ActionAid propose une intégration de l’éducation fiscale dans les curricula
Dans la perspective de contribuer aux réflexions et initiatives déjà en cours, ActionAid et ses partenaires, dans le cadre du projet TaxEd, conduisent des activités de renforcement de capacités, de génération de connaissance et de plaidoyer en soutien à l’action publique afin de faire de l’école publique au Sénégal une école disponible, accessible, inclusive, acceptable, adaptée et équitable. Ils plaident pour une introduction de l’éducation fiscale dans les programmes scolaires.
ActionAid et ses partenaires veulent inculquer la culture de la discipline fiscale aux enfants afin de renforcer la mobilisation des ressources. C’est dans ce cadre qu’est organisé un atelier de formation et de réflexion des communautés et des différentes familles d’acteurs au niveau local et national sur les outils de réflexion et d’action en faveur de la justice fiscale, de mise à jour du plan de plaidoyer et de partage d’expériences en faveur d’un changement pour un système fiscal juste, équitable et sensible aux services publics.
Selon le directeur pays de l’ONG ActionAid, l’introduction de modules fiscaux dans les curricula est une de leurs stratégies pour une meilleure mobilisation des ressources. Cela passe nécessairement par l’installation de comités locaux sur la justice fiscale.
‘’L'objectif, c'est de commencer à la base avec les élèves, les enfants. Parce que ActionAid travaille au niveau des terroirs et nous avons également des enfants et dans le cadre de nos séances de formation et de sensibilisation, nous incluons les questions de fiscalité, les questions d'impôt et nous faisons le lien entre les investissements et le payement des impôts. Et c'est pourquoi il est tout le temps important de faire des analyses croisées entre le payement des impôts et le résultat, et aussi la responsabilité de chaque acteur. C'est cela qui nous permettre de contribuer à cette citoyenneté fiscale et qu'on puisse éduquer nos enfants à pouvoir payer les impôts, mais aussi à l'État de respecter ses engagements en matière de financement du développement’’, a informé Zakaria Sambakhé.
En effet, il soutient que le Sénégal fait face à un énorme défi, en matière de mobilisation des ressources domestiques. ‘’C'est possible. Comme vous voyez, le financement de notre développement, de notre économie est fortement basé sur l'endettement, même si au niveau interne, il y a des efforts dans le cadre de la mobilisation des ressources pour financer le développement. Donc, le projet "Éducation à voix haute" est venu pour s'inscrire dans cette logique d'inviter les acteurs étatiques, les élus locaux, les communautés de manière générale à renforcer les efforts pour que nos taxes soient payées, que nos revenus soient mobilisés pour financer le développement, notamment financer l'éducation inclusive de qualité pour tous. Parce que le Sénégal a pris des engagements pour atteindre les ODD d'ici l'horizon 2030. Et pour cela, il faut des financements. Et nous nous rendrons compte que les financements se raréfient’’.
À l’en croire, ce projet vient aussi faire un plaidoyer pour qu'il y ait des financements innovants afin de pouvoir satisfaire les besoins en matière d'éducation, mais aussi de développement. ‘’Nous savons que le taux d'endettement du Sénégal est assez important. Certains disent que la barre des 70 % a été dépassée. Même si ailleurs cette dette est soutenable. Mais c'est aussi un appel que nous lançons à l'État pour que les fruits de la croissance soient redistribués de manière équitable et inclusive. On peut avoir un taux de croissance important, mais ce n'est pas redistribué de façon équitable. Il y aura toujours des inégalités et des injustices. Donc, nous pensons qu'il est temps pour que l'État continue à redoubler d'efforts dans le cadre de la mobilisation des ressources domestiques. On n'est pas contre l'endettement, mais il faut un endettement raisonnable, réaliste pour qu'on puisse compter sur nous-mêmes, parce qu'il y a des ressources internes. Que les revenus soient mobilisés’’, poursuit-il.
Poursuivant, explique-t-il, ‘’nous avons beaucoup de compagnies minières au Sénégal qui sont exonérées de taxes souvent. Ça se complique, mais il faudrait également que des efforts soient faits dans le sens d'élargir l'assiette fiscale. Qu'il y ait également la conscientisation des Sénégalais pour qu'ils payent leurs impôts, mais aussi en retour qu'ils bénéficient de services publics de qualité. Parce que si, aujourd'hui, l'État nous invite à payer nos impôts et qu'en retour on ne voit pas les investissements qui nous permettent de prendre en charge nos préoccupations sanitaires, éducatives, entre autres, ça peut être des raisons de réticences pour certaines communautés à ne pas payer les impôts’’.
Et M. Sambakhé de préciser : ‘’Nous n'encourageons pas cela. Au contraire, nous voulons qu'il y ait une citoyenneté fiscale, que les populations puissent avoir ce sens du patriotisme fiscal, mais qu'on ait aussi une bonne gestion de ces ressources de manière transparente et inclusive pour qu'à la fin de la journée, on puisse dire : voici votre argent qui a été investi, voici les résultats atteints."
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)