Les communautés riveraines du parc de Djoudj s’engagent

Le Sénégal est une importante zone d'hivernage et de passage pour l’oiseau appelé phragmite aquatique. Cependant, l’espèce venue d’Europe de l’Est est fortement menacée de disparition à l'échelle mondiale. Pour contribuer à sa conservation, le projet Awom axé sur les aires de repos et d'hivernage du phragmite aquatique a été lancé au parc national des oiseaux de Djoudj. Une occasion saisie par les communautés riveraines pour s’engager à restaurer les habitats de l’espèce et participer à sa protection.
Les zones utilisées par le phragmite aquatique, surtout à proximité du parc national du Djoudj ne sont pas protégées. La mauvaise gestion des infrastructures hydrauliques, la salinité de certains endroits, la propagation de la végétation envahissante des plans d'eau douce, la conversion des pâturages en terres agricoles et le surpâturage dans les zones constituent autant de menaces pesant sur le site.
D’ailleurs, l'un des sites d'hivernage de l’espèce près du village de Tiguett est fortement dégradé, les eaux de crue ne peuvent plus atteindre la zone, les canaux d'alimentation sont envahis par une végétation de typha. Une situation qui met le phragmite aquatique lors de son passage à Djoudj et environs dans une position délicate. D’où l’urgence de restaurer l’habitat de l’oiseau en collaboration avec les populations locales voisines du parc de Djoudj. Pour le directeur exécutif de Wetlands International, Ibrahima Thiam, le projet de conservation du phragmite aquatique est venu à son heure pour contribuer à la conservation de cet oiseau migrateur. ‘’Ce petit oiseau de l'Europe de l'Est vient comme oiseau migrateur dans le parc national du Djoudj, mais également dans sa périphérie, notamment dans les villages de Déby et de Tiguett. Malheureusement, l'oiseau est actuellement menacé. De plusieurs millions de sujets, on en est arrivé maintenant à juste quelques milliers. Cela veut dire que si on ne conserve ni son environnement ni son habitat, il va disparaître. C'est pourquoi Wetlands International, avec l'appui de l'Union européenne, mais également avec d'autres partenaires en Afrique et en Europe, a pris l'initiative de participer à la conservation de cet oiseau. Mais nous allons le faire avec les communautés locales en collaboration avec les parcs nationaux, mais également avec les autres organisations qui travaillent dans le cadre de la protection de la biodiversité’’, a révélé Ibrahima Thiam.
Pour mieux impliquer les populations locales dans le combat, le projet Awom compte développer des activités génératrices de revenus, de la création d’emplois, mais également faire de la sensibilisation auprès de ces communautés. ‘’Nous allons réhabiliter 300 ha au niveau des villages de Déby et de Tiguett. Il y aura également des investissements tels que la construction d'une diguette pour aider à protéger leurs habitations des inondations. Il y aura des activités de sensibilisation pour que les communautés, notamment celles de Déby et de Tiguett, participent activement à la conservation de cet oiseau migrateur. Nous allons travailler avec les populations pour promouvoir des activités génératrices de revenus qui sont adaptées dans le nord du Sénégal. Nous allons aussi promouvoir l'emploi local, en travaillant avec les éco-gardes, mais également avec les jeunes et les femmes de la zone d’intervention’’, a signalé M. Thiam.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS