Les sages-femmes demandent plus de sécurité
Les sages-femmes du Sénégal ont marché, hier, pour dénoncer les multiples violences dont elles sont victimes. Elles menacent d’organiser une journée sans sage-femme dans les maternités, si les autorités ne les mettent pas en sécurité.
Les allées du Centenaire étaient colorées en rose, hier. Les sages-femmes d’Etat du Sénégal ont marché, de la place de la Nation à la RTS, pour réclamer beaucoup plus de sécurité. Toutes vêtus de blouse rose, elles manifestent contre les agressions, les violences auxquelles elles font face.
Selon la présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal, plusieurs fois, elles ont interpellé les autorités sur les multiples agressions verbales, physiques, mais aussi les tentatives de viol qu’elles subissent depuis plusieurs années. Pour Bigué Bâ Mbodj, les sages-femmes travaillent dans des conditions très difficiles, surtout la nuit et dans des zones où il n’y a pas de sécurité. ‘’Nous voulons aujourd’hui, avant qu’une sage-femme ne perde la vie dans l’exercice de sa profession, que les autorités puissent nous donner la sécurité dont on a besoin. On ne demande pas grand-chose. Nous refusons qu’on nous viole, qu’on nous agresse. Nous sommes en train de nous organiser. Nous n'écartons pas une journée sans sage-femme dans les maternités. Parce que trop, c’est trop ! Notre vie n’a pas de prix’’, fustige Mme Mbodj.
Poursuivant, elle précise que les sages-femmes veulent travailler, parce qu’elles sont des amazones qui luttent contre la mortalité maternelle et néonatale. ‘’Nous avons accepté d’aller dans les régions les plus reculées du Sénégal. Partout où vous allez dans les localités les plus lointaines, vous trouverez des sages-femmes appelées ‘agents communautaires’, parce qu’elles ne sont pas recrutées et elles gagnent des sommes dérisoires’’, dénonce-t-elle.
Après Aida qui a été agressée à Kolda, explique-t-elle, elles ont alerté, mais rien n’a été fait. Il y a eu aussi un autre cas à Sédhiou où la sage-femme Rokhaya a été rouée de de coupe-coupe par un ‘’kankourang’’. A Joal, énumère la présidente, une autre sage-femme a échappé à une tentative de viol et son bourreau l’a assénée des coups de couteau, à tel point qu’elle a fini en réanimation à l’hôpital. ‘’Récemment à Diana Malari, une autre collègue sage-femme a été agressée. Et toujours, rien n’a été fait pour dissuader ces malfaiteurs. Tous les professionnels de la santé ont fait des déclarations pour dénoncer cet état de fait, mais les autorités sont restées muettes. Il faut que les populations sachent que nous ne sommes pas leur ennemi. Nous sommes là pour lutter contre la mortalité maternelle et néonatale. Mais nous n’allons pas rester les bras croisés jusqu’à ce qu’une sage-femme meurt dans l’exercice de son métier’’, prévient Bigué Bâ Mbodj.
VIVIANE DIATTA