Publié le 16 Dec 2020 - 20:04
SECONDE VAGUE COVID-19

Le virus prend ses aises à Matam

 

La région de Matam est-elle en train de devenir le foyer de la deuxième vague de contamination au coronavirus ? C'est une question qui se pose avec acuité dans la tête des populations. En effet, en moins de 15 jours, 56 personnes ont été testées positives à la Covid-19 et la barre des 100 cas a été franchie. Cette hausse soudaine et spectaculaire a fini d’installer une véritable psychose chez les habitants.

 

A Matam, c'est dans une école élémentaire de Ourossogui que le premier cas de coronavirus de la deuxième vague a été déclaré. Dans cet établissement qui compte plus de 350 élèves, une enseignante, présentant quelques symptômes, avait été déclarée positive à la Covid-19, alors qu'elle était en contact avec ses collègues qui ne s'étaient pas doutés de son état. Conséquence : cinq enseignants ont été contaminés et sont actuellement en traitement au centre aménagé à l'hôpital régional de Matam.

L'information s'est répandue comme une traînée de poudre dans la ville-carrefour. L'école en question n'a pas été fermée, comme le souhaitait la majorité des résidents de cette ville. Une situation qui grossit le sentiment d'inquiétude des parents d'élèves.

 Aissata Diallo est la mère d'une élève inscrite dans cet établissement. Elle a décidé de prendre les devants, en retenant sa fille à la maison. "La situation est très grave dans cette école. Tout le monde a peur. Des enseignants sont en traitement à Matam. Mais les autorités refusent de fermer l'école pour tester tout le personnel. Nous avons nos enfants là-bas et on ne va pas les exposer comme ça. On ne sait pas qui a chopé le virus et qui est sain. C'est le flou. C'est pourquoi j'ai décidé de retenir ma fille à la maison. Je ne veux prendre aucun risque avec mes enfants. La situation est inquiétante, puisqu'on nous dit que la deuxième vague du coronavirus s'est déjà installée au Sénégal", fait-elle savoir.

 Cependant, du côté des enseignants de cette école, on assure que tout le personnel a été testé négatif. Madame Guissé, enseignante dans cet établissement, rassure : ‘’Tout ce que la population raconte est loin de la vérité. Les gens disent que nous refusons d’être testés. Ce qui est inexact. Nous avons fait les tests qui se sont révélés négatifs. Les autres collègues qui avaient été contaminés sont en traitement à Matam. Le discours tenu par certains parents est néfaste. Ces gens ne veulent qu’une chose : que l’on ferme l’école. Ce qui est une aberration. Ils disent qu’ils craignent pour la santé de leurs enfants. Moi, je vous assure que les élèves sont mieux protégés ici, à l’école, que chez eux’’, défend-elle visiblement frustrée.

Les élèves stigmatisés

Ces cas positifs notés dans cette école sont durement vécus par les élèves, victimes de stigmatisation de la part de leurs camarades des autres établissements scolaires. Adama, élève en classe de CM2, en est un. "Mes amies des autres écoles se moquent de moi. Elles disent que j'ai le virus du corona et elles me fuient. Il y en a une, quand elle m'a vue, elle a couru pour éviter de me rencontrer", se plaint-elle avant de se rassurer en soutenant qu'elle est certaine qu'elle n'a pas chopé le virus.

Non-respect des gestes barrières

Hier, 13 nouveaux cas ont été signalés par la région médicale dont sept cas communautaires et six cas contacts. Et le pire est à craindre, puisque les populations n'ont pas encore pris la pleine mesure du danger. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation et les opérations répressives des forces de l'ordre, le masque est loin d'être adopté. Le décor dans les rues ne correspond pas à la situation sanitaire critique qui prévaut dans la région. Les gestes barrières sont bafoués, les gens continuent à se serrer la main sans ambages.

"La catastrophe est imminente. Personne ici ne respecte les gestes barrières. Les cas sont en train de se multiplier et les gens continuent de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était. Je refuse de serrer la main aux gens, mais quand de grandes personnes vous tendent la main, vous ne pouvez pas ne pas répondre. On va prier ; c'est le seul recours qui nous reste", se plaint M. Kane, Professeur de mathématiques. Sa crainte est partagée par Baba qui, de son côté estime qu'il faut d'abord isoler les enseignants qui servent dans l'école où les cas de covid ont été détectés.

"C'est une bombe qui se trouve dans cette école. Les autorités, n'en parlent pas, mais nous, nous le savons. Elles attendront que les cas explosent pour prendre des mesures fortes. C'est maintenant qu'il faut le faire. Tous les enseignants et élèves de cette école doivent être testés. Ensuite, déployer les forces de l'ordre pour exiger le port du masque. Si on attend encore, ce sera trop tard", prévient-il.

En attendant que les autorités locales corsent les mesures, le nombre de cas depuis le début de la pandémie est porté à 106. Trois ont déjà été emportés par la maladie et 55 ont été guéris. Quarante-huit sont en traitement au CTE de Matam.

Djibril Bâ

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