Bassirou Diomaye Faye promet ‘’la traque sans répit de ces vendeurs de la mort’
Le drame qui s’est produit à Mbour le 8 septembre dernier, avec le chavirement de la pirogue des candidats à l’émigration clandestine, n’a pas laissé insensible le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui a effectué le déplacement pour constater l’ampleur des dégâts et présenter ses condoléances aux familles éplorées. Il a profité de l’occasion pour annoncer une traque contre les personnes à l’origine de ces drames.
Le président de la République a fait le voyage dans la capitale de la Petite Côte, pour voir de ses propres yeux l’ampleur du drame du chavirement de la pirogue d’émigrants clandestins au large de Mbour, parmi lesquels 41 corps sans vie ont déjà été repêchés et quatre rescapés enregistrés depuis le dimanche dernier. Accueilli par l’ensemble des autorités administratives et politiques du département, le président a pris un moment de recueillement avant d’exprimer toute son amertume face à ce fléau.
Sur cette lancée, Bassirou Diomaye Faye a assuré : ‘’Ce qui est arrivé ici à Mbour, qui arrive partout sur les côtes du Sénégal, est le fait des filières de migration qui sont, il faut le dire, dans le trafic d’êtres humains, exploitant le désespoir de cette jeunesse et leur vendant le rêve d’un avenir meilleur. La traque sans répit contre ces vendeurs d’illusions, ces vendeurs de la mort, va s'intensifier dès à présent.’’
D’ailleurs, ‘’il y a quelques jours de cela, la semaine passée pour le dire, s'est clôturée une opération appelée ‘Jooko’ qui a été conjointement menée pendant plus d’un mois par la gendarmerie, la police et même l’armée, qui est entrée dans la danse, et qui a permis de mettre en échec un projet migratoire à hauteur de 690 jeunes appréhendés au moment de leur départ. C'est pour dire que le gouvernement est en train de combattre le phénomène’’, a indiqué Diomaye Faye qui promet que ‘’le gouvernement continuera à traquer ces vendeurs d’illusions, ces marchands de la mort jusqu’à dans leur dernier retranchement’’.
Par ailleurs, il a appelé au sens de la responsabilité des citoyens sénégalais qui envisagent de partir à ‘’Barça ou Barsakh’’. ‘’Il faut dire à ces jeunes que les pays dans lesquels ils veulent aller sont des pays qui ont été construits par des êtres humains, par des citoyens qui ont cru au changement dans leur propre pays et qui ont réussi à faire de leur pays ce qui les y attire, au risque de leur mort. Il nous appartient, ici, à tous, hommes et femmes, jeunes et adultes, gouvernants et citoyens, de nous rassembler autour d'un projet de construction de ce pays et de croire à l'espoir, de croire à la possibilité de changer par nous-mêmes et pour nous-mêmes le visage de notre pays’’, a martelé le président de la République.
‘’Je voudrais aussi appeler les familles à mettre moins de pression sur ces jeunes’’
À l’en croire, ‘’le gouvernement travaille d'arrache-pied à mettre en œuvre des politiques publiques adéquates pour donner du travail aux jeunes ici au Sénégal et les inviter à la reconstruction de notre pays. Il y va de notre responsabilité à tous’’.
Et Diomaye de poursuivre : ‘’Je voudrais aussi appeler les familles à mettre moins de pression sur ces jeunes. La pression positive se comprend de la part des parents envers les moins jeunes et les jeunes. Mais la pression ne doit pas aller au-delà de la motivation à travailler, à se serrer la ceinture, à y croire et à avoir de l'endurance dans les difficultés, mais ici au Sénégal. Elle ne doit pas aboutir à faire prendre le risque suicidaire d'emprunter les vagues. Il n’y a que la mort qui s’offre comme alternative quand on entreprend un voyage aussi périlleux. Le gouvernement continuera à mettre tout en œuvre pour déployer les politiques qui permettent aux jeunes de travailler. Encore faudrait-il que l’ensemble de ces jeunes comprennent qu’il n’y a pas de sot métier. Les métiers que beaucoup d'entre eux exercent ici sont les mêmes qu'ils cherchent à exercer ailleurs ou même des métiers moins valorisants. S'il ne s'agissait que de jeunes qui n'ont pas de travail, on pourrait dire que c'est le chômage’’, a-t-il soutenu.
Par ailleurs, Bassirou Diomaye Faye a annoncé des mesures qui permettront de dissuader et de réduire le nombre de départs. Dans ce sens, informe-t-il, ‘’le gouvernement mettra en place un numéro vert. Il ne peut pas y avoir de départ dans les conditions où les gens empruntent la mer sans que quelqu'un en soit informé. Mais ils ne doivent pas se taire, car quand ils se taisent, ce sont des centaines de jeunes qui perdent la vie et ce sont ces jeunes-là qui doivent reconstruire le pays, qui constituent l'espoir’’.
Dans la même perspective, ajoute-t-il, ‘’les forces de l'ordre font un travail remarquable. Il faut dénoncer les convoyeurs vers les vagues de la mort. À défaut, il sera extrêmement difficile de combattre ce phénomène. Il faut que les jeunes et la population comprennent que la situation ne peut être réglée du jour au lendemain. Il faut du temps pour que les solutions mises en place portent leurs fruits et que les conséquences positives se fassent ressentir. En attendant, il nous faut prendre notre destin en tant que Sénégalais ici au Sénégal et ne pas fuir les difficultés qui s'imposent au peuple sénégalais, jeunes, vieux, hommes et femmes’’, a indiqué le président de la République.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)