Publié le 12 Jul 2022 - 14:29
CAMPAGNE ÉLECTORALE

Les avertissements de Macky Sall sur la violence et les nervis

 

Le président de la République s’est exprimé en faveur d’élections apaisées, dans le calme. Après avoir prié à la grande mosquée de Dakar, à l’occasion de la célébration de la fête de Tabaski, Macky Sall a indiqué avoir donné des instructions pour que le scrutin se passe sans heurts.

 

‘’La durée de la campagne électorale n’est pas une période de non droit’’. Ce rappel a été fait aux hommes politiques par le président de la République Macky Sall, lors de son discours à l’occasion de la célébration de la Tabaski. Après avoir prié à la grande mosquée de Dakar, Macky Sall a invité ses alliés et adversaires dans la course aux sièges de la 14ème législature à bannir la violence. Car, ‘’l’Etat restera vigilant pour que cette période de 21 jours soit une période de campagne électorale et non une période de campagne de violence. Et qu’au 31 juillet, tous les citoyens qui le désirent puissent se rendre dans les urnes et exprimer leur vote, comme nous l’avons toujours fait’’, affirme le chef de l’Etat. Qui s’exprimait au premier jour de la campagne électorale en vue des élections législatives du 31 juillet 2022.

L’occasion était belle, car le pays traverse une tension politique préoccupante, depuis le début des dépôts de candidature. L’accalmie notée, ayant permis aux sénégalais de passer la fête de Tabaski en toute quiétude, est due à l’intervention de nombreuses forces vives de la nation, pour amener une partie de l’opposition à sursoir à ses appels à manifester et à aller aux élections, malgré l’élimination de sa liste de titulaires sur le scrutin proportionnel.

Toutefois, la campagne électorale rime souvent avec violence au Sénégal. Les heurts occasionnés par l’interdiction d’une manifestation de l’opposition, le 17 juin dernier, ont fait 3 morts. L’arrivée de la campagne électorale dans ce contexte n’a fait qu’accentuer le sentiment d’inquiétude sur des débordements violents. D’autant plus qu’à l’approche de cette période, beaucoup de jeunes surentraînés et de lutteurs investissent le champ politique pour faire office de garde du corps ou nervis. Une tendance qui amène souvent la violence dans la campagne, à cause du manque de formation et d’expérience de ces jeunes dans le domaine de la sécurité rapprochée. Ainsi, le président de la République a appelé à ‘’surtout éviter les bagarres occasionnées par la rencontre de caravanes de campagne de camps politiques rivaux, le recrutement de personnes qui sèment la terreur et la désolation.’’

Macky évoque les nervis…

Pourtant, ces gros bras sont souvent identifiés aux côtés des formations politiques qui gravitent autour du pouvoir. Préoccupés par les actes de violence qui ont eu lieu dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle du 24 février 2019 et qui ont entrainé des morts à Tambacounda, la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), Article 19 Sénégal/Afrique de l’Ouest, le Congad et Amnesty International Sénégal rappelaient aux candidats et coalitions l’obligation qui leur incombe d’appeler leurs militants et sympathisants à respecter la liberté de manifestation, d’expression et d’opinion des adversaires politiques et de renoncer à tout recours à la violence.

Ces organisations de la société civile s’exprimaient ainsi, car, des heurts ayant opposé les partisans d'El Hadji Issa Sall, candidat du Parti de l'unité et du rassemblement (PUR) à ceux du président sortant, Macky Sall, avaient fait 3 morts. Lors de ces heurts, un bus transportant des journalistes chargés de la couverture de la campagne dans cette localité avait été pris d'assaut par des militants venus s'en prendre aux journalistes accompagnant le convoi d'un parti politique adverse. Huit des occupants du véhicule avaient été blessés.

Parfois, ces gros bras sont même aux côtés des forces de l’ordre. Lors des heurts de mars 2021, des nervis armés de bâtons et de gourdins accompagnaient, à bord de pickups non immatriculés, les forces de l’ordre pour s’en prendre aux manifestants.

Dans tous les cas, le président de la République a averti tous ceux qui seraient tentés, par n’importe quel moyen que ce soit, de verser dans la violence, lors de ces 19 prochains jours. ‘’Les instructions ont déjà été données au ministre de l’Intérieur, au ministre des Forces armées pour que la sécurité soit assurée partout sur le territoire national, afin que le vote se passe dans le calme et la sérénité’’, assure Macky Sall.

Un arrêté ministériel interdit le port d’armes

Comme à l’accoutumé, durant les périodes de campagne électorale, le ministre de l’Intérieur a pris un arrêté interdisant, ‘’sur l’ensemble du territoire national, dans la période allant du 30 juin 2022 au 30 août 2022, le port d’armes de toutes catégories et de matières explosives’’. Durant ces 2 mois, dispose le texte, ‘’aucune arme, munitions ou matière explosive, de quelque nature que ce soit ou catégorie, ne devra être portée ou transportée hors des domiciles, lieux de travail ou stockage’’.

Lors de son discours, le président de la République a rappelé aux parents leurs responsabilités dans l’éducation des jeunes. Selon lui, ‘’la chaîne de transmission de nos valeurs éducatives, civilisationnelles et religieuses est rompue, car, nous n’avons plus assez de temps à consacrer à l’éducation de nos enfants. Mais, les parents ont cette responsabilité. Cependant, les enfants sont abandonnés face aux réseaux sociaux et cela crée le désordre. Ces derniers sont des moyens de communication de masse et ne doivent pas servir de canaux pour porter atteinte à l’honorabilité des gens, à la paix et à la stabilité du pays. L’Etat a un rôle, mais, le premier incombe aux parents.’’

Macky Sall a prié pour la paix en Ukraine et pour la fin de toutes les conséquences économiques et sociales qu’elle occasionne dans le monde. Il a aussi invité les parties prenantes de ce conflit à privilégier les solutions pouvant mener à la paix. Car, estime-t-il, ‘’ce n’est pas en donnant des armes à une personne qui se bat que l’on montre une volonté de résolution pacifique.’’  

Lamine Diouf

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