Les inquiétudes de Me Ciré Clédor Ly
Avocat du leader de Pastef Ousmane Sonko et du journaliste Pape Alé Niang, Me Ciré Clédor Ly a partagé hier une tribune pour alerter sur la situation préoccupante de ses clients.
Contrairement au ministre de la Justice, garde des Sceaux, Me Ciré Clédor Ly pense que ‘’le journaliste d’investigation Pape Alé Niang (...) a été placé sous mandat de dépôt, pour avoir exercé avec objectivité et indépendance son métier de journaliste et de commentateur’’. Pis, écrit-il dans un texte, ‘’son arrestation et sa détention ne répondent à aucune exigence de prévention d’un risque ou de sauvegarde de l’ordre public, mais procèdent de violations graves du droit à la liberté d’expression, de pensée, d’opinion, de critique des institutions, de libre critique de l’action des pouvoirs publics et d’information’’.
Maitre Ly ajoute que l’arrestation du journaliste et sa détention ‘’sont une attaque qui, au-delà du journaliste, est une agression contre la profession et le devoir d’informer le public qui est un des fondamentaux d'une société démocratique. La détermination de Pape Alé Niang d’informer sans complaisance et sans compromission a contribué largement à l’avènement de la deuxième alternance politique. C’est de l’histoire récente’’.
La robe noire confirme, par ailleurs, Ismaila Madior Fall. L’état de santé de Pape Alé Niang est très préoccupant pour ses avocats et cela découle d’un constat objectif. Ce qui fait dire à Me Ly que ‘’s’il n’est pas très rapidement mis fin à sa détention, l’État pourrait avoir une surprise très amère, car son refus de tout traitement, de toute alimentation et de toute médication l’a mené dans une situation où son pronostic vital pourrait être engagé irréversiblement. Qu’il ne soit pas dit que ses avocats n’ont pas lancé une alerte à l’adresse des autorités qui disposent d’instruments juridiques pour arrêter la machine judiciaire à tout moment’’.
Maitre Clédor Ly s’est également prononcé sur les cas de Me Babacar Ndiaye et de Me Juan Branco, mais également d’Ousmane Sonko. Les deux premiers cités ont été libérés en cours de journée. ‘’Le président Ousmane Sonko est aussi hospitalisé et se trouve dans un état qui recommande que les autorités le libèrent immédiatement. Le ministère public a corrompu définitivement la procédure avec son communiqué jalousement gardé par la défense, pour qu’une justice indépendante et impartiale puisse en donner suite. La contumace a été noyée dans l’océan Atlantique par l’acte de non-acquiescement et ce qui était attendu de la procédure de diffamation calciné par les flammes incandescentes du dialogue national’’, indique Me Ly.
Selon lui, ‘’la prolongation de la détention du président Ousmane Sonko n’apporte rien au pays, si ce n’est nuisance et désolations. Nul n’ignore son état de santé précaire et sa détermination à poursuivre son refus de toute alimentation, de toute assistance médicale et de tout traitement, même si son pronostic vital venait à être engagé. La seule demande pressante qu’il exprime, est que tous ceux qui se sont engagés à ses côtés par solidarité ou par patriotisme dans les prisons lui rendent l’honneur d’arrêter immédiatement leur grève de la faim’’, informe-t-il.
‘’Il est simple et sans aucun coût de respecter les règles démocratiques et de laisser tous ceux qui sont en âge de compétir et qui se sentent compétents s’aligner, le choix du représentant de la nation étant rendu au peuple souverain et il n’est pas trop tard pour cela. Admettons que tout ce qui fait encore défaut, c’est le discernement et la sagesse de l’autorité prise en otage par une faune de prédateurs, d’opportunistes, d’arrivistes et de tartuffes qui ont perdu leurs âmes. La libération du Président Ousmane Sonko est une exigence sociale et son état de santé qui s’est dégradé en trois jours au point de forcer son hospitalisation contre sa volonté, est aussi une alerte aiguë à l’adresse des autorités’’, déclare Me Ly.
KHOUDIA DIENG (STAGIAIRE)