Publié le 10 Oct 2021 - 21:07
IBRAHIMA SECK (PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION “HELP AND CLEAN MIND’’)

“En 3 ans, nous avons aidé plus de 35 malades mentaux’’

 

Le Président de l’association ‘’Dimbalanté ak rahass hel, help and clean mind’’ passe tout son temps à aider des personnes qui souffrent de problèmes mentaux. En quelques années, il a aidé plus de 35 malades mentaux dont certains ont rendu l’âme et d’autres ont été rendus à leurs parents. Son souhait est de disposer d’un centre d’accueil pour mieux mener sa mission.

 

 Le 10 octobre de chaque année est célébrée, dans le monde entier, la journée mondiale de la santé mentale. En prélude à cette journée prévue demain dimanche, EnQuête s’est entretenu avec le président de l’association ‘’Dimbalanté ak rahass hel, help and clean mind’’, Ibrahima Seck. Ce technicien supérieur en architecture et bâtiment a commencé à aider les malades mentaux en 2016, en leur prodiguant des soins, en leur donnant des habits et de la nourriture. ‘’Ce n’est pas du tout facile, car il y a des obstacles, mais puisqu’ils font partie de nous, on fait avec. Au début, partout où nous avions un chantier et qu’on aperçoit un malade mental, on allait le laver, l’habiller. De fil en aiguille, ce geste est devenu primordial dans notre quotidien. Après, des personnes nous appelaient à chaque fois qu’elles voyaient un malade mental pour qu’on puisse le laver et lui faire changer d’habits’’, explique-t-il.

Il ajoute que, pendant deux ans, ils l’ont fait sans se rendre compte de ce qu’il faisait. ‘’C’était par cœur que nous le faisons’’, dit-il. Ensuite, poursuit-il, ‘’des gens nous ont appelés, pour nous demander de structurer cela. Nous avons commencé à le pérenniser. Ainsi, depuis lors, nous avons aidé plus de 35 malades mentaux dont 4 qui ont rendu l’âme et 5 qui ont été rendus à leurs parents. Pour réussir cette mission, nous faisons des collectes d’habits à gauche et à droite sur Facebook et principalement sur notre page www.facebook.com/helpcleanmind. Nous avons aussi des bonnes volontés qui nous aident dans ce sens. C’est ainsi que, depuis 3 ans, que nous faisons les opérations de tabaski avec les malades mentaux. Lors de la tabaski, Auchamp, Grands moulins de Dakar et La Casamançaise, nous ont beaucoup appuyés. C’est avec eux qu’on s’est ravitaillé en eau et nourritures, entre autres. Chaque Tabaski, nous sommes aux côtés des malades mentaux pour les nourrir et changer leurs habits’’, poursuit-il.

‘’Partout où j’allais, on me disait qu’ils ne prenaient pas de personne qui souffre de troubles psychiques’’

Rendre heureux un malade mental n’est pas une chose aisée. C’est un métier plein de risques. Selon M. Ndiaye, un jour, il avait galéré, car il avait affaire à un malade mental qui souffrait grave. Il avait beaucoup de plaies un peu partout dans son corps. ‘’Je me suis dit que j’allais l’amener dans un établissement sanitaire. A ma grande surprise, partout où j’allais, on me disait qu’ils ne prenaient pas de personne qui souffre de troubles psychiques. Je faisais avec lui le tour des hôpitaux jusqu’à 4 heures du matin. L’hôpital psychiatrique de Thiaroye a accepté de le prendre en charge. Je ne vais jamais oublier cette journée. C’était dur, nous avons galéré. Mais finalement, on était arrivé très tard, car le surlendemain, il avait rendu l’âme. Cela m’avait fait beaucoup de mal’’, se rappelle-t-il d’une voix qui laisse transparaitre son chagrin.

Selon lui, cette occupation comporte des risques, certes, mais il essaye de les éviter pour réussir sa mission. Il est confronté à beaucoup de difficultés. Il lui arrive de vouloir aider un malade, alors qu’il n’a ni de véhicule encore moins d’ambulance pour l’évacuer. ‘’Notre difficulté majeure est un manque de centre d’accueil, car, on ne va pas les laver en pleine rue. Nous lançons un appel à toutes les bonnes volontés à nous aider à en avoir un.  Nous attendons aussi un soutien de la part des autorités pour au moins avoir une voiture et une ambulance. Ceci nous permettra de se déplacer pour aller les chercher n’importe où, en cas de besoin, mais surtout, le centre d’accueil pour nous permettre de les accompagner, les soigner et leur chercher des métiers. C’est un projet qui nous tient à cœur. Nous voulons aussi accéder à la couverture maladie universelle, car beaucoup de malades circulent dans la rue, parce que leurs parents n’ont pas les moyens de les prendre en charge. Du coup, la seule alternative qui s’offre à eux est de les chasser de leurs domiciles’’, se désole le Président de l’association : ‘’Dimbalanté ak rahass hel, help and clean mind’’.

CHEIKH THIAM