Publié le 4 Jul 2023 - 21:41
DATY NIANG, ACTEUR, PRODUCTEUR, YOUTUBEUR

“Je veux faire de ‘Yaakkaru Talibé’ un long métrage”

 

Cheikh Sidath Niang, connu sous le nom de Daty Niang, n’est plus à présenter au public. Il est célèbre grâce à ses contenus sur YouTube et a figuré dans des spots publicitaires. Daty Niang est aussi acteur et réalisateur. Il a récemment participé au Mobile Film Festival Africa à Rabat (au Maroc) où le personnage principal de son film ‘’Yaakkaru Talibé’’, Abdoul, a remporté le prix de la Meilleure interprétation masculine. Il compte faire de ce projet un long métrage et aider les enfants talibés.

 

Vous étiez au Mobile Film Festival Africa où votre film a gagné le prix de la Meilleure interprétation masculine. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

Je ne m’y attendais pas. Cela m’a fait plaisir. Celui qui joue le personnage principal dans le film n’est pas un acteur professionnel. C’est un talibé (mendiant) qui interprète le rôle  d’un  autre talibé. J’ai vu quelque chose en lui ; je me suis dit qu’il peut le faire.   Je ne me suis pas trompé sur mon choix. Je suis  vraiment ému qu’il ait eu ce prix. Je reste convaincu que si on l’encadre bien, il va devenir un jour un grand acteur.

Vous parlez de la situation des enfants talibés, un sujet récurrent. Que proposez-vous de nouveau ?

Le film parle effectivement d’un problème bien connu  en Afrique.  Ce phénomène des mendiants, nous le connaissons tous. On en trouve dans tous les pays. Au Sénégal, on les appelle les enfants talibés. Ils sont dehors, ils mendient, ils demandent de l’argent que leurs parents envoient à leurs familles qui sont dans d’autres pays. Il y a aussi ceux qui habitent ici et  que les marabouts utilisent pour avoir de l’argent. Il les envoie dans la rue et les expose à tous les dangers. Ce sont des petits qui ont des rêves, qui ont envie d’aller à l’école, de devenir footballeurs ou d’être  acteurs. Ils n’ont pas cette chance de vivre leur rêve, leur passion. Au contraire ! Ils vivent des choses atroces.

Pensez-vous que votre film peut aider à une prise de conscience ?

C’est ce que j’espère. Quand je faisais ce film, c’était pour que les gens puissent voir ce problème sous l’angle qu’il faut. C’est vrai qu’au Sénégal, il y a des talibés qui circulent partout et l’État a, à un moment, essayé de régler ce problème en les ramenant au sein de leur famille, mais cela n’a pas perduré. Aujourd’hui, les choses ont repris de plus belle. On s’en rend moins compte, parce que les talibés ne mendient pas en ayant des pots comme c’était le cas avant. Il n’empêche, le problème est là, plus accru. J’espère que les gens verront ce film et que l’État et les autres pourront faire quelque chose par rapport au problème de la mendicité, des enfants talibés.  

Le personnage principal n’est pas un acteur professionnel. Comment l’avez-vous encadré  pour jouer devant la caméra ?

Abdou, je ne l’ai pas vraiment coaché. Il n’interprète pas vraiment un personnage. Il est ainsi dans la vraie vie. C’est un petit qui est calme. Je le vois chaque fois que  je descends de mon immeuble. On discute. Il ne parle pas wolof, il est peul et c’est son ami qui traduit pour lui. Il m’a une fois dit qu’Abdou voulait être comme moi, un acteur. Je lui ai dit sur le coup de me faire quelque chose pour voir. Il a marché,  il a fait quelques trucs et je me suis rendu compte qu’il avait quelque chose à faire voir, à faire valoir. Cela s’est fait naturellement. Je  lui ai expliqué comment les choses devaient se passer et il a pu facilement faire ce que j’attendais de lui. Il est passionné et fasciné par le cinéma. Les petits talibés connaissent toutes les séries sénégalaises. Ils les  suivent toutes. C’était très bien de bosser avec lui sur ce film.

C’est un court métrage d’une minute que vous avez fait. Est-ce qu’on peut espérer un format de sept ou 13 minutes, voire plus ?

Le projet de ‘’Yaakkaru Talibé’’ est un long métrage. On est en train de chercher des financements et voir s’il est possible d’avoir l’international sénégalais de football  Sadio Mané pour une apparition. On mettra en avant le rêve d’un enfant de voir Sadio Mané, d’avoir le maillot de l'équipe nationale, d’aller au stade regarder son premier match. Pour cela, il va collecter un peu d'argent pour essayer de faire cette aventure du maillot et aller  jusqu’au stade  voir Sadio Mané. Si l’on ne peut pas en faire un long métrage, on va essayer de le faire en court et essayer de le diffuser dans les salles de cinéma et de chercher ainsi assez de sous pour aider ces jeunes talibés.

 Vous avez rencontré d’autres créateurs, réalisateurs, de potentiels partenaires. Quels sont vos projets ?

J’ai vu beaucoup de gens qui ont adoré mon film et qui sont prêts à aider. Je remercie tous ceux qui sont au Sénégal et  qui nous ont aidés à participer à ce festival.

                       NDEYE KHOUDIA DIENG (STAGIAIRE)

et Ulvaeus Balogun (Correspondance particulière)

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