Publié le 12 Apr 2023 - 16:37
RÉVISION EXCEPTIONNELLE DES LISTES ÉLECTORALES

Les inquiétudes de Pastef

 

Le parti politique Pastef regrette  les ‘’manigances’’ et les problèmes  qu’il a  notés  au Sénégal et dans la diaspora, dans le cadre de la révision exceptionnelle des listes électorales. Il dénonce une volonté de priver des Sénégalais du droit de voter.

 

Le Bureau politique de Pastef/Les patriotes a tenu un point de presse pour parler de la révision exceptionnelle des listes électorales en cours depuis le 6 avril dernier et qui se poursuit jusqu’au 2 mai 2023. Ce, pour dénoncer les problèmes qu’ils rencontrent à ce sujet.

‘’Pendant cette révision, nous avons noté plusieurs problèmes, particulièrement ici au Sénégal. Il y a des mairies qui s’organisent pour bloquer la production de certificats de résidence pour les primo-votants, parce que c’est un sésame nécessaire pour certains cas’’, alerte le Dr Lamine Sané, secrétaire national chargé de la gestion de la l’appareil électoral et du suivi des opérations électorales. Il a nommément cité la commune de Mbao. ‘’Les demandeurs, dit-il, sont renvoyés à cinq, voire six jours après leur demande de certificat de résidence’’.  Le parti de l’opposant Ousmane Sonko a également noté des cas de rétention d'informations dans des sous-préfectures.

Selon ses membres, des sous-préfets ont intimidé à des présidents de commission administrative de la révision de ne pas partager les statistiques acquises journalièrement.

 L’autre problème important évoqué par rapport à la révision exceptionnelle des listes électorales est l’exclusion de pays de la diaspora. La procédure de désignation de ces pays part d’une proposition du ministère des  Affaires étrangères qui est consolidée par le ministère de l’Intérieur. Cette liste est partagée aux partis de l’opposition qui ont listé six pays exclus sur lesquels ils comptent, considérant qu’il s’agit de leurs bastions. Il y a le Japon, le Liban, le Koweït, l’Égypte, la Suisse et l’Argentine.

‘’Ce qui nous rend le plus inquiet, c’est que lors de la publication de la première liste, le Japon, le Koweït, et la Suisse y figuraient. Mais lors de la stabilisation de la liste, ces pays ont disparu de la liste finale’’, explique le Dr Sané qui demande les critères de désignation des pays, regrettant par la même occasion le fait que des Sénégalais soient ‘’privés’’ du droit de s’inscrire sur les listes électorales, de voter. ‘’Nous dénonçons ces décisions qui sont prises unilatéralement, qui n’ont qu’un seul but politique. Le comble, c’est qu’il y a des consulats qui se trouvent au niveau de la diaspora, qui ont pris contact avec nos plénipotentiaires désignés être des représentants du parti au niveau des ambassades et des juridictions. Ils informent qu’il se pourrait que ces pays qui sont exclus de cette révision soient exclus de la liste de pays où l’élection présidentielle se déroulera. C’est le moment pour nous, en tant que parti, d’alerter l’opinion sur cette volonté d’écarter des Sénégalais qui ont le droit de participer à élire le futur président du Sénégal’’, fulmine M. Sané. Poursuivant, il renseigne qu’à ce jour, il y a toujours des pays où la révision exceptionnelle n’a pas encore démarré.  De plus, à l’en croire, à Milan et à Lille, il est constaté dans le calendrier qu’il n’a été réservé qu’une seule journée pour ces villes-là.

En outre, Pastef regrette avec amertume le manque de communication qu’il y a durant cette période de révision : pas de spot télévisé, pas de panneau publicitaire, pas de spot radio, afin de pousser les Sénégalais à s'inscrire. ‘’Depuis l’avènement de ce régime en 2012, le constat est fait. L’État ne communique pas avec les Sénégalais pour les sensibiliser, lorsqu’il y a de grandes opérations qui ont l’envergure d’une révision exceptionnelle des listes électorales ou de vote’’, souligne le Dr Lamine Sané.  Sa conviction est que l’État a la volonté de faire de telle sorte que les Sénégalais ne s’inscrivent pas en masse.

