Macky Sall droit dans ses bottes !

Entre redites, mesures nouvelles et rappels de vieux chantiers, le moins que l’on puisse dire, c’est que le président de la République n’a pas surpris son monde, lors du discours à la Nation. Il a préféré, en lieu et place des questions qui fâchent, s’appesantir sur son vieux répertoire, avec des annonces sur la lutte contre la vie chère, les projets d’infrastructures…
‘’L’année 2022 s’achève comme elle a commencé’’, dixit le président de la République Macky Sall. Ses discours aussi s’achèvent comme tous les autres ou presque. A quelques exceptions près, le champ lexical du Président Sall n’a pas varié. Comme dans tous ses discours, il aborde : l’impact de la pandémie, la guerre en Ukraine, la résilience de l’économie, la croissance, et tutti quanti. N’en déplaise à ses détracteurs, le chef de l’Etat semble on ne peut plus fier de son bilan. Il déclare, un brin satisfait : ‘’Malgré cette situation difficile (les crises), où nombre de pays sont en stagnation ou récession, notre économie reste résiliente. Le classement de World Economics, qui fait autorité en matière de données statistiques, reconnait en effet le Sénégal comme pays à la croissance la plus régulière sur la décennie 2011-2021.’’
A entendre le Président, on serait tenté de croire que les signaux de l’économie sont au vert. Cette année, énumère-t-il pour se réjouir, le déficit budgétaire s’est rétréci ; le taux de croissance établi à 4,8 % devrait atteindre un niveau ‘’sans précédent’’ de 10% en 2023, avec le début d’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières... Ce n’est pas tout. Le Président Macky Sall ajoute et félicite les régies financières : ‘’Nos recettes intérieures ont augmenté de 23% au cours de l’année 2022, grâce à la bonne performance de nos régies financières qui ont réussi un taux de recouvrement plus que satisfaisant de 90% par rapport à l’objectif fixé. Ces efforts nous ont donné plus d’autonomie budgétaire, en permettant de couvrir 85% des dépenses publiques internes de l’Etat.’’
Du point de vue de la gouvernance, il n’y a presque rien à signaler dans le discours du Président. C’est du bout des lèvres qu’il daigne mentionner le rapport de la Cour des comptes sur la gestion de la covid ; rapport sur lequel il était pourtant très attendu. ‘’L’exploitation du rapport de la Cour des comptes sur la gestion financière de la pandémie de COVID-19, annonce-t-il, suivra son cours conformément aux dispositions légales et réglementaires en la matière...’’ Une phrase, c’est tout. Macky Sall passe à autre chose.
Beaucoup de redites
Comme un candidat à une élection présidentielle, le président de la République liste des mesures sociales qui semblent lui tenir particulièrement à cœur et sur lesquelles il s’est de nombreuses fois prononcé. Il en est ainsi de la lutte contre la vie chère ; de l’amélioration du pouvoir d’achat ; de l’augmentation des bourses de sécurité familiales et sociales… Selon lui, le Gouvernement a consacré un montant cumulé de 236 milliards FCFA à l’augmentation des salaires ; plus de 750 milliards à la subvention des prix du carburant, du gaz et des denrées de première nécessité… L’Etat, estime-t-il, a également renoncé à 157 milliards de recettes fiscales sur des produits importés comme le riz, le blé, le maïs, le sucre et l’huile, afin d’éviter leur renchérissement pour le consommateur, en sus d’avoir consenti un soutien direct à 543 000 familles vulnérables par transfert d’argent pour plus de 43 milliards FCFA.
En 2023, promet le chef de l’Etat, l’effort de protection sociale sera renforcé avec la mobilisation de plus de 450 milliards au titre des subventions des produits alimentaires et énergétiques. Toutefois, fait-il remarquer, les subventions sur le carburant et l’électricité seront ajustées et mieux ciblées en faveur des couches sociales les plus nécessiteuses. Dans la même veine, il affirme : ‘’Les bourses de sécurité familiale seront portées de 25 000 à 35 000 fcfa par trimestre et élargies à de nouveaux bénéficiaires sur la base de critères de vulnérabilité.’’ Pour lui, cela montre à suffisance que ‘’le Gouvernement reste dans le temps de l’action, de la sensibilité sociale par la veille, l’écoute et la proximité ; mais également de l’offensive économique.’’
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Entre vœux pieux et grandes réalisations
Outre ces mesures sociales et résultats économiques, le président de la République a rappelé certains investissements structurants dans les domaines comme l’agriculture, les infrastructures, mais aussi des vœux pieux comme la souveraineté alimentaire.
Avec de vieilles ambitions qui sonnent comme des éléphants blancs à l’instar de la souveraineté alimentaire agitée depuis 2012, le président de la République entend sortir les Sénégalais de la pauvreté et de la dépendance alimentaire. ‘’Le combat pour la souveraineté alimentaire’’, soutient Macky Sall, reste un objectif de premier plan. Comme pour convaincre de sa bonne foi et des efforts déployés dans ce sens, il ajoute : ‘’En trois ans, le budget de la campagne agricole a doublé, passant de 40 milliards de FCFA en 2019 à plus de 80 milliards en 2022, pour soutenir les producteurs en semences, engrais et matériels agricoles.’’ Si on l’en croit, ces investissements ont porté leurs fruits.
