Le Général Martin Faye aux commandes
La gendarmerie nationale a un nouveau patron. Il s’agit du général de brigade Martin Faye, qui devient le 15e haut-commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire (Haucomgen). Il remplace à ce poste le général de corps d'armée Moussa Fall, qui est à une année de la retraite.
Tard dans la nuit, hier, le communiqué est tombé comme un couperet : le général de corps d'armée Moussa Fall n’est plus le haut-commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire. Il est remplacé par le général de brigade Martin Faye, qui a été promu au grade de général de division. Il était précédemment haut-commandant en second de la Gendarmerie nationale et sous-directeur de la Justice militaire. Un poste qu’occupe désormais le général de brigade Papa Diouf, qui était, précédemment commandant de la gendarmerie mobile.
Le tout nouveau patron de la gendarmerie est originaire de Thiès. Le général Faye a intégré les forces armées en 1990, après avoir réussi le concours de l’École nationale des officiers d’active (Enoa). Il mène, depuis lors, une brillante carrière militaire marquée par une ascension fulgurante. Il a occupé plusieurs postes clés.
En effet, il a commandé plusieurs unités opérationnelles, y compris le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), qu’il a dirigé pendant six ans. Le général Faye a également une expérience acquise sur les théâtres d’opérations à l’international, puisqu’il a servi comme chef des opérations de la composante police de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca). Il a aussi occupé un poste similaire au Congo pendant deux ans. Sa première mission à l’étranger remonte à 1998, lors de l’opération Gabou en Guinée-Bissau. C’est le 2 mars 2021 qu’il a été promu général.
Le général Martin Faye a l’étiquette d’un leader efficace et respecté. Il est marié, père de deux enfants et est un commandeur reconnu dans l’Ordre du mérite. Il est adoubé pour son grand professionnalisme et ses compétences. Il hérite d’un corps militaire important dans le dispositif sécuritaire sénégalais qui sort d’une séquence temporelle dans laquelle il a été grandement chahuté.
Dans le processus de réconciliation nationale, la gendarmerie jouera un rôle central, à travers la pacification de ses relations avec les populations. Et le général Faye a le profil de l’emploi, lui qui est reconnu pour ses qualités humaines.
Il remplace le général de corps d'armée Moussa Fall qui devait partir à la retraite en mai 2023, avant que l’ancien chef de l’État Macky Sall ne prolonge, par décret, l’âge de la retraite de certains officiers supérieurs.
Ainsi, le général Fall quitte ses fonctions à la tête de la gendarmerie, à une année de l’âge de la retraite (mai 2025). Il paie ses relations heurtées avec le Pastef.
Les relations toujours tendues entre Pastef et le général Fall
En effet, la décision de son remplacement n’est une surprise pour personne, tant les relations entre le général Fall et les tenants actuels du pouvoir étaient exécrables. Le général de corps d'armée Moussa Fall avait été installé à la tête de la gendarmerie, en juillet 2021, à la surprise générale. Il succédait, alors, à l’actuel ministre de l’Intérieur, le général Jean-Baptiste Tine.
Dès son installation, l’opposant d’alors, Ousmane Sonko, lui faisait certaines mises en garde : ‘’On félicite le général Moussa Fall pour sa nomination et on prie que Dieu l’assiste dans sa mission. On l’invite à être un républicain, un homme d’honneur et de loyauté pas vis-à-vis de Macky Sall, mais vis-à-vis de son peuple. Qu’il sache que c’est ce peuple qui lui a conféré son statut de gendarme. Qu’il ait la même dignité que le général Jean-Baptiste Tine. Qu’il refuse de mener les combats des autres (Macky Sall). Le rôle de la gendarmerie, ce n’est pas de mener des combats politiques ou d’être le bras armé du pouvoir. Par contre, s’il a donné à Macky Sall l’assurance qu’il va lui livrer des opposants, comme certains nous l’ont révélé, qu’il revienne sur cette décision. Qu’il garde à l’esprit que le pouvoir, c’est le peuple.’’
La suite a été une lutte sanglante entre les forces de défense et de sécurité et les manifestants. Des heurts qui ont occasionné des dizaines de morts, de milliers de blessés et des dégâts matériels incommensurables.
CHEIKH THIAM