Publié le 19 Oct 2024 - 12:40
LÉGISLATIVES - LANCEMENT DE LA COALITION SENEGAAL KESE

TAS et Abdoul Mbaye tirent sur Diomaye, Sonko et sur l’autre partie de l’opposition

 

Thierno Alassane Sall et Abdoul Mbaye ont tiré à boulets rouges sur les nouvelles autorités hier, lors du lancement de la coalition Senegaal Kese, qui est composée d’une vingtaine d’organisations citoyennes. La coalition de l'ancien régime n’a pas été épargnée par les leaders de la nouvelle formation politique.

 

Hier, lors de la présentation de la coalition Senegaal Kese, la tête de liste nationale de cette nouvelle formation politique pour les prochaines élections législatives anticipées a tiré à boulets rouges sur le gouvernement. Au sujet de la crue des fleuves Sénégal et Gambie, il a déploré le fait que les autorités semblent prises au dépourvu.

"Ce n'est pas surprenant. Ce n’est pas comme un cyclone. Et même si c’était un cyclone, l’État devrait être prêt. Parce qu’il doit être en mesure de faire face aux catastrophes naturelles afin de pouvoir fournir, dans les plus brefs délais, des matelas et des vivres, et trouver des zones de recasement pour les populations", a-t-il déploré, notant que les catastrophes naturelles font partie de la vie et que l’État doit prévoir ce genre de situation.

Par rapport à la visite de Diomaye Faye dans les zones impactées par l'inondation, TAS raille : "On a vu le Chef suprême en tenue de combat, face à l'ennemi mais sans armes." Quant au Premier ministre, "en cette période, il ne pense qu’aux élections." En effet, pour le camarade de l’ancien ministre, Abdoul Mbaye, la question des inondations doit mériter un travail "extrêmement important" de suivi et d'évaluation. Une question qui, souligne-t-il, pendant une décennie, mobilise des ressources importantes et impacte la vie des populations.

"Le gouvernement a reconnu par la voix du ministre en charge de l’hydraulique son incompétence à soulager les populations de Dakar et de Touba en particulier, en prétextant que l’hivernage juste vécu n’était pas le sien", a-t-il regretté. "Il lui sera demandé de présenter un programme à mettre en œuvre avant l’hivernage prochain 2025 pour trouver des solutions immédiates, mais aussi structurelles à cette question particulièrement difficile à vivre par les populations sénégalaises", promet le tête de liste de la coalition Senegaal Kese.

Thierno Alassane Sall qualifie le parti Pastef d’organisation religieuse : Dahira. Ce, pour dire que son chef est comme un détenteur de pouvoir suprême qui peut dire et faire ce qu’il veut sans être remis en cause. "Le Dahira Pastef a déjà montré que son attachement au principe de la République est très faible, en dehors des proclamations", dit-il. "On a vu que des magistrats ont été affectés en violation parfaite de la loi, dans une sorte de vengeance. On a vu comment des députés du Pastef se sont pliés au désir de leur chef de file pour l’aider à se soustraire à son obligation constitutionnelle de faire la Déclaration de Politique générale, un exercice on ne peut plus simple, mais qui est très compliqué", a ajouté TAS.

Railleur, il poursuit : "Il faut l’aide d’un cabinet pour faire l’agenda 2050 qui leur servira, peut-être, de base pour faire la Déclaration de politique générale." Il a aussi déploré les nominations de personnes citées dans le rapport de l’Inspection Générale d’État. "Ceux qui commencent en disant qu’ils n’ont pas la pleine mesure de leurs moyens commencent mal ; mais quand ils auront la pleine mesure de leurs moyens, que ne feraient-ils pas ?", se demande Thierno Alassane Sall.

Qui ne s’est pas limité à clasher les dirigeants. Contre une autre coalition politique, il peste : "Comment peut-on, six mois après avoir chassé une coalition du pouvoir, lui laisser la possibilité de se régénérer et de reprendre de la vigueur en se renforçant d'autres qui ont participé à casser le Sénégal pour parler d'inter-coalition ?"

Par rapport au surendettement du Sénégal, TAS et Cie notent qu’"il est à titre modéré selon le FMI ; il l’est à titre très élevé selon le Premier ministre Ousmane Sonko". D’après Senegaal Kese, l’analyse du service de cette dette excessive par rapport au PIB du Sénégal révèle des commissions "importantes et parfois excessives versées à des intermédiaires dont la comptabilisation manque de précision". Ainsi, selon TAS, "il est donc indispensable de rechercher les bénéficiaires de ces commissions qui ne sont pas étrangères".

Abdoul Mbaye : "Surveiller et évaluer les gouvernants"

Pour sa part, Abdoul Mbaye n'a pas mâché ses mots. "Mettons en face de nos nouveaux gouvernants, expérimentés et parfois sincères, une Assemblée nationale qui les soutienne et les accompagne lorsque les réformes qu’ils proposent seront jugées adéquates dans le seul intérêt du peuple, afin de bloquer leurs erreurs et non par manœuvre d’opposition politicienne", a-t-il demandé à la population. Il rappelle que les députés ont la charge de surveiller et d’évaluer les gouvernants. Ainsi, il soutient que "ces derniers ne peuvent donc pas leur proposer de choisir ceux qui doivent les surveiller et les évaluer". L’ancien PM regrette une "traumatique continuité politicienne" dans la gouvernance de notre pays.

"Fuyons la triste répétition d’une Assemblée nationale soumise à l'Exécutif et l’éternité d’un Exécutif au service d'intérêts personnels, familiaux, et d’un clan politique. Là se trouve la vraie cause de notre sous-développement et de la pauvreté durable", a déploré le banquier. Abdoul Mbaye demande la sortie d’un système qui condamnerait notre peuple à la déception et au désespoir. "Ce sont de fausses promesses des politiciens avant qu’ils n'accèdent au pouvoir, et des relents de tromperie lorsqu’ils l’ont conquis", dénonce-t-il.

Pour Abdoul Mbaye, "il est temps de redonner à chaque député le rôle de représenter son peuple face au pouvoir de l’exécutif. Il est temps de réveiller notre peuple à sa responsabilité du bon choix de députés pour défendre ses propres intérêts et non ceux d’un exécutif qui l’a déjà investi de sa confiance pour gouverner. Il est temps de rappeler à tous qu’en démocratie représentative, l'Assemblée nationale représente le peuple et non l’exécutif."

Il appelle à la refondation de la démocratie sénégalaise. Car, dit-il, "il n’y a pas d’autre voie pour quitter cet éternel recommencement qui pourrait conduire à une éternelle explosion sociale après un blocage général, économique, et financier."

BABACAR SY SEYE

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