Aux Etats-Unis, Joe Biden promet un « désastre » à la Russie si elle envahit l’Ukraine
Le président des Etats-Unis a mis en garde, mercredi, contre de « lourdes » pertes humaines sur le champ de bataille et des sanctions « sévères » sans précédent contre l’économie russe en cas d’attaque.
La Russie va être confrontée à « un désastre » si elle envahit l’Ukraine, a prévenu, mercredi 19 janvier, Joe Biden, tout en estimant que son homologue russe, Vladimir Poutine, ne voulait pas d’une « guerre à grande échelle ».
Pour autant, le président russe « va tester l’Occident » et « il va devoir faire quelque chose », probablement « faire mouvement » vers l’Ukraine d’une manière ou d’une autre, a-t-il prédit. « Cela pourrait très facilement échapper à tout contrôle à cause des frontières de l’Ukraine et de ce que la Russie pourrait ou ne pourrait pas faire », s’est-il inquiété.
Le président des Etats-Unis a mis en garde contre de « lourdes » pertes humaines sur le champ de bataille et des sanctions « sévères » sans précédent contre l’économie russe. La réaction et l’unité des Occidentaux dépendront de ce que fera Moscou, a reconnu Joe Biden.
« Si c’est une incursion mineure », les membres de l’OTAN risquent de se diviser sur l’ampleur de la riposte, « mais s’ils font ce dont ils sont capables avec les forces qu’ils ont massées à la frontière, ce sera un désastre pour la Russie », a-t-il insisté.
Toucher Moscou au portefeuille
Des ténors républicains ont immédiatement accusé le président démocrate de s’être résigné à une telle incursion. « L’impuissance de Joe Biden a enhardi Vladimir Poutine, et voilà qu’il vient de donner un feu vert à Poutine pour envahir l’Ukraine », a réagi sur Twitter le sénateur Tom Cotton. « Donc s’il ne prend que certaines zones de l’Ukraine, notre réponse sera moins sévère que s’il annexe tout ? », s’est aussi indigné son collègue Marco Rubio.
Face au tollé naissant, la Maison Blanche a aussitôt tenté de clarifier sa position : « Si des forces militaires russes franchissent la frontière de l’Ukraine, cela constituera une nouvelle invasion. » Une telle attaque attirerait « une réponse rapide, sévère et unie des Etats-Unis et de nos alliés », a indiqué la porte-parole Jen Psaki.
Parmi les sanctions, Joe Biden avait clairement laissé entendre que Moscou pourrait être touché au portefeuille. « S’ils envahissent, ils vont le payer, ils ne pourront plus passer par les banques, ils ne pourront plus faire de transactions en dollars », a-t-il mis en garde.
Le président américain a toutefois fait un pas vers la Russie, qui réclame la garantie que l’Ukraine n’adhérera jamais à l’OTAN et que les Occidentaux ne déploieront pas d’armes stratégiques sur le territoire ukrainien.
Sur le premier point, il a fait valoir que dans les faits, il était peu probable que Kiev devienne membre de l’Alliance atlantique dans un avenir proche, même si, par principe, celle-ci ne ferme pas sa porte. Sur le second, « nous pouvons trouver une solution » sur la base de la réciprocité, a-t-il assuré. Il s’est même dit prêt à un nouveau sommet avec Vladimir Poutine.
Rencontre Blinken-Lavrov vendredi
Après une série de pourparlers diplomatiques en Europe la semaine dernière, Moscou et Washington doivent tenter une nouvelle fois vendredi de désamorcer la menace d’un nouveau conflit en Ukraine lors d’un face-à-face à Genève entre Antony Blinken et son homologue russe, Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie américaine a déjà prévenu qu’il ne satisferait pas, lors du rendez-vous en Suisse, à la demande russe d’un engagement écrit sur ses exigences.
Parallèlement, les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle aide « sécuritaire défensive » de 200 millions de dollars (176 millions d’euros) à l’Ukraine, s’ajoutant aux 450 millions d’assistance militaire déjà accordés.
La Russie a déployé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne, laissant craindre une invasion. Tout en niant tout projet d’attaque, le Kremlin martèle qu’une désescalade passe par des garanties écrites pour sa sécurité.
« J’espère fortement que nous pourrons rester sur une voie diplomatique et pacifique, mais en fin de compte, ce sera la décision du président Poutine », a dit à Kiev Antony Blinken, qui a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et son chef de la diplomatie, Dmytro Kouleba.
Après Kiev mercredi, le secrétaire d’Etat américain est attendu jeudi à Berlin pour des discussions avec l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni.
Le Monde avec AFP