Publié le 7 Oct 2020 - 15:35
LUTTE CONTRE LA COVID-19

L’utilisation des corticostéroïdes et ses revers

 

Les corticostéroïdes sont certes recommandés dans le traitement de la Covid-19, mais plusieurs questions cliniques, telles que le taux d’effets indésirables, restent en suspens. De ce fait, plusieurs médecins, pour la plupart africains, ont échangé hier quant aux risques d’utilisation.

 

Le monde cherche des moyens de lutte contre la Covid-19. A cet effet, plusieurs médecins et scientifiques africains ont échangé hier, quant à l’utilisation des corticostéroïdes dans le traitement des patients. Sous l’initiative de l’Académie africaine des sciences (AAS), il s’est agi, pour les experts, de partager leurs expériences et de faire des recommandations. Les corticostéroïdes sont des médicaments qui imitent l’action d’une hormone déjà présente dans l’organisme : la cortisone. Ils permettent de maitriser toute inflammation. Souvent appelés stéroïdes, ces médicaments ont été recommandés le 2 septembre dernier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) uniquement pour les cas graves de Covid-19, notamment les patients étant sous assistance respiratoire. Une recommandation forte sur laquelle ont insisté les scientifiques, parce que les données cliniques ne sont pas suffisantes pour démarrer l’utilisation sur les autres malades (cas non critiques).

Selon le docteur John Appiah du Bureau régional africain, l’OMS a validé l’approvisionnement de l’Afrique en corticostéroïdes par la Chine. A l’en croire, le coût sera supportable pour le continent.  ‘’Avec l’utilisation des corticostéroïdes, on a pu constater chez nos patients une augmentation d’oxygène dans les poumons et dans le sang. On s’est rendu compte, après une semaine, que l’alimentation en oxygène est meilleure et cela réduit la durée d’hospitalisation et de l’assistance respiratoire. Toutefois, si on les utilise chez des cas non critiques de Covid-19, les choses risquent d’empirer. L’utilisation des stéroïdes dans les chambres d’urgence, chez ceux qui sont en détresse respiratoire, peut nous aider à soigner les patients et on s’attend à de bons résultats. Il faut cependant faire plusieurs examens et connaitre l’historique épidémiologique du patient’’, a expliqué le docteur Menelas Nkeshimana, Vice-Président de l’Association médicale du Rwanda. De l’avis de ces experts, à chaque patient correspond une dose bien définie et une durée de traitement, cela en fonction des maladies chroniques dont il souffre.

Par ailleurs, les corticostéroïdes peuvent être source de complication. Selon la responsable de l’Unité des maladies infectieuses de l’université de Nairobi, Marybeth Maritim, ‘’l’utilisation des stéroïdes crée une augmentation du taux de sucre dans le sang. Cette hyperglycémie peut être gérable chez les non-diabétiques, mais devient compliquée pour un diabétique. Les stéroïdes ont également des effets psychiatriques. On a aussi des résultats en Afrique et au Royaume-Uni qui montrent qu’ils réactivent des infections telles que l’herpès, la tuberculose, la pneumonie, l’hépatite. Les personnes positives au VIH sont également exposées à des complications’’.  

 Elle insiste sur la connaissance des maladies antérieures des patients avant toute utilisation des stéroïdes dans le traitement contre la Covid-19. ‘’On doit chercher à avoir des méthodes de dépistage pour prévenir ces complications. Si on ne respecte pas les doses et la durée chez ces patients qui souffrent de maladies chroniques, les conséquences seront graves. Il faut suivre ces patients. Dans le cas de la tuberculose, par exemple, on va devoir soigner en même temps l’infection et la Covid-19’’, poursuit-elle.

L’universitaire préconise le suivi des patients, après leur sortie de l’hôpital, afin de documenter l’impact des soins qu’ils ont reçus. En outre, les scientifiques s’accordent sur le fait que les études doivent se poursuivre et que le partage d’expérience doit être régulier.

Ce webinaire intitulé ‘’Les corticostéroïdes et la Covid-19 : définir les meilleures pratiques en Afrique’’, a connu la participation de la Riposte et formation dans le cadre la lutte contre les épidémies (Alerrt), du Bureau africain de l’OMS et du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC).

EMMANUELLA MARAME FAYE

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