Publié le 3 Aug 2012 - 18:36
ASSEMBLEE NATIONALE

Ces grands absents de la 12e législature

 

Installée lundi dernier, la douzième législature légiférera avec peu de députés rescapés, beaucoup de novices et une poignée de revenants. Mais également sans quelques grandes figures qui ont marqué positivement ou négativement la onzième législature.

 

La douzième législature est sur la forme, un melting-pot essentiellement composé de rescapés, de grands novices et de grands revenants parmi lesquels le socialiste Doudou Issa Niasse, l'actuel coordonnateur du Parti démocratique sénégalais (PDS), Oumar Sarr, ou encore Djibo Leyti Kâ de l'Union pour le renouveau démocratique (URD). Mais, elle devra légiférer sans de grandes figures qui ont pourtant marqué la onzième législature, soit par la pertinence de leur travail parlementaire, soit par leur caractère belliqueux ou encore par leur proposition ou leur opposition à certaines lois dites scélérates.

 

Dans ce dernier lot, figure le député libéral de Nioro, El Hadji Wacky Ly qui s'était opposé à ses camarades libéraux lors du vote des lois sur le blanchiment de capitaux (Ndrl : modification de l'article 29 de la loi sur le blanchiment de capitaux qui donnait au procureur de la République le pouvoir d'apprécier un rapport de la CENTIF avant de le transmettre au juge d'instruction), la loi Sada Ndiaye (qui a ramené le mandat du président de l'institution de 5 à 1 an) ou encore la plus célèbre de toutes : la loi sur le ticket présidentiel.

 

Wack Ly, El Hadji Malick Guèye, Me Babou, les opposants dans le PDS

 

Wack Ly était l'un des rares députés libéraux qui osait dire non au tout puissant Abdoulaye Wade. ''Je ne suis pas élu député pour protéger le fils du président. Il n'a qu'à assumer ses actes s'il a mal géré'', avait répondu le député de Nioro à ses camarades libéraux qui lui avaient demandé de voter la loi sur le ticket présidentiel pour protéger Karim Wade d'une vindicte populaire, à cause de sa mauvaise gestion d'abord au sein de l'ANOCI, ensuite au niveau de l'énergie, des infrastructures et des transports aériens.

 

Dans ce panthéon de ''rebelles'' au sein du groupe parlementaire libéral d'alors sous la houlette de Doudou Wade, il faut également citer le député de Latmingué. El Hadji Malick Guèye qui s'était opposé avec bec et ongles à l'exclusion de Macky Sall du perchoir, avait fini par attirer sur lui les foudres de ses collègues libéraux au même titre que son homologue Abdoulaye Babou. Président de la Commission des Lois d'alors, Me Babou avait refusé de voter la loi sur le blanchiment de capitaux. ''Si cette loi était passée, aujourd'hui il n'y aurait pas eu d'audits'', se plaît-il à dire après la chute de Wade.

 

L'écologie perd sa voix

 

Pour sa part, Iba Der Thiam, en collaboration avec Me El Hadji Diouf, avait initié une Commission d'enquête parlementaire visant la réglementation et la réduction du loyer au Sénégal. Les conclusions de cette commission dorment d'ailleurs jusqu'ici dans les tiroirs de l'hémicycle en espérant que la nouvelle législature s'en saisira pour le bonheur des Sénégalais dont 30 à 40% des revenus sont absorbés par le loyer. Ardent défenseur de l'écologie, Ousmane Sow Huchard, lui, avait surtout orienté son combat dans la lutte pour le respect du Code de l'environnement et du respect global de l'écosystème.

 

À côté de ces députés ''récalcitrants'' au sein de l'hémicycle et même au sein du groupe parlementaire libéral, il y a ceux qui semblaient toujours privilégier l'intérêt du parti sur l'intérêt du peuple souverain. Tellement leurs propositions de loi visaient toujours à satisfaire des intérêts partisans. L'on se souvient encore de l'amendement Moussa Sy qui dissolvait toutes les collectivités locales issues des élections de 1996 et instituait, de facto, des délégations spéciales jusqu’aux locales de mai 2002. Mais dans la dernière législature, le maire des Parcelles assainies s'est ''rattrapé'' en s'opposant à nombre de lois comme celle sur le ticket présidentiel. Il a également été contre la position de son parti de refuser le bulletin unique, lors de la réforme du Code électoral.

 

Fatou Aïdara, Gnagna Touré et Ndèye Bakhaw Diongue pour les insultes

 

Il en est de même d'Aminata Tall, actuelle Secrétaire générale de la Présidence de la République qui, en 2008, avait fait une proposition de loi visant, non pas comme Moussa Sy à dissoudre les collectivités locales, mais à prolonger les mandats de celles-ci. Une autre loi plus ou moins scélérate, c'est celle dite Sada Ndiaye. Pour éjecter Macky Sall du perchoir à la suite de sa guéguerre contre Abdoulaye Wade, le député Sada Ndiaye avait initié une loi ramenant le mandat du président de l'Assemblée nationale de 5 à 1 an. Obligeant ainsi l'actuel président d'écourter son mandat avant de claquer la porte du PDS pour former sa propre formation politique.

Ces dérives parlementaires combinées avec le comportement arrogant de certains députés libéraux tels que Fatou Younouss Aïdara, Gnagna Touré ou Ndèye Bakhaw Diongue, ont fini par transformer l'hémicycle en une chambre d'insultes et d'invectives.

 

ASSANE MBAYE

 

 

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