Ainsi, il regrette la courte durée durant laquelle se déroule la révision des listes électorales. ‘’Ils savent que si la période est assez longue, les jeunes qui sont mobilisés depuis les dernières révisions pour pouvoir s’inscrire sur le fichier et voter occupent une grande partie de l’électorat. Ces jeunes sont majoritairement sensibles au projet de Pastef’’, soutient-il.

D’ailleurs, le parti Pastef/Les patriotes regrette le retard qu’il y a eu dans la prise du décret qui fixe la date de l’élection présidentielle. Décret dont l’opposition et plusieurs organisations de la société civile ont fustigé le retard dans sa publication. ‘’On l’attendait au moins une année avant l’élection présidentielle. Il est sorti le 16 février 2023’’, regrette le Dr Sané. Pourquoi la prise de ce décret inquiète ?  ‘’Ce décret qui déclenche le processus électoral. C’est à partir de ce décret que l’ensemble des opérations du processus sont calées. Il y va de la désignation des personnels de représentation et de sécurisation des bureaux de vote ; il y va de la période qui est définie pour le parrainage, etc.’’, souligne-t-il. D’après M. Sané,  le retard qu’a pris ce décret a une autre conséquence sur le décret pris et qui devait fixer la période de la révision des listes électorales.

Révision exceptionnelle et la durée jugée courte

De plus, il dénonce la décision du gouvernement d’organiser une révision exceptionnelle des listes électorales à la place d’une révision ordinaire. ‘’On s’attendait à l’organisation d’une révision ordinaire qui est fixée par le Code électoral et qui devrait durer six mois’’, dit-il. Une des raisons pour lesquelles les membres de l’opposition s’attendaient à une révision ordinaire est que, depuis 2015, ce type de révision n’a pas été organisé. Or, il y a eu des années non électorales qui se sont succédé, particulièrement en 2020 où il devait y avoir une révision ordinaire. ‘’En 2021 et en 2022 pendant lesquelles les Législatives et les Locales ont été organisées, il y a eu des révisions exceptionnelles. L’une ayant duré 45 jours pour les élections locales l’autre, pour les Législatives, 21 jours’’, souligne M. Sané.  Il relève un ‘’problème’’ dans la définition de cette révision exceptionnelle : le Code électoral précise que la seule personne censée en décider est le président de la République.

L’opposition, regrette M. Sané, n’a ni son mot à dire ni son avis à donner. ‘’En tenant compte de la révision exceptionnelle organisée en 2018 qui avait une durée deux mois, des deux révisions exceptionnelles en 2021 et en 2022, nous considérons que le temps est toujours insuffisant pour permettre aux Sénégalais de s’inscrire massivement’’, pense-t-il.

‘’L’audit du fichier électoral qui a été fait en 2021 et d’autres analyses qui ont été produites par des structures de la société civile nous ont informés qu’il n’y a pas moins de 2 millions de jeunes Sénégalais primo-inscrits qui sont censés figurer sur la liste électorale, alors qu’ils n’y sont pas’’, poursuit le porte-parole du jour du Pastef.

Pour Lamine Sané, tous ces faits devaient pousser l’État à organiser une révision ordinaire qui aurait dû s’étendre du 1er février au 31 juillet, afin de permettre à ces jeunes Sénégalais de s’inscrire massivement sur les listes électorales. ‘’Ce choix de faire une révision exceptionnelle est pour nous, Pastef/Les patriotes, une manière de priver les Sénégalais leur droit de s’inscrire sur les listes électorales. Pour nous, il serait important, pendant ces moments de décision aussi importants pour l’avenir du pays, que l’opposition ou la société civile soit impliquée dans des discussions qui pourraient aider à définir une durée assez suffisante pour permettre aux Sénégalais de s’inscrire sur les listes électorales’’, conclut le Dr Lamine Sané.

BABACAR SY SEYE

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