Plus de 70 % des cas d’anémie sont liés à la carence du fer
Les enquêtes démographiques et sanitaires ont montré que plus de 70 % des enfants sénégalais de moins de 5 ans sont anémiés par carence en fer. C’est ce qu’a révélé, hier, le chef du Service pédiatrie à l’hôpital Dalal Jamm, le Pr. Saliou Diouf, par ailleurs Directeur de l’Institut de pédiatrie sociale de l’université Cheikh Anta Diop. Il intervenait, hier, lors d’un atelier de sensibilisation des journalistes sur la nutrition, organisé par Nestlé.
Peu connue ou sous-négligée, l’anémie touche au moins 5 293 enfants âgés de 6 à 56 mois, selon le Pr. Saliou Diouf, Chef du Service pédiatrie à l’hôpital Dalal Jamm et directeur de l’Institut de pédiatrie sociale de l’université Cheikh Anta Diop. ‘’Les enquêtes démographiques et sanitaires ont montré que plus de 70 % des enfants sénégalais de moins de 5 ans sont anémiés par carence en fer. Il y a tout un travail à faire. Même si les aliments ont été fortifiés, notamment la farine, par l’Etat sénégalais. Et les études réalisées dans la banlieue dakaroise, en 2014 et en 2019, ont montré une prévalence de 86 % d’anémie, chez les enfants âgés de 9 à 15 mois qui sont venus se faire vacciner à l’institut de pédiatrie sociale de Pikine. Alors que ces derniers n’étaient pas malades’’, affirme le Pr. Diouf.
Il s’exprimait hier, lors d’un atelier de sensibilisation des journalistes sur la nutrition, organisé par le groupe Nestlé.
D’après le chef du service pédiatrie à l’hôpital Dalal Jamm, la carence en fer est devenue un problème de santé publique dans tous les pays africains. Le pédiatre explique que si la fréquence de la carence en fer chez les enfants de moins de 5 ans est supérieure à 40 %, elle entraine une anémie. ‘’Cela veut dire que cette carence en fer est le problème nutritionnel le plus important dans nos pays. Malheureusement, elle est méconnue et négligée. Et les conséquences sont parfois désastreuses, en termes de mortalité. Lorsque l’anémie est trop sévère, le décès peut intervenir. Mais aussi en termes de morbidité, de petites maladies, d’infections, une mauvaise croissance chez l’enfant. Ces pathologies sont justes liées à une anémie due à une carence en fer’’, dit-il.
Au-delà de l’aspect médical, le Pr. Diouf relève que le fer joue un rôle important dans le développement de certaines parties du cerveau notamment l’hippocampe qui joue un rôle clé dans la mémorisation. ‘’Si, précocement, l’enfant est atteint de carence en fer, il peut y avoir des problèmes ultérieurement liés à la mémorisation, des difficultés d’apprentissage. Parce que cette carence en fer n’a pas été traitée de façon précoce. Le traitement doit même commencer chez la mère, avant que l’enfant ne naisse. Car cette dernière doit avoir une alimentation diversifiée, en prenant régulièrement son fer. Le fait de prendre le fer fait partie des stratégies nationales. En plus, sur les deux premières années de vie de l’enfant, nous devons nous atteler à ce qu’il consomme du fer’’, renchérit-il.
Il a rappelé, ainsi, que les 6 premiers mois de vie, les enfants qui ne sont pas nés à terme, ne courent aucun risque. Parce que bénéficiant de l’allaitement maternel exclusif. Cependant, au-delà des 6 mois, sachant que les besoins en fer ne pourront plus être satisfaits par le lait de sa maman, le Dr Diouf préconise la diversification de l’alimentation.
‘’Il faut sensibiliser davantage les populations. Le problème est relativement complexe et on parle souvent de pauvreté. Mais il n’y a pas que cela. Il y a aussi un défaut d’information. Il y a encore des mamans qui ne savent pas que les enfants doivent consommer des fruits à l’âge d’un an, notamment des légumes, de la viande, des œufs ou du poisson’’, préconise le Pr. Diouf.
Associer les aliments riches en fer avec de la vitamine C naturelle
Ainsi, pour un bon comportement alimentaire, la diététicienne-nutritionniste, Marie Louise Gaye Diène, fait savoir qu’il faut associer les aliments riches en fer avec de la vitamine C naturelle ou bien associer un produit d’origine végétale avec celui d’origine animale. Ceci pour maximiser les chances d’absorption du fer.
‘’L’alimentation au Sénégal ne se passe pas dans les meilleures conditions. En général, le Sénégalais mange gras, trop salé et consomme aussi beaucoup de sucre. Or, ceci l’expose à des maladies cardio-vasculaires telles que le diabète, l’hypertension, etc. Quand on dit qu’il faut consommer 5 fruits et légumes par jour, il ne s’agit pas de prendre 5 fruits à part et 5 légumes ensuite. C’est l’ensemble. Il faut une variété de 5 fruits et légumes et cela est bien possible au Sénégal. Nous avons une panoplie de légumes variables en fonction des saisons. Il en est de même pour les fruits. Si on a trois ou quatre légumes dans son assiette, on peut compléter le reste avec deux ou un seul fruit. Ce qui permet d’atteindre le ratio’’, précise-t-elle.
Par rapport aux inhibiteurs de l’absorption du fer, Mme Diène a indiqué que les tannins, substances retrouvées principalement dans le thé, fait partie des éléments qui diminuent cette absorption. ‘’Le thé consommé au cours d’un repas ou aussitôt après peut faire chuter l’absorption du fer jusqu’à 11 %. Il en est de même concernant les compléments alimentaires. Il ne faut jamais prendre ces compléments en même temps qu’une tasse de thé, au risque de voir les bénéfices recherchés s’atténuer grandement. Les thés sans tannin en revanche n’ont aucun effet sur l’absorption du fer. Le café peut également avoir un effet inhibiteur de l’absorption du fer, mais bien moindre que celui du thé’’, signale-t-elle.
Ainsi, la diététicienne préconise la prise de thé au moins une heure après ou avant les repas. Concernant les fruits et légumes qui ont un apport important en fer, la nutritionniste souligne que ce sont, notamment, les viandes de canard, de bœuf, le gibier, le cheval, les abats, les poissons, les œufs. Mais aussi les céréales tels que l’avoine, le quinoa, l’épeautre, l’orge. Il y a aussi les légumes secs, les fruits. Le ‘’maad’’ est également considéré comme un fruit ayant un apport en fer plus important que les oranges ou le citron.
Conscient qu’au Sénégal, deux enfants sur trois et une femme en âge de procréer souffrent de carence en fer, le directeur général de Nestlé Sénégal, Xavier Beraud, a relevé qu’en tant que groupe agroalimentaire, leur raison d’être est ‘’d’améliorer’’ la qualité de vie pour tout un chacun aujourd’hui et pour les générations à venir.
‘’Cela passe nécessairement par la nutrition, la santé et le bien-être. C’est ainsi que nous souhaitons initier une campagne de sensibilisation sur la carence en fer et contribuer ainsi à mieux faire connaitre aux populations ce qu’est le fer, ses bienfaits et comment, à travers une bonne alimentation, prévenir le mieux cette carence. Mais voir quel comportement alimentaire adopter pour y faire face’’, admet le patron de Nestlé Sénégal.
MARIAMA DIEME