Modification de la constitution
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L’Association des utilisateurs des Tic (Asutic) soupçonne l’actuel président du Sénégal de vouloir se présenter à l’élection présidentielle de 2024 pour un 3e mandat, ou encore plus inquiétant, d’avoir ‘’un projet caché, non encore dévoilé, de captation du pouvoir politique au Sénégal par l’actuel Président’’. Dans la tribune reçue hier à ‘’EnQuête’’, l’Asutic dit son pessimisme sur beaucoup de faits logiques. En effet, fait-elle remarquer, depuis sa réélection en 2019, son discours jadis limpide sur sa troisième candidature, ‘’est devenu flou, mais tous ses partisans qui s’aventurent à dire qu’il n’a pas droit à une 3e candidature sont limogés des fonctions auxquelles il les avait nommés, alors que ceux qui parlent de sa possible 3e candidature en 2024 ne sont pas inquiétés’’.
Pour arriver à ses fins, décèlent les utilisateurs des Tic, l’actuel leader de la coalition au pouvoir compte orienter le Sénégal ‘’vers la même perspective et selon le même mode d’adoption que la Côte d’Ivoire et la Guinée : un référendum constitutionnel pour une nouvelle constitution. A cet effet, pour faire taire toutes les critiques sur le coût excessif de l’organisation de deux scrutins séparés, le référendum constitutionnel devrait être couplé aux élections législatives de 2022’’. Ces procédés ont permis au président ivoirien Alassane Ouattara et son désormais ex-homologue guinéen Alpha Condé d’obtenir un troisième mandat. Mais au prix de plusieurs morts dans des manifestations d’opposition à la modification de la Constitution.
...Pour le président de l’Asutic, Ndiaga Guèye, un modus operandi déjà mis en application au Sénégal pourrait convenir à ce projet. Celui de la révision constitutionnelle de 2016 par référendum et celle de 2019 par voie parlementaire : ‘’Prendre les Sénégalais par surprise et les mettre devant le fait accompli, en annonçant, au dernier moment, une organisation du scrutin en un laps de temps de très court (un mois en 2016), pas de concertations, ni débats avec les acteurs politiques et la société civile, pas de campagnes d’information des populations sur les motifs et objectifs visés afin qu’elles comprennent les enjeux liés aux réformes proposées.
D’ailleurs, en 2016, les électeurs n’ont eu droit qu’à une semaine de campagne électorale, entre le 12 et le 18 mars, et, enfin, organisation d’un scrutin avec des dysfonctionnements et manquements’’. Le doctorant en sciences de l'information et de la communication ajoute que l’organisation d’un référendum constitutionnel est le seul moyen de faire sauter principalement les articles 27 et 28, mais aussi la clause d'éternité et d'intangibilité de l’article 103 par une minorité d’électeurs sénégalais. Cette hypothèse est d’autant plus à considérer, que cette coalition au pouvoir a habitué les Sénégalais à imposer ses projets de loi, sans consensus avec les acteurs politiques, tout au plus un dialogue de faire valoir.