Une décision appréciée
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Le couvre-feu décrété dans les villes de Dakar et de Thiès débute maintenant à minuit et se termine à 5 h. Cette décision du président de la République, Macky Sall, est saluée par des acteurs du secteur informel dont l’essentiel des activités se passent le soir.
Pour endiguer la propagation du coronavirus, l’Etat du Sénégal avait décrété un état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 21 h à 5 h. Ce qui a eu un incident sur l’activité économique du pays. Lundi dernier, lors d’un discours officiel, le président Macky Sall a annoncé un changement d’horaire. Ainsi, au lieu de s’étendre de 21 h à 5 h, le couvre-feu débute désormais à minuit et court jusqu’à 5 h.
Des acteurs du secteur informel rencontrés hier saluent la mesure. A Soumbedioune, où s’activent les vendeurs de poisson, un groupe de sept personnes prennent le café. Souriant, le jeune pêcheur Ibrahima Ndour, âgé de 26 ans, se dit heureux de l’allègement annoncé. "Lorsque le président a fait l’annonce, j’ai applaudi. Nous les pêcheurs, travaillons régulièrement la nuit. Donc, cette décision nous arrange, même si les poissons sont devenus rares. Il est difficile de rentrer de la pêche avec plus de 30 kg de poisson", déclare-t-il.
Arame Seck, une vendeuse et cliente du jeune, confirme cela. Habillée en rouge et blanc, elle s’indigne : ‘’On peut rester des fois trois jours sans vendre ou cuisiner, le ‘yaaboye’ (sardinelle) devenu rare.’’
A la dibiterie Machala de Castors, le problème est tout autre. Selon le propriétaire Adoge Djie, de nationalité nigérienne, leur problème n’a pas été pris en compte dans le discours de Macky Sall. Cette nouvelle décision ne va rien changer à son quotidien, affirme-t-il. "J’ouvrais mon restaurant à 8 h, précise-t-il, avant l’apparition de la Covid-19 à Dakar, et je fermais à 00 h". Donc, ce n’est pas le changement d’heure qui a eu une incidence sur son commerce, c’est plutôt la présence de la maladie elle-même. Depuis l’apparition de la Covid-19 au Sénégal, fait-il savoir, il reçoit moins de clients que d’habitude.
Par ailleurs, installé dans un parking de location de véhicules, Bara Diaw, un taximan, se dit satisfait à moitié de la décision présidentielle. Selon le vieux de 60 ans, le couvre-feu n’a juste pas sa raison d’être. Il n’a aucune utilité selon lui et a d’énormes conséquences sur leur business. "Je suis obligé de travailler que la nuit, car le jour, c’est un autre collègue qui a le taxi. Le président devrait penser aux urgences nocturnes et aux pères de famille qui doivent subvenir aux besoins de leurs familles, mais qui ne peuvent travailler que le soir", plaide-t-il.
Matar Cissé (Stagiaire)