Publié le 23 Jan 2021 - 04:04
PROMOTION DE L’ENTREPRENARIAT DES FEMMES EN AFRIQUE

L’éducation et l’accès au financement, deux facteurs déterminants

 

Le niveau d’éducation et l’accès au financement sont deux facteurs déterminants et complémentaires de l’entreprenariat féminin en Afrique.  Dans son rapport sur le sujet rend public avant-hier, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) renseigne que l‘éducation joue un rôle clé dans l’accès au financement, qui est souvent considéré comme la principale contrainte par les entreprises détenues par des femmes.

 

L’entreprenariat féminin est considéré comme un puissant moteur de croissance et de développement économique qui renforce la résilience des économies, crée des emplois et influence les générations futures, contribuant ainsi à la transformation nécessaire à l’autonomisation économique des femmes. Dans son rapport sur l’entreprenariat féminin en 2019, rendu public avant-hier, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) estime que le niveau d’éducation et l’accès au financement sont deux facteurs déterminants et complémentaires de l’entreprenariat féminin.

‘’L’éducation joue un rôle déterminant dans l’accès au financement, qui est souvent considéré comme la principale contrainte par les entreprises détenues par des femmes. Toutefois, l’injection de capitaux, à elle seule, a peu de chances de transformer les capacités de production des entreprises, de les faire progresser le long des chaînes de valeur et de faciliter leur transition vers des secteurs plus lucratifs. Les entrepreneurs doivent avoir un niveau d’éducation suffisant et des compétences pertinentes pour identifier les créneaux et prendre des risques en connaissance de cause’’, indique le document.

D’après la CEA, il existe une relation ‘’non-linéaire’’ entre l’éducation et l’esprit d’entreprise en Afrique. L’impact négatif de l’éducation sur l’esprit d’entreprise est expliqué par le fait que certains entrepreneurs se lancent dans les affaires par nécessité et ont un faible niveau d’études.

En revanche, les experts de la CEA soutiennent que l’éducation a un impact positif pour les entrepreneurs qui sont motivés par les possibilités offertes. Mieux, elle stimule l’esprit d’entreprise chez les femmes. ‘’Les femmes entrepreneurs ayant un niveau d’études ne dépassant pas le primaire, ont environ 27 % moins de chances d’être motivées par les possibilités que les femmes entrepreneurs ayant fait des études supérieures. Passé le niveau secondaire, les femmes sont de moins en moins susceptibles d’entreprendre par nécessité. L’éducation est donc un facteur essentiel pour un entreprenariat féminin productif’’, poursuit le rapport.

Il est aussi affirmé dans le document que l’amélioration du niveau d’études est primordiale pour lutter contre l’exclusion financière. ‘’Les personnes ayant fait des études secondaires et supérieures sont respectivement 51 % et 113 % plus susceptibles d’avoir un compte dans un établissement financier que les personnes n’ayant pas dépassé le primaire. Dans plus de la moitié des 40 pays africains considérés, l’inégalité du niveau d’éducation est le principal facteur d’inégalité dans la possession d’un compte. Les femmes n’ayant pas dépassé le primaire ont 21 % moins de chances d’avoir un compte que les hommes du même niveau d’instruction. L’éducation contribue à réduire l’écart entre les sexes en matière de possession et d’utilisation de comptes, en particulier pour les femmes diplômées de l’enseignement supérieur’’, révèle la même source.

Les adultes instruits plus susceptibles de faire des prêts bancaires

Il ressort également de cette étude de la CEA que l’éducation est tout aussi importante pour les habitudes d’épargne. En effet, elle montre que les personnes ayant fait des études secondaires et supérieures ont respectivement 22 % et 49 % plus de chances d’épargner que les personnes n’ayant pas dépassé le primaire. Les personnes ayant fait des études secondaires sont également plus susceptibles d’épargner en vue d’une activité commerciale et ce, dans des institutions financières formelles plutôt qu’informelles.

‘’Les écarts entre les sexes sont importants, en ce qui concerne le caractère formel ou informel de l’épargne. Cependant, la probabilité que les femmes épargnent dans des institutions informelles diminue, à mesure que leur niveau d’éducation augmente. Enfin, les adultes instruits sont plus susceptibles d’emprunter, en particulier à des fins professionnelles et auprès d’institutions financières formelles. Par conséquent, l’amélioration du niveau d’études des femmes peut renforcer leur engagement auprès des institutions financières formelles, qui sont mieux équipées pour transformer leurs entreprises’’, rapporte la CEA.

Sur la base de ces constatations majeures et dans le but de stimuler l’entreprenariat féminin en Afrique au service de l’autonomisation économique des femmes, les experts de la Commission économique des Nations Unis pour l’Afrique ont fait certaines recommandations. Il s’agit notamment du renforcement du niveau d’enseignement général des femmes en Afrique au-delà du primaire.

‘’Les femmes ayant fait des études secondaires et supérieures sont plus susceptibles de saisir les possibilités offertes et d’accéder aux services financiers. L’enseignement général ne suffit pas pour réussir dans l’entreprenariat. Il faut des formations en matière de compétences générales et spécifiques qui sont pertinentes pour les marchés concurrentiels, telles que les compétences en gestion d’entreprise, les compétences de direction, les technologies numériques, les connaissances financières de base et les compétences entrepreneuriales. Cela est important pour les femmes en situation de vulnérabilité qui n’ont pas pu achever leur scolarité’’, suggèrent-ils.

Associées à des injections de capitaux, ces formations s’avèrent, d’après eux, ‘’transformatrices’’ en particulier pour les femmes marginalisées. Car elles leur fournissent une source de revenus stable pour échapper à la pauvreté. ‘’Les technologies numériques peuvent contribuer à améliorer l’accès des femmes au financement, en particulier dans les zones rurales. Il faut également innover en matière de produits financiers qui répondent aux contraintes auxquelles les femmes sont confrontées’’, préconisent-ils.

MARIAMA DIEME

 

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