Publié le 10 Feb 2025 - 20:32
Présentation de “Insécurité au Sahel : sortir de la crise!”

La solution mise en avant par Mamadou Mouth Bane

 

À travers son nouvel ouvrage intitulé “Insécurité au Sahel : sortir de la crise!”, le journaliste et essayiste Mamadou Mouth Bane présente une solution basée d'abord sur la coopération militaire pour endiguer, et peut-être détruire, le terrorisme dans cette longue bande de terre africaine appelée le Sahel.

“Selon le Président kényan, William Ruto, les conflits et l’insécurité sur le continent font perdre près de 18 milliards de dollars par an à l'Afrique. Le mardi 29 janvier 2025, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, lors d’un débat public du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme en Afrique, nous apprend que « l’Afrique demeure l’épicentre du terrorisme mondial ». Près de 60 % de tous les meurtres liés au terrorisme dans le monde ont lieu en Afrique subsaharienne, avec plus de 6 000 morts en 2024.” C'est par ce rappel et ces chiffres qui font froid dans le dos que Mamadou Mouth Bane souhaite encore sonner l'alerte sur la situation au Sahel.

Cependant, l'auteur nous fait comprendre que nous ne sommes pas face à une fatalité. Bien au contraire, face à un terrorisme de plus en plus exacerbé, le journaliste ne voit qu'une seule issue heureuse pour le Sahel : la collaboration entre les États. Même si ces alliances peuvent paraître improbables, M. Bane y voit un chemin salvateur pour tous. “Face à ces défis, seule une coopération renforcée permettra de lutter efficacement contre le terrorisme. Il est impératif de renforcer la CEDEAO en la rendant plus proactive dans la gestion sécuritaire et en envisageant une alliance stratégique avec l’AES et ses partenaires, dont le Maroc.”

Dans son exposé, le journaliste estime que la réponse militaire doit forcément s'accompagner d'une autre qui met en avant l'aspect économique. “Dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme au Sahel, la doctrine marocaine devrait servir de référentiel. Le Maroc, un modèle économique pour lutter contre l’insécurité. Oui, Rabat joue un rôle stabilisateur dans la région. Le Maroc a compris que seule une approche économique peut véritablement réduire l’insécurité. Le tout militaire ne saurait être la solution face au terrorisme,” argumente Mouth Bane.

2012, l'année fatidique

Dans son exposé, l'essayiste revient sur le moment où tout a basculé dans cette zone du continent africain. Pour Mouth Bane, la chute de Khadafi demeure un élément non négligeable qui a anticipé la naissance de ce lieu quasiment de non-droit. “Depuis 2012, le Sahel est en proie à une recrudescence du terrorisme, exacerbée par l’effondrement de la Libye et la prolifération des groupes armés. L’intervention militaire française à travers l’opération Serval en 2013 a temporairement repoussé les jihadistes, mais ces derniers se sont adaptés, menant des attaques incessantes contre les États sahéliens.”

Cependant, selon l'auteur, des institutions faibles combinées à une pauvreté extrême au Sahel n'ont pas manqué de favoriser “l’implantation des groupes armés, surtout dans les zones frontalières”.

Revenant sur les grandes lignes de son ouvrage, M. Bane reste persuadé que le Sahel est aussi victime de son immensité. Rappelons que cette partie de l'Afrique, qui constitue une bande de 5 500 km, couvre 3,053 millions de kilomètres carrés. “Le Sahel est devenu un terreau fertile pour le terrorisme en raison de vastes territoires non sociabilisés, presque « oubliés » par les Forces de Défense et de Sécurité des États. Ces espaces, où les trafics d’armes, de drogues et d’êtres humains prospèrent, sont devenus des lieux d’expression des groupes terroristes, des cartels de la grande délinquance et du banditisme.”

Une zone de rivalité géopolitique

Dans un autre chapitre, l'auteur évoque la zone d'influence qu'est devenue le Sahel. Même si nous sommes encore loin d'une “Conférence de Berlin des temps modernes”, un peu plus d'un siècle après, chacun, à sa façon, semble réclamer sa part. “Par ailleurs, nous courons le risque de voir le Sahel transformé en un terrain de compétitions et rivalités géopolitiques entre les grandes puissances étrangères. La France, longtemps influente, a vu sa position fragilisée par une montée du sentiment anti-français, créé et entretenu par ses co-compétiteurs. La Russie a renforcé sa présence en parrainant les juntes au pouvoir pour étendre son influence dans le Sahel,” argue Mamadou Mouth Bane.

Il poursuit : “Les États-Unis, alliés de la France dans le Sahel, maintiennent une approche stratégique basée sur le renseignement et sur des opérations ciblées. La Turquie et la Chine, quant à elles, cherchent à renforcer leur influence par le biais d’investissements et de coopération militaire.”

Face à ces approches intéressées des pays occidentaux et asiatiques, le journaliste invite les États sahéliens à “explorer toutes les offres de résolution de crise, en mettant en avant leurs propres intérêts.” Toutefois, il reste persuadé que “la quête de résultats positifs doit primer sur les considérations idéologiques,” si l'objectif est de bâtir une “approche multilatérale et pragmatique.”

 

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