Publié le 11 Sep 2020 - 17:18
PANDEMIE COVID-19 ET INEGALITES SOCIALES

Le pape réclame une double réponse à la crise 

 

Le pape François a poursuivi, hier, son cycle de catéchèses sur la manière dont les chrétiens sont appelés à réagir à la pandémie. De l’avis du pontife, il serait triste si, avec le vaccin pour la Covid-19, on donnait la priorité aux plus riches.

 

Alors qu’une course au vaccin est en cours, le pape a fait un appel aux décideurs de la planète. Espérant la découverte d’un traitement contre la Covid-19, il souhaite aussi celle d’un traitement au ‘’grand virus’’ qu’est l’injustice sociale, pour construire une économie où les personnes, et surtout les pauvres, sont au centre.

‘’Si le virus ne fait pas d’exception entre les personnes, il a trouvé, sur son chemin dévastateur, de grandes inégalités et discriminations. Il les a accrues’’, a d’emblée regretté le pape, qui est revenu hier matin sur la situation particulière des pauvres, en ces temps de pandémie.

Sur ce, le Saint-Père propose donc une double réponse à la crise sanitaire actuelle et juge ‘’indispensable’’ de trouver un traitement au virus ‘’petit’’, mais terrible, qui met à genoux le monde entier. Il estime également nécessaire de soigner un grand, celui de l’injustice sociale, de l’inégalité d’opportunités, de la marginalisation et du manque de protection des plus faibles.

Au moment où les conséquences sociales de la pandémie sont une préoccupation pour tous, le Saint-Père estime qu’un retour à la normalité ne devrait pas inclure les injustices sociales et la dégradation de l’environnement. ‘’La pandémie est une crise, et d'une crise, on sort ou meilleurs ou pires’’, prévient François. Il estime que cette période est propice à la construction de quelque chose de différent. Par exemple, développer une économie de développement intégral des pauvres et non d’assistanat. Le souverain pontife précise qu'il ne condamne nullement ici l'aide apportée par des structures et des volontaires. Mais il plaide pour la création de postes de travail dignes qui ne soient pas dissociés de l’économie réelle et sans nuisance pour la maison commune. Il souhaite que l’option préférentielle pour les pauvres, ‘’cette exigence éthique et sociale qui provient de l’amour de Dieu, donne l’élan de penser et de concevoir une économie où les personnes, et surtout les pauvres, sont au centre’’.

Le Saint-Père appelle à privilégier ceux qui en ont le plus besoin. ‘’Qu’il serait triste si, avec le vaccin pour la Covid-19, on donnait la priorité aux plus riches. Quel scandale cela serait. Si toute l’assistance économique que nous observons dont la majorité est issue de l’argent public, était concentrée à sauver les industries qui ne contribuent pas à l’inclusion des exclus, à la promotion des derniers, au bien commun ou à la sauvegarde de la création’’, s’exclame-t-il.

La pandémie, l’occasion de construire une économie nouvelle

Le pape François propose d’agir pour guérir les épidémies provoquées par de petits virus invisibles. Mais également pour guérir celles provoquées par les grandes et invisibles injustices sociales. ‘’Que cela soit fait à partir de l’amour de Dieu. En plaçant les périphéries au centre et les derniers à la première place. À partir de cet amour ancré à l’espérance et fondé dans la foi, un monde plus sain sera possible’’, ajoute-t-il.

Pour l’Église, soutient le souverain pontife, un choix ne peut manquer, celui de l’option préférentielle pour les pauvres. Il ne s'agit pas d'un choix politique, ni idéologique, précise le pape. ‘’Le Christ lui-même, qui est Dieu, s’est dépouillé, se rendant semblable aux hommes. Il n’a pas choisi une vie de privilège, mais la condition de serviteur. Parce que le Christ était parmi les malades, les pauvres et les exclus, en leur manifestant l’amour miséricordieux de Dieu, les fidèles de Jésus se reconnaissent par leur proximité aux pauvres. Un critère-clé d’authenticité chrétienne’’, rappelle le Saint-Père.

Avant de soutenir que la foi, l’espérance et l’amour nous poussent nécessairement vers cette préférence pour les plus nécessiteux.

 Le successeur de Saint-Pierre souligne que cet amour préférentiel pour les pauvres n’est pas ‘’un devoir pour une poignée de personnes’’, contrairement à ce que certains pensent. Mais la mission de toute l’Eglise. ‘’Cela va au-delà de l’assistance. Cela implique de marcher ensemble, de se laisser évangéliser par eux, qui connaissent bien le Christ souffrant pour s’enrichir réciproquement’’.

Le pape appelle les fidèles à l’amour. Car, selon lui, il existe des structures sociales malades qui les empêchent de rêver à l’avenir, d’œuvrer ensemble pour les guérir, pour les changer. C’est à cela que conduit l’amour du Christ.

VIVIANE DIATTA

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