Publié le 4 Nov 2021 - 16:29
PRIX GONCOURT 2021

Mohamed Mbougar Sarr honore le Sénégal et l'Afrique

 

Sans réelle surprise, Mohamed Mbougar Sarr, seulement âgé de 31 ans, est le Prix Goncourt 2021. Avec son quatrième roman, ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’, publié aux Éditions Philippe Rey, le jeune homme, fils d'un médecin, originaire de Diourbel, offre, pour la première fois à l'Afrique subsaharienne cette distinction qui est la plus ancienne et la plus prestigieuse de l'univers littéraire français.

 

Le Prix Goncourt, décerné par un jury de sept hommes et trois femmes, rapporte un chèque de 10 euros, mais il garantit des ventes en centaines de milliers d’exemplaires. Pas de soucis à se faire donc pour ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ qui remporte le Goncourt 2021, laissant presque pantois son auteur qui, du coup, n'a pas trouvé mieux à dire que : "Je ressens beaucoup de joie. Tout simplement."

L'ouvrage, coédité par les éditions Philippe Rey - maison de taille modeste - et par Jimsaan, basée au Sénégal, est un superbe éloge de l'existence, cent ans après le Prix Goncourt de René Maran.

Quid du lauréat ?

Arrivé à Compiègne (Oise) après un Bac passé au Sénégal, Mohamed Mbougar Sarr, né à 1990 à Dakar, fils d'un médecin et d'une mère au foyer, grandit au sein d'une famille nombreuse dont il est l'aîné, à Diourbel. Le milieu favorisé dans lequel il évolue lui permet, dans un premier temps, de s'orienter vers des études militaires.

 Cependant, après le lycée, il se tourne vers une classe préparatoire et rejoint le lycée Pierre-d'Ailly de Compiègne (Hauts-de-France). Il intègre ensuite l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Doctorant, il abandonne sa thèse et préfère se consacrer à l'écriture. Celle-ci semble bien lui réussir, puisqu'il publie presque coup sur coup trois romans.

Son premier roman, ‘’Terre Ceinte’’, a été publié chez Présence africaine, alors qu’il n’avait que 24 ans. Son deuxième, ‘’Silence du cœur’’, a suivi trois ans plus tard. Philippe Rey, éditeur, le convainc de le rejoindre pour les troisième et quatrième : ‘’De purs hommes’’, en 2018, et ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’, qui lui vaut l'exceptionnelle consécration du Prix Goncourt.

A seulement 31 ans, Mohamed Mbougar Sarr est le plus jeune lauréat du prestigieux prix littéraire, depuis Patrick Grainville, primé à 29 ans, en 1976.

En résumé...

‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ raconte la quête d’un jeune écrivain sénégalais, Diégane Faye, parti sur les traces d’un mystérieux auteur, T. C. Elimane. Ce dernier a publié, en 1938, un chef-d’œuvre, ‘’Le Labyrinthe de l’inhumain’’ qui lui vaut d’être qualifié de ‘’Rimbaud nègre’’ et d’être porté aux nues par la critique de l’époque. Mais hélas, T. C. Elimane a sombré dans le déshonneur, après qu’un chercheur a trouvé son ‘’Labyrinthe’’ trop copié-collé sur une cascade d’auteurs classiques.

Elimane est un personnage inventé par Mbougar Sarr. Mais celui-ci s’est clairement inspiré de l’aventure tragique, authentique celle-là, de Yambo Ouologuem. Cet écrivain malien fut accusé, au début des années 1970, peu après avoir reçu le Renaudot, d’avoir un peu trop ‘’emprunté’’, entres autres, à Graham Greene et à André Schwartz-Bart. Il est rentré dans son pays humilié, brisé et en aurait, dit-on, perdu la raison...

Le récit de Sarr est bâti sur une construction narrative qui enchevêtre une succession de récits et dans des formats divers. L'on passe, vertigineusement, du journal intime au mail, en passant par des articles de presse. La connaissance littéraire de l'auteur est éclectique, révélant des influences diverses, de Borges, Bolano et d'autres, dans un labyrinthe narratif qui brasse unités de temps et d'espaces dans un maelström parfois difficile à suivre.

Mais le lecteur ne s'y perd jamais et c'est bien là, la marque du grand écrivain : style ambitieux en termes de construction, émotivité à fleur de peau, mais rigueur aussi dans la fidélité aux exigences littéraires.

Ce livre fait aussi incontestablement honneur à l'école sénégalaise, dont Mohamed Sarr est le produit et constitue en soi un hommage aux lettres et à l'édition sénégalaises. On aurait tort de ne pas le souligner.

Vingt-trois demandes de traduction ont déjà été adressées pour ce millésime Mbougar Sarr 2021. Nous nous limiterons, quant à nous, à le déguster sans modération dans sa présentation française, en attendant le prochain cru.

PHILIPPE D'ALMEIDA

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