Publié le 10 Dec 2020 - 21:32
OUTRAGE À AGENT ET ORGANISATION DE MANIFESTATION SANS AUTORISATION

Les jeunes de Noo Lank relaxés au bénéfice du doute

 

Les activistes Pape Abdoulaye Touré, El Hadj Mar Diagne, Thierno Mouhamed Sall et Malick Biaye, ont été jugés hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Placés sous mandat de dépôt le 7 décembre, ces membres du collectif Noo Lank Noo Bagn ont réfuté les faits qui leur sont reprochés.

 

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a relaxé, hier, au bénéfice du doute, les activistes Pape Abdoulaye Touré, El Hadj Mar Diagne, Thierno Mouhamed Sall et Malick Biaye. Poursuivis pour outrage à agent et organisation d’une manifestation sans autorisation, ces membres du collectif Noo Lank Noo Bagn avaient tous contesté les faits.

Ils ont été arrêtés, le vendredi 4 décembre, aux alentours de la préfecture de Dakar, alors qu’ils étaient sur le point d’introduire une autre demande d’autorisation, suite à l’annulation de la première à la dernière minute. Les policiers, qui ont procédé à leur arrestation, déclarent avoir reçu une information selon laquelle le groupe d’activistes voulait saboter le cortège du chef de l’Etat.

En revenant sur les circonstances de leur arrestation, El Hadj Mar Diagne explique : ‘’Le préfet a interdit la marche, à la dernière minute. Pour ne pas verser dans l’irrégularité, nous avons décidé de déposer une autre demande d’autorisation. Quand j’ai remarqué la présence de la police au seuil de la préfecture, j’ai fait demi-tour et j’ai conseillé aux autres de replier.’’

Sur le délit d’outrage qui lui est reproché, le commerçant domicilié à Cambérène soutient qu’il a trouvé curieux le fait que ses camarades et lui soient uniquement arrêtés à cause d’une demande qu’ils voulaient déposer.

Pire, il relève que le commissaire les a violentés. ‘’Alors qu’on était assis sur le banc, il nous a bousculés et on est tombé. C’est ainsi que j’ai dit que son acte était une torture. C’est ce qui l’a mis en colère’’, renchérit-il. D’ailleurs, à l’instar de ses co-prévenus, il n’a répondu à aucune question posée par les enquêteurs. ‘’Quand on a annulé l’autorisation de marche, on a décidé d’introduire une autre demande, le même jour, pour respecter les jours francs. On ne se doutait pas qu’en étant quatre personnes, on allait inquiéter les policiers’’, poursuit l’étudiant Pape Abdoulaye Touré. ‘’On voulait dénoncer les accords de pêche, le chômage, entre autres…’’, a-t-il souligné.

Thierno Mouhamed Sall de préciser : ‘’Nous étions seulement partis là-bas pour déposer une demande. C’est un adjudant qui nous a reconnu qui a alerté ses collègues.’’

Face à leur dénégation systématique, la juge a déclaré : ‘’Si vous aviez déposé la lettre sans tambour, ni trompette, vous n’alliez pas vous retrouver ici.  Quand vous faites quelque chose, il faut assumer.’’

Dans son réquisitoire, la représentante du ministère public a requis 3 mois d’emprisonnement ferme contre El Hadj Mar Diagne et une application de la loi contre le reste du gang. Maitres François Senghor et Khouressi Bâ ont sollicité le renvoi des prévenus des fins de la poursuite.

Selon Me Senghor, c’est parce qu’on les reconnait que les policiers ont pensé qu’ils sont prêts à poser des actes. ‘’Pour le chef d’outrage qui est retenu contre El Hadj Mar Diagne, les forces de l’ordre n’ont pas le droit de violenter les citoyens. Il a subi une violence et il l’a dit au commissaire. On le charge à tort’’, a plaidé la robe noire. ‘’Les policiers ont violé la loi, car ils étaient tenus d’auditionner les jeunes à l’instant. Il y a un groupuscule de flics qui aiment torturer les gens. Ils ont attendu 28 heures, avant de les auditionner’’, a relevé Me Khouressi Bâ. 

AMINATA DIALLO

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