Publié le 21 Nov 2023 - 12:46
DÉBAT SUR LA CANDIDATURE DE BASSIROU DIOMAYE FAYE

Une légalité qui ne se conteste pas

 

Bien qu’étant en prison  et son parti politique dissous, le candidat choisi par l’ex-Pastef garde toutes ses chances pour être sur la ligne de départ des candidats retenus pour la Présidentielle du 25 février 2024.  

 

S’il y avait besoin de douter qu’Ousmane Sonko est un phénomène politique, l’engouement que suscite l’annonce du choix du candidat de son parti devrait convaincre les plus sceptiques. Depuis hier, Bassirou Diomaye Faye, choisi par le leader de l’ex-Pastef pour recueillir les parrainages de leur formation politique, en vue de la Présidentielle 2024, est sur toutes les plateformes médiatiques. Le lancement, hier, de leurs opérations de collecte de parrainages a remis le parti dissous par le ministre de l’Intérieur au-devant de la scène.

Si des questionnements ont été soulevés sur la légalité d’une candidature portée par un membre d’un parti dissous, Ndiaga Sylla assure que celle du n°2 de l’ex-Pastef ne souffre d’aucune contradiction avec les textes.

Selon l’expert électoral, pour se conformer à la loi, ‘’les candidats de l'ex-Pastef et les candidats issus des rangs de Benno Bokk Yaakaar autres que le candidat investi  sont tenus de se présenter à l'élection présidentielle sous la bannière d'un autre parti politique ou coalition de partis politiques’’. Cette précision est faite en raison de l’alinéa 3 de l’article L57 du Code électoral qui définit le statut du candidat indépendant : ainsi est considéré comme "candidat indépendant, celui qui n'a jamais milité dans un parti politique ou qui a cessé toute activité militante depuis au moins un an".

‘’La dissolution d'un parti politique n'entraîne pas la déchéance électorale de ses responsables et membres’’

Bassirou Diomaye Faye est bien particulier parmi les candidatures annoncées. Il est le secrétaire général du Pastef/Les patriotes dissous par décret n°2023-1407 du 31 juillet 2023 pour ‘’manquement aux obligations des partis politiques’’ à travers des appels fréquents de ‘’ses dirigeants et ses instances à des mouvements insurrectionnels’’.

S’il va de soi qu'un parti politique dissous n'a pas capacité à investir un candidat, Ndiaga Sylla assure que ‘’la dissolution d'un parti politique n'entraîne pas la déchéance électorale de ses responsables et membres’’. L’expert électoral ajoute que ‘’ni la loi n°81-17 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée, ni le Code des obligations civiles et commerciales (COCC), ni le Code électoral ne stipulent l'interdiction de se présenter à une élection. En matière de dissolution, la loi régissant les partis politiques fait un seul renvoi  relativement à la liquidation des biens conformément à l'article 817 du COCC’’.

Ses embrouilles administratives ont été suivies d’autres soucis avec la justice. Après un post sur Facebook intitulé ‘’La clochardisation continue’’ en référence à certains magistrats prétendus à la solde du pouvoir Exécutif, Bassirou Diomaye Faye a été placé sous mandat de dépôt pour ‘’outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions, diffamation à l’encontre de personnes en raison de leur fonction ou qualité, actes de nature à compromettre la paix publique’’.

Un autre candidat en prison

Les complications ne sont pas limitées là. En effet, après l’arrestation d’Ousmane Sonko et la dissolution du Pastef, le doyen des juges a ordonné la jonction des dossiers du maire de Ziguinchor et de Bassirou Diomaye Faye après un réquisitoire supplétif du procureur de la République. Ainsi, le n°2 sera également poursuivi pour ‘’appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État, complot contre l’autorité de l’État, actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste’’. De lourdes charges qui le maintiennent en prison, au même titre que son leader politique.

Cela n’a pas empêché sa formation politique d’en faire un plan B, en cas d’invalidation de la candidature d’Ousmane Sonko par le Conseil constitutionnel. ‘’Nous avons pensé à un plan B, parce que le président Ousmane Sonko n'est pas toujours en circuit et depuis le début de la récupération des fiches de parrainages, nous avons étalé un plan. Aujourd'hui, nous sommes en phase de déroulement de notre plan. Celui-ci n'est  qu'une étape parmi tant d'autres. Nous avons compris que le régime en place a, comme but, de nous retarder au niveau des parrainages et nous nous sommes levés avec nos plans pour leur faire comprendre qu'il n'est pas question’’, explique Abass Fall, le coordinateur de l’ex-Pastef à Dakar.  

À 21 jours de la date de dépôt des parrainages citoyens, Ndiaga Sylla fait comprendre que ‘’la candidature peut être portée par un parti politique, une coalition de partis politiques ou une entité regroupant des personnes indépendantes’’.

Ousmane Sonko, dont la candidature reste une bataille entre ses partisans et l’État du Sénégal, et Bassirou Diomaye Faye sont sur le même cas de figure. Tous deux devront trouver une entité politique pour porter leur candidature. Un défi en perspective pour la coalition Yewwi Askan Wi dont le chef de file de l’ex-Pastef n’est pas le seul leader d’envergure.  

Bassirou Diomaye Faye traité de ‘’salafiste’’ par un député de BBY

Aussitôt annoncé par ses partisans, Bassirou Diomaye Faye a fait l’objet d’attaques politiques de membres de la coalition au pouvoir. Aux députés du Pastef, celui de la coalition Benno Bokk Yaakaar, Cheikh Seck, a lancé hier, lors de la plénière du jour : ‘’Tous vos candidats sont en prison. Ce que vous faites n’est pas une candidature. Il faut choisir un homme libre dont les Sénégalais sont d’accord sur sa compétence, comme Amadou Ba, le choix de Macky Sall.’’

Le virulent député du Parti socialiste ne s’est pas arrêté là. Selon lui, ‘’Bassirou Diomaye est le sommet du salafisme. Les Sénégalais ne vont pas voter pour lui. Il suffit de se rendre sur Internet pour vérifier. Il ne s’est jamais rendu à Touba ni à Tivaouane. Il ne croit pas en notre modèle religieux ni en nos confréries religieuses’’.

Des critiques déjà adressées à Sonko sans réellement entamer sa popularité.

Lamine Diouf

 

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