Les matons ont-ils été drogués ?
L'évasion des quatre détenues à la prison pour femmes de Rufisque est loin de connaître son épilogue. Après l'interpellation surprise de deux gardes, de nouvelles révélations viennent brouiller les données.
Les langues commencent à se délier suite à l’inculpation de deux surveillants de prison relativement à l’évasion de quatre détenues de la Maison d’arrêt de Rufisque. En effet, des surveillants de prison en service dans l'établissement pénitencier sont très remontés contre l’inculpation, pour complicité d’évasion, de leurs collègues Alioune Faye et Angélique Bassène. L’un d’eux s’est confié à EnQuête et trouve ''injuste'' l’incarcération du chef de cour et de la surveillante de prison.
''Ils ne savent rien de l’évasion. Même s’ils ont commis une faute, ils ne doivent pas être les seuls à payer'', lâche notre interlocuteur, au bout du fil. Il plaide l’innocence de ses collègues, révélant que le 5 février dernier, jour des faits, Angélique Bassène était affectée à la cuisine. ''Cela peut être vérifié avec la mention portée à la main-courante de la prison'', indique-t-il. Quid de Alioune Faye ? ''Il était désigné chef de brigade, ce jour-là. D’ailleurs, les hommes n’ont pas accès aux cellules'', fait savoir notre interlocuteur. Selon lui, l'organisation de la prison obéit à des normes et règles très strictes. Dans l'univers carcéral, chaque garde pénitencier à un rôle bien précis et n'importe qui ne peut pas organiser l'évasion de détenues. ''A eux deux, poursuit notre contact, ils ne peuvent pas avoir organisé l’évasion, car on ne peut pas quitter la prison sans passer par le chef de poste et son adjointe qui détient les clés de toutes les cellules''. A l’en croire, les gardes auraient été drogués par les évadées. Selon ses dires, cette nuit-là, deux parmi les évadées et une troisième détenue, une sénégalaise, ont été extraites de leur cellule pour préparer du lait aux gardes. Notre interlocuteur relève que les gardiens ont été réveillés plus tard pour être informés de l’évasion.
Des 9mm et un téléphone portable dans le coup
La source renseigne également que des munitions de calibre 9mm ont été retrouvées sur place, et elles seraient différentes de celles que détiennent les gardes. Ce qui lui fait penser à un coup rondement préparé et mis à exécution. Le même personne confie qu'un téléphone portable, utilisé par l’une des évadées, a été aussi retrouvé. ''Lorsque nous avons appelé sur le numéro qui revenait fréquemment sur le journal des appels, nous sommes tombés sur la détenue concernée. Cela veut dire qu’elle n’avait pas encore quitté le pays''.
Gaston COLY