-feu et une trêve assez fragile qui pour l’instant dure, même si au sommet de Moscou, le maréchal Haftar n’a pas entériné et n’a pas signé formellement le cessez – le-feu.

Fayez Al Sarraj, accompagné de ses ministres des Affaires étrangères et de l’intérieur, puis le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavuşoğlu, s’étaient rendu à Alger le 7 janvier dernier. Fayez Al Sarraj, accompagné de ses ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur, puis le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavuşoğlu, s'étaient rendu à Alger le 7 janvier dernier. Un autre espace diplomatique existe. C’est celui des Occidentaux, fortement divisés.

En arrivant à Berlin, Tebboune espérait que la communauté internationale « recueille les fruits des efforts entrepris par Alger sur la question libyenne » (le président algérien avait déjà acceuilli Fayez El-Sarraj, chef du Gouvernement d'union national de Tripoli et le ministre des Affaires étrangères turc avant le sommet, ndlr). Alger espérait jouer un rôle à Berlin mais n’a finalement pas pesé. Berlin et Paris n’étaient pas capables de s’entendre. Berlin plaidait pour un accord de cessez-le-feu signé rapidement par les deux parties. Paris soutient le maréchal Haftar et veut que ses forces puissent définitivement pousser leur avantage, envahir Tripoli et unifier le pays. Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain, n’a rien fait. C’est un échec complet et Alger, invité à cette conférence, n’a pas réellement pu agir.

La Conférence international de Berlin est donc un échec, à la grande satisfaction d'Ankara et Moscou, le camp des non-Occidentaux. Alger espère désormais jouer un rôle en se rapprochant des efforts de médiation d'Ankara et de Moscou. L’Algérie est proche de la Russie, notamment en ce qui concerne les ventes d’armes. L’armée algérienne s'équipe en matériel russe. Alger parle sans problème également avec la Turquie et compte sur des investissements turcs. L'Algérie veut jouer un rôle de médiateur dans cet espace diplomatique non-occidental qui entend résoudre le conflit en Libye. Abdelmadjid Tebboune propose d'organiser une rencontre entre "frères libyens". Cette rencontre est sans-doute possible avec le soutien d'Ankara et de Moscou. Mais Alger n'est pas non plus une puissance majeure.

TV5Monde

 

 

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