Les arts en scène, pour l’éducation

La Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Sénégal a accueilli une soirée exceptionnelle, le mardi 25 mars dernier, intitulée "Francophonie sur Ak Sen Ndogou". En effet, cet événement a lieu dans le cadre de la fête de la Francophonie. Le spectacle a mis en avant les arts de scène et a offert au public une immersion artistique et culturelle unique.
Les arts de la scène ont été mis à l’honneur le mardi 25 mars dernier, à Dakar, lors d’un spectacle d’exception organisé par la Délégation générale Wallonie-Bruxelles. Cette soirée, marquée par trois temps forts, a captivé le public dès les premiers instants. Dans ce sens, le délégué général de Wallonie-Bruxelles, Jean-François Pakula, a prononcé un discours puissant, qui a éveillé la curiosité et l’anticipation chez les spectateurs, impatients de découvrir la suite de l’événement. Il déclare : "La scène, bien sûr, cet espace où je me tiens et que nous avons choisi pour accueillir les acteurs qui, dans un instant, apparaîtront devant vous, nos invités. Mais la scène, c'est aussi bien plus qu'un simple plateau : c'est un symbole. D'abord, elle évoque le Sénégal – Sen, S-E-N, une abréviation qui résonne naturellement.
Ensuite, en anglais, scène signifie votre, une belle coïncidence qui suggère que cette scène vous appartient autant qu'à nous. Enfin, petit clin d'œil aux cours d’eau qui traversent Bruxelles et Paris : la Senne (S-E-N-N-E) et la Seine (S-E-I-N-E). Dans le cadre de la célébration de la fête de la Francophonie, nous avons prévu deux grandes activités : d’un côté, les arts visuels avec Educ’Art, qui se poursuit à l’intérieur et de l’autre, les arts de la scène que nous mettons à l'honneur ce soir."
Ainsi, les arts étaient bel et bien sur scène. La soirée a commencé timidement, avec la prestation d’une scène de théâtre et le public était loin d’imaginer le message fort qu’il y avait derrière. Sous le thème "Le professeur", porté par Brir Production, cette pièce a été une création originale, écrite et mise en scène par Bérengère Brooks. Avec une distribution talentueuse composée des acteurs Zaina Ba, Leya Kane, Sadia Diédhiou, Mohamadou Fall, Ass Niang et Dial Thiam, et une technique assurée par Amadou Boye, elle a offert un moment fort en émotions et en réflexion pour le public.
Un clin d’œil a été fait sur le rôle des professeurs, non seulement en tant que pédagogues, mais aussi en tant que conseillers auprès des parents. Leur influence va très souvent au-delà de l’enseignement, en les guidant sur des choix déterminants, tels que l’importance d’achever les études avant le mariage et de permettre aux enfants de tracer leur propre chemin. Dans l’une des scènes, une élève annonce à son professeur : "Monsieur, demain, je ne reviendrai plus en cours, car je vais me marier." Touché par cette déclaration, l’enseignant décide de s’impliquer et passe une semaine auprès de la famille pour plaider la cause de l’éducation. Finalement, le père revient sur sa décision, permettant à sa fille de poursuivre ses études. Des années plus tard, elle devient médecin.
Une histoire qui illustre l’importance de l’éducation et le rôle déterminant d’un enseignant engagé.
À travers cette scène, plusieurs thématiques ont été mises en avant : l’émancipation par le savoir, les traditions familiales et la diversité des parcours professionnels.
À côté de cette magnifique scène, place au "Duo Slam", une performance poétique portée par les talentueux slameurs Zeinixx et Sall Ngaary. Connus pour la force et l'engagement de leur verbe, ils ont captivé le public avec un thème aussi puissant : "J’éduque, donc j’agis." Ainsi, ils ont joué avec les rimes et ont déclamé des vers percutants, le duo a sublimé l'importance de l'éducation et de l'engagement à travers les mots. Dans cette scène, chaque phrase résonnait comme une invitation à la réflexion. Cela a suscité l’émotion et l’admiration chez les spectateurs.
À l’issue de cette prestation marquante, la slameuse Zeinixx, membre du duo Zénixx & Sall Ngaary, est revenue sur cette expérience en son ressenti et l’impact de leur message sur le public : "Vu que le thème de cette année on parle d'éducation, on a parlé d'art dans l'éducation, l'éducation à travers l'art. On a parlé de l'éducation à travers l'environnement. On a aussi parlé d'éducation à travers les histoires. Histoire de remonter, de se rappeler des histoires qui se sont passées, que ce soit ici ou ailleurs, revisiter un peu les histoires de nos différents continents, pays respectifs et tout."
En outre, il était question, pour eux, de parler d'art, de hip-hop, d'environnement, le tout ayant un lien pour l'éducation, parce que tout commence par l'écriture. Elle souligne qu’avec ce talent, ce qu’elle veut, c’est partager afin d'éduquer : "On veut enseigner, mais surtout extérioriser des choses que nous avons, que nous savons et que nous ressentons."
Elle retient de ce spectacle la complicité avec son binôme, une seule personne, un seul artiste : "Le duo, que ce soit lui qui écrive, que ce soit moi qui écrive ou nous deux, d'après le dispatching, c'est la même chose. Ça revient au même pour nous deux. Ce soir, vu les expressions dans le public, à travers certains regards, certains sourires, certaines expressions faciales, je crois que le message est passé," dit-elle très émue.
La danse sur scène
Une chorégraphie d’exception qui a mis à l’honneur le break dance et la danse urbaine a captivé le public grâce à la prestation dynamique de Power Crew. Composé des talentueux B-boys Bak, Em, Hongziz, Venom et Zaza, le groupe a livré une performance impressionnante, sublimée par la direction artistique et chorégraphique de Mohammed Xavier Goudiaby. Intitulée "Énergie", cette création a transporté les spectateurs dans un tourbillon de mouvements maîtrisés et d’intensité communicative qui a plongé la salle dans une ambiance survoltée. Étudiante à Hampaté Ba et spectatrice du spectacle, Véronique nous a partagé son enthousiasme : "C’était une performance envoûtante. J’ai beaucoup aimé la chorégraphie du hip-hop où chaque mouvement transpirait la passion et la technique."
Dans le même sens, le manager de PowerCrew s'exprime sur leur expérience : "Comme d'habitude, c'est un plaisir de prester ici. C'est la troisième fois que nous venons et je dirais même que cet endroit est devenu notre maison. Travailler avec eux est toujours un plaisir et nous comptons bien continuer cette collaboration."
Interrogé sur la réaction du public, il ajoute : "Il suffit de regarder les visages pour voir à quel point le spectacle a été apprécié. Mais j’ai une question pour vous : est-ce que vous avez kiffé ? Parce que moi, j’ai adoré ! Alors je crois qu’on peut dire que tout le monde a kiffé."
B-boy Zaza, leader du groupe, nous confie que la chorégraphie dure en réalité quatre heures. Donc, ce n’est qu’une infime partie de la chorégraphie intégrale : "On a fait une partie de notre pièce et ça a été un plaisir de le présenter avec tout le public. Le message de ce soir, poursuit-il, est d’avoir une énergie positive et surtout, la pièce relève beaucoup de positivité."
Sur ces mots, l’événement n’a pas été qu’une simple prestation, mais un moment de plaisir et d’apprentissage. En outre, cette soirée a été un véritable succès, mais également un espace de partage et de découverte autour de la richesse artistique du Sénégal mise en scène.
Thécia P. NYOMBA EKOMIE