Publié le 6 Jul 2023 - 18:51
243 MIGRANTS INTERCEPTÉS, DONT 15 CAPITAINES ET 3 ORGANISATEURS

Le joli coup de la DNLT  

 

Entre le 27 juin et le 1er courant, l’antenne de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants, une entité de la Direction de la police de l'air et des frontières de Mbour et Dakar, a intercepté deux pirogues qui avaient à leur bord 243 migrants, dont 146 Sénégalais. Cette opération a permis de mettre la main sur 15 capitaines et trois organisateurs.

 

Pour faire à face au phénomène de l’émigration irrégulière qui continue de faire des victimes au Sénégal, la Direction générale de la police nationale a mis sur pied une structure dénommée Division de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées (DNLT), une entité de la Direction de la police de l’air et des frontières (DPAF). Entre le 27 juin dernier et le 1er juillet, elle a intercepté 243 migrants, dont 146 Sénégalais et 101 Gambiens qui se trouvaient dans deux pirogues en partance pour les iles Canaries, à Mbour et à Dakar.

Ces opérations, renseignent nos sources, ont permis de mettre la main sur 15 capitaines et trois organisateurs qui ont été déférés au parquet de Mbour et de Dakar pour les faits d’association de malfaiteurs, trafic de migrants.

S’agissant de la première pirogue, l’antenne de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants de Saly, exploitant une information faisant état du départ imminent d’une pirogue vers l’Espagne, a réussi à localiser et à interpeller l’organisateur, à Saly. Les policiers ont aussi mis la main sur le conducteur de la petite pirogue qui assurait la navette entre la plage et la grande pirogue qui avait mouillé au large. C’était le 27 juin dernier.

Parallèlement, soulignent nos interlocuteurs, la Marine sénégalaise a réussi à intercepter une autre pirogue à bord de laquelle avaient déjà embarqué des migrants qui attendaient l’arrivée des capitaines pour les conduire en Espagne. Il y avait 107 individus à bord, dont 106 Sénégalais (11 mineurs et deux filles) et un Gambien. Les marins, souligne-t-on, ont été informés par la DNLT.

L’enquête ouverte et l’audition des candidats ont permis aux enquêteurs d’avoir des pistes qui ont conduit à l’arrestation de six capitaines de pirogue.

La deuxième pirogue, indiquent nos interlocuteurs, a été mise à disposition des limiers de la DNLT, le 1er juillet, par la Marine sénégalaise. Elle avait à son bord 136 migrants qui avaient quitté Diana, près de Kaffountine, pour rallier les iles Canaries (Espagne). Ils étaient 100 Gambiens et 36 Sénégalais. Parmi eux, treize mineurs et une fille.

Un Sénégalais établi en Allemagne au cœur de ce réseau

Également, l’enquête a permis de savoir que le cerveau de ce trafic est un Sénégalais établi en Allemagne depuis plus de sept ans. Nos sources indiquent que l’audition de deux des organisateurs et celle de huit capitaines a permis de connaître les contours de réseau de passeurs. Ces derniers ont, dans un premier temps, tenté de nier leur implication dans cette affaire. Mais ils ont fini par avouer leur rôle, avant de faire des confidences sur celui qui est à la tête de ce réseau.

Selon nos sources, des recherches sont en cours, en vue d’identifier formellement le cerveau et de mieux cerner les contours de cette entreprise délictueuse.

À l’issue de l’enquête, les mis en cause ont été conduits, respectivement, au niveau des parquets compétents. Pour Mbour, ils sont huit, dont un organisateur et sept capitaines.  S’agissant de Dakar, ils sont 10, dont huit capitaines et deux organisateurs.

Le matériel et les vivres saisis à bord de ces pirogues sont mis à la disposition de la justice, renseignent des sources proches de l’enquête.

Quant aux candidats, ils ont été libérés, vu que devant la loi, ils n’ont commis aucune faute. Au contraire, ils sont des victimes, juridiquement parlant.

À propos de la DNTL

Il faut aussi signaler que la Division de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées (DNLT) a été créée le 15 janvier 2018. Elle traque les personnes en lien avec le trafic de migrants et réprime le trafic illicite de migrants terrestres, maritimes et aériens. Dans ce sens, elle a mis en place un dispositif de lutte contre la fraude de documents avec un personnel qualifié, du matériel approprié, à l’instar des aéroports internationaux.

Ce Bureau national de lutte contre la fraude de documents travaille de concert avec les postes frontaliers du pays et les aéroports. Il est doté de moyens techniques d’investigation (comme les outils techniques d’exploitation de données téléphoniques) et travaille, aussi, avec les pays qui jalonnent les routes migratoires (départ, transit et arrivée).

Côté maritime, les agents de la DNLT font des opérations de surveillance côtière et de patrouille mobile, en surveillant les plages de Dakar et ses environs, toutes les nuits, de minuit à 6 h, afin d’empêcher les embarcations de fortune de prendre départ à partir des côtes sénégalaises, de Dakar à Fass Boye (Kayar). Ils recherchent, identifient les passeurs et démantèlent les réseaux et filières de trafic de migrants. 

CHEIKH THIAM

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