Ce que les éleveurs attendent de Bassirou Diomaye Faye
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Ce week-end, lors de la 9e édition de la Journée nationale de l’élevage, qui s'est tenue à Kaolack, les éleveurs du Sénégal ont invité le chef de l’État à diligenter l’adoption du décret portant application du Code pastoral, la mise à leur disposition de 300 milliards F CFA et d'autres mesures.
Les responsables d’organisations d’éleveurs du Sénégal se sont succédé au pupitre, ce samedi, à Kaolack, pour exposer leurs doléances, à l’occasion de la Journée nationale de l’élevage présidée par le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye. À tour de rôle, ils ont exprimé ce qu'ils pensent être les solutions nécessaires à la résolution des difficultés qui entravent l’épanouissement de l’élevage.
Chacun a évoqué les problèmes spécifiques à sa zone, puisque les délégations d’éleveurs venaient de toutes les contrées du Sénégal. Ces doléances ont été résumées dans la ‘’Déclaration de Kaolack’’, un mémorandum lu devant le chef de l'État.
Dans celle-ci, le rapporteur, Moctar Ba, a souligné que l’une des priorités du nouveau référentiel de développement économique est de bâtir des moteurs de croissance à partir des chaînes de valeur des pôles territoriaux, en exploitant les opportunités du pays, tant végétales qu'animales, en soutien aux filières.
Le secteur de l’élevage occupant une place de choix dans les politiques engagées par les nouvelles autorités, les acteurs de l'élevage, dit-il, ont émis des propositions fortes pour améliorer la disponibilité des produits animaux, leur transformation et leur commercialisation, afin de renforcer la contribution du sous-secteur de l’élevage au développement socioéconomique du Sénégal.
Monsieur Ba soutient que les principales recommandations pour une meilleure prise en charge du secteur de l’élevage sont les suivantes : au titre du cadre institutionnel, il a été recommandé l’adoption du décret portant application du Code pastoral pour une mise en œuvre effective dudit code ; le parachèvement de l’érection du ranch Djibo Leyti en établissement public à caractère industriel et commercial par l’adoption du projet de décret en instance de signature.
S’agissant de l’application du décret portant Code pastoral, il souligne que le renforcement de l’appui institutionnel pour asseoir les bases d’une professionnalisation durable des acteurs de l’élevage ainsi que le renforcement des mécanismes et instruments de financement des activités du secteur, sont également indispensables pour sortir le secteur du gouffre.
Toutefois, il est d’avis que ce n’est pas suffisant. C’est pourquoi, au titre de la sécurisation de l’alimentation du cheptel, il renseigne que les éleveurs attendent la création de coopératives d’élevage pour moderniser le secteur, surtout dans les corridors de transhumance. La mobilisation de financements est également d’une grande nécessité pour la réalisation de ces coopératives, qui coûteront 300 milliards F CFA entre 2025 et 2029.
Moctar Ba souligne aussi l'importance de renforcer la lutte contre les feux de brousse, l’application stricte des textes sur le vol de bétail, la prise en compte de la culture fourragère par les collectivités territoriales avec l'affectation de foncier dédié ainsi que l’audit et le renforcement du fonds revolving de l’opération pour la sauvegarde du bétail afin d’améliorer les conditions d'accès des éleveurs à l’alimentation de bétail.
Cela faisait deux ans que la journée nationale de l’élevage n’avait pas été célébrée, c’est pourquoi les éleveurs ont répertorié un grand nombre de doléances. Ainsi, le rapporteur a exprimé dans la Déclaration de Kaolack l’urgence de l’installation d’unités de production d’aliments de bétail dans les grands pôles de l’élevage, la réalisation de forages pastoraux et la mise en place de mécanismes de gestion efficaces, la couverture des zones de transhumance par le réseau téléphonique mobile, particulièrement au ranch de Dolly. Le recours à l’assurance agricole en tant qu’intrant de sécurisation des investissements en élevage, figure aussi parmi les attentes.
Le renforcement du potentiel génétique du cheptel à travers l'insémination artificielle
Au titre de l’amélioration du cheptel, les éleveurs souhaitent l’élaboration d’un plan national d’amélioration génétique, le renforcement du potentiel génétique du cheptel à travers l'insémination artificielle et l’amélioration des races locales. À cela s’ajoutent le renforcement du Centre national d’amélioration génétique de Daara en infrastructures et en équipements modernes et la mise en place et l'équipement de centres secondaires d’amélioration dans les grands pôles d’élevage. Le renforcement et la formation du personnel des centres d’amélioration génétique aux nouvelles technologies sont également nécessaires.
Par ailleurs, concernant la valorisation des produits d’origine animale, les acteurs des différentes filières recommandent le renforcement des infrastructures de collecte, de transformation, de conservation et de commercialisation des produits, sans omettre le souhait exprimé pour la lutte contre les abattages clandestins ainsi que la mise en place d’un programme d’équipements et de modernisation des filières animales. La liste des attentes n’étant pas exhaustive, l’accès à l’eau, à l’électricité, aux emballages et à des prix compétitifs a été formulé, tout comme un financement adapté aux différents maillons des chaînes de valeur animales.
Selon Moctar Ba, les propriétaires de bétail attendent du régime de Diomaye Faye, au-delà de ce qui précède, une meilleure protection des filières par la prise de mesures fiscales incitatives, une meilleure intégration des produits locaux par les industries de transformation agroalimentaires, la formation des acteurs aux nouvelles technologies de transformation des produits animaux ainsi que le renforcement des compétences des acteurs en gestion technique et financière des entreprises.
Alioune Badara Diallo Kane (KAOLACK)