Cette année encore, répète-t-il, grâce à l’intensification de nos efforts et une pluviométrie abondante, les récoltes sont satisfaisantes, avec plus de 3,6 millions de tonnes pour les céréales et 1,5 million respectivement pour l’arachide et les produits horticoles. Il espère faire encore mieux avec les nouveaux aménagements hydro-agricoles en cours, une meilleure maîtrise de l’eau et le développement progressif des Agropoles, des Domaines agricoles communautaires et des fermes Naatangué et Waar-Wi. Paradoxalement, ces chiffres revendiqués avec fierté sont difficilement visibles à travers la Balance commerciale encore largement déficitaire. Les exemples les plus éloquents étant les importations en riz qui ne faiblissent pas et les difficultés chaque année pour les huileries locales à trouver de la matière première.
Au chapitre des infrastructures, le président de la République annonce 60 chantiers qui sont actuellement en cours d’exécution, mettant à contribution le secteur privé national et une main d’œuvre intensive. Il s’agit, entre autres : de la ligne du BRT entre Guédiawaye et Dakar ; de la 2e phase du TER, entre Diamniadio et AIBD ; de la route du Daandé maayo ; de l’axe Kidira-Bakel ; de l’autoroute du Nord Dakar-Tivaouane-Saint-Louis, dont les travaux démarrent en 2023… Toujours dans ce chapitre, il y a le Programme de Connectivité des Zones de Production Agricole, dans les régions de Kaffrine, Kaolack et Thiès, dont le montage financier est bouclé ; le Programme Spécial de Désenclavement qui mobilisera à terme 60 entreprises nationales et générera 50 000 emplois.
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INFRASTRUCTURES SOCIALES DE BASE
Ces autres priorités du Gouvernement
Par ailleurs, l’accès universel à l’électricité semble aussi tenir à cœur le président de la République. Une ambition largement à portée avec l’exploitation prochaine des hydrocarbures. Selon le chef de l’Etat, les travaux du projet pétrolier Sangomar et du projet gazier GTA sont exécutés respectivement à 71% et 85%, avec la participation d’entreprises et de main d’œuvre sénégalaises ; donnant plein effet à sa politique de contenu local. Dans le même sillage, la SENELEC a renforcé ses capacités avec la mise en service de la centrale électrique de Malicounda et la quote-part de l’Etat a été portée à 33% dans la centrale hydroélectrique de Gouina. ‘’A cela s’ajoutent, informe le Chef de l’Etat, le nouveau Programme d’installation de 115 000 lampadaires solaires, prioritairement dans les communes non bénéficiaires de la première phase, et l’électrification de 2000 villages au titre de la phase 2 du PUDC.’’
Tout comme l’électricité, l’eau et l’assainissement restent au cœur des priorités présidentielles. Outre la réalisation du Projet d’alimentation en eau potable des îles de la Basse Casamance qui est effective, selon lui, les travaux de la première phase de l’usine de dessalement d’eau de mer des Mamelles ont également été lancés. Un chantier qui sera suivi par celui du dessalement d’eau de mer sur la Grande Côte, pour 300 000 m3 par jour, extensibles à 400 000 m3, afin de couvrir les besoins de Dakar, Thiès et Mbour. Il en sera de même du projet d’exploitation des eaux de surface du bassin de Nanija Bolong, dans le Département de Koungheul ; soit 46 millions de m3 par an, pour mettre en valeur 12 000 hectares et arrêter l’avancée des eaux salées. Un financement de 156 milliards FCFA sera également mobilisé pour la première phase de l’ambitieux Projet de Renforcement de la Résilience des Écosystèmes du Ferlo (le PREFERLO), qui consiste à transférer 680 millions m3 par an du lac de Guiers vers la zone du Ferlo, sur un linéaire de 214 km, entre Keur Momar Sarr et Ranérou.
En matière d’assainissement, le Président rappelle d’importants chantiers en cours. Il en est ainsi de la finalisation des travaux de renforcement des capacités de la station de Cambérène ; du lancement du projet de renouvellement du collecteur Hann-Fann pour régler une vieille préoccupation des communes de Hann, Fann-Point E-Amitié, Grand Dakar, Biscuterie, Mermoz-Sacré-Cœur, Sicap Liberté, Dieupeul-Derklé, Grand Yoff et des HLM ; enfin de la poursuite du Programme d’assainissement des villes de Dakar, Kaolack, Louga, Matam, Pikine, Rufisque, Tambacounda, Saint Louis, Tivaouane et Touba.
Dans la même veine, le chef de l’Etat est revenu sur les investissements importants dans l’éducation, avec notamment l’inauguration de l’Université Amadou Mahtar Mbow ; le démarrage des classes préparatoires aux grandes écoles ; la finalisation des travaux de construction de l’Université El hadji Ibrahima Niasse ; le renforcement des capacités de l’Université Virtuelle du Sénégal, avec la construction en cours 46 Espaces Numériques Ouverts ; le démarrage des enseignements du campus franco-sénégalais…
Aussi, note-t-il, le projet de construction, à compter de 2023, de 22 lycées et collèges dans les régions de Dakar, Thiès, Kaolack, Kaffrine et Sédhiou ; la mise en œuvre du Programme d’urgence de réhabilitation de plusieurs lycées historiques, notamment Blaise Diagne, Seydina Limamou Laye, Seydou Nourou Tall et John Fitzgerald Kennedy de Dakar ; El Hadji Malick Sy de Thiès ; El Hadj Oumar Foutyou Tall et Charles de Gaulle de Saint Louis ; Valdiodio Ndiaye de Kaolack et Djignabo de Ziguinchor.
Le président de la République a, en outre, magnifié les 205 000 bénéficiaires de la DER/FJ ; le soutien aux cultures urbaines, les travaux de la polyclinique de l’hôpital Principal, la construction de l’hôpital Aristide Le Dantec et celle du Centre national d’oncologie de Diamniadio pour le traitement du cancer.
MOR AMAR