Publié le 25 Feb 2022 - 19:32
MANIFESTATION DES ELEVES

Les écoliers exigent la fin de la ‘’récréation’’ 

 

Voilà presque trois mois que dure la grève des enseignants qui demandent à l’Etat de respecter les accords de 2018. Considérant qu’ils sont les agneaux du sacrifice dans cette histoire, les élèves exigent des deux parties en conflit de régler cette situation au plus vite. ‘’Nous voulons étudier !’’, ont-ils scandé hier, à Dakar, lors de leur manifestation.

 

Les élèves des écoles publiques de Dakar ont encore manifesté leur désarroi et leur indignation, face à la crise dans le système éducatif. Ils s’étaient donné rendez-vous hier, dans la matinée, à la place de la Nation (ex-Obélisque). Pour réussir le pari de la mobilisation, ils ont dû aller dans les écoles alentours pour inviter leurs camarades. Puis, ils ont marché ensemble jusqu’au rond-point de la RTS, arborant le drapeau sénégalais.

‘’Nous voulons étudier. Nous sommes fatigués. Nous disons non, Macky Sall, nous disons non. Il est temps de nous respecter’’, scandaient-ils en chœur. Au même moment, des manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : ‘’Mieux vaut sauver le système que de sauver l’année.’’ Les élèves exigent la reprise immédiate des cours. Ils veulent aussi que la date des examens soit repoussée et que le programme soit allégé. Ils ont perdu plus de 300 heures de cours, suite au bras de fer qui oppose l’Etat aux syndicats d’enseignants.

‘’On est en grève depuis bientôt trois mois. Nous élèves, nous sommes fatigués de cette situation. Il est inadmissible que les professeurs ne viennent plus en classe. Moi, je suis en terminale, je dois préparer l’examen du Bac dont la date est fixée au 27 juin. Il ne nous reste que 10 semaines. Notre programme est vaste, mais on n’en a pas encore fait le tiers. Qu’on le dise ou non, on n’a pas le niveau pour passer cet examen’’, martèle Cheikh Tidiane Dia, Président du gouvernement scolaire de LPA 13 et le représentant du Collectif des gouvernements scolaires à Dakar. S

elon lui, les élèves de la série L, par exemple, ont plus de 40 leçons en histoire-géographie au programme, mais n’en sont qu’à la troisième. ‘’Nous demandons que les professeurs reviennent en classe et que la date du baccalauréat, fixée au 27 juin, soit repoussée'', a-t-il exigé.

Son camarade Lamine Fall estime que leur droit à l’éducation est en train d’être bafoué. ‘’On a droit à l’éducation. Nous qui sommes en série S, on fait seulement les cours de PC depuis plus de deux mois’’, dit-il, agacé. 

Les élèves des écoles publiques de Dakar ont aussi, en marge de leur marche de protestation contre cette grève qui perdure, déploré la situation dans laquelle se trouvent certains de leurs camarades qui sont dans les régions. ‘’Il y a beaucoup d’élèves, ici au Sénégal, qui étudient dans des abris provisoires’’, regrettent-ils.

Marième Soda Ndiaye : ‘’Depuis 61 ans, nous vivons cette situation’’

Les lycéens avaient à leurs côtés des soutiens comme la députée Marième Soda Ndiaye. C’est avec le cœur meurtri qu’elle a pris la parole devant les élèves qui devaient, à cette heure, être dans les salles de classe pour étudier.  ‘’C’est vraiment une situation déplorable que nous sommes en train de vivre’’, a-t-elle regretté. Elle a d’ailleurs déposé une lettre sur la table du président de l’Assemblée nationale pour interpeller le gouvernement sur la situation et les pousser à trouver une solution durable pour sauver l’école sénégalaise.

‘’En 2009, quand j’étais au lycée des Parcelles-Assainies, nous avions vécu cette même situation. Depuis 61 ans, nous vivons cette situation de manque d’écoles ; nous étudions dans des abris provisoires. Aujourd’hui, nous avons un gap de 330 000 pièces de tables-bancs dans un pays où on vote un budget de 600 milliards. Ce n’est pas normal’’, a dit la plus jeune députée du Sénégal. C’est pour cette raison qu’elle s’est déplacée pour interpeller encore une fois le gouvernement du Sénégal pour qu’il trouve des solutions structurelles tendant à sauver l’école.

‘’Nous continuerons d’être aux côtés de ces élèves, parce que leur place est à l’école. Et comme ils l’ont scandé tout à l’heure, ‘Nous voulons étudier !’, le message ne s’adresse pas seulement aux enseignants. Il s’adresse aussi au président de tous les Sénégalais’’, dit-elle.

‘’Monsieur Macky Sall, aujourd’hui, pendant que les enfants des haut d’en haut sont à l’école, les enfants des bas d’en bas sont dans la rue. Monsieur le Président, nous vous avons tous élu ; vous êtes le Président de tous les Sénégalais et vous le scandez partout. A la tribune des Nations Unies, à la tribune de l’Union africaine, vous avez dit que vous voulez un Sénégal de tous et pour tous. Le Sénégal de tous et pour tous commence par la garantie d’une bonne éducation aux enfants’’, a poursuivi Mme Ndiaye. 

La députée rassure qu’elle reste disponible à l’endroit des élèves, estimant que la société sénégalaise doit se construire dans la solidarité et dans l’égalité des chances.

Le leader du Frapp, Guy Marius Sagna et ses compagnons étaient aussi venus exprimer leur solidarité aux élèves des écoles publiques du département de Dakar. Lui et ses camarades ont mêlé leurs voix à celles des écoliers pour dire ‘’Y en a marre !’’. Pour Guy Marius Sagna, ces élèves ont montré encore une fois qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. Appréciant leur initiative, il dit : ‘’C’est vrai, ils sont jeunes, mais ils ont montré courage, responsabilité, détermination, mais aussi patriotisme. Parce qu’ils se battent pour eux, mais également leurs petits frères. Ils se battent pour toute l’éducation sénégalaise et pour le développement de ce pays. Parce que point de développement sans une école qui marche, sans une école où les élèves ont la meilleure qualité d’enseignement.’’

En outre, Guy Marius Sagna déplore le fait que le Frapp ait été obligé de déposer sur la table du préfet de Dakar une lettre d’information en son nom pour qu’enfin, ce dernier daigne autoriser la manifestation des écoliers.  ‘’A plusieurs reprises, ces élèves-là ont voulu manifester et cela leur a été interdit. C’est tout simplement inacceptable, parce qu’ils ont le droit de vouloir manifester. La prochaine fois, nous souhaitons que les élèves déposent eux-mêmes leur lettre et que leur marche soit autorisée’’, demande-t-il.

 En effet, les élèves promettent d’envahir les rues à nouveau, si la situation ne s’améliore pas.

Pour rappel, les syndicats d’enseignants demandent au gouvernement sénégalais de respecter les accords signés en 2018. Lors des négociations, l’Etat a posé 69 milliards de F CFA sur la table, mais les syndicats d’enseignants ont refusé. Et samedi dernier, le gouvernement a encore ajouté jusqu’à atteindre les 90 milliards de F CFA.

Mais après avoir consulté leur base, les syndicalistes n’ont pas accepté de lever le mot d’ordre de grève, bien qu’ils considèrent que ‘’l’Etat a consenti des efforts’’.  

BABACAR SY SEYE

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