Publié le 30 Mar 2023 - 01:21
“TENTATIVE D’ASSASSINAT” D’OUSMANE SONKO

Le procureur lave les forces de l’ordre

 

Alors que les médecins de la victime de ‘’tentative d’assassinat’’ ont opposé aux enquêteurs le secret médical, le laboratoire Bio 24 n’a pas été saisi pour faire l’analyse du produit toxique qui aurait été administré au président de Pastef/Les patriotes. Face à la presse hier, le procureur a instruit à décharge en faveur des forces de l’ordre.

 

Maladie imaginaire ou tentative d’assassinat ? Les parties se renvoient la balle. Pour les autorités judiciaires, l’accusation a été prise très au sérieux et toutes les diligences requises sont en train d’être exécutées pour tirer au clair cette affaire qui tient en haleine l’opinion publique nationale et internationale.

Globalement, il résulte de l’exposé du procureur général, qui faisait face à la presse hier, que les médecins qui se sont succédé au chevet d’Ousmane Sonko, lors de son hospitalisation, n’ont produit aucune preuve de nature à assoir la thèse d’une ‘’tentative d’assassinat’’. À en croire le chef du parquet de Dakar, après les premiers actes avec monsieur Yarga Sy qui a été désigné par certains comme étant celui qui aurait administré le fameux produit toxique au président de Pastef/Les patriotes, l’enquête s’est intéressée particulièrement au corps médical qui a examiné le leader politique. ‘’C’est sous ce rapport que le Dr Cissé qui, rappelons-le, est le médecin qui a eu à procéder à l’évacuation de monsieur Ousmane Sonko de son domicile à la clinique et qui est membre de la commission médicale de Pastef, a été entendu sur les pathologies dont souffrirait le patient. Il a été formel. Son intervention s’est juste limitée à prendre, à sa demande, le sieur Sonko de son domicile à la clinique et de l’installer à la suite qui est au deuxième étage, sur instruction de Dr Niang’’.

 À la question de savoir s’il a prescrit un traitement au patient, voici la réponse du médecin devant les enquêteurs : ‘’Je n’ai pris aucun acte médical. Ni en termes de consultation ni en termes d’analyse, encore moins en termes de traitement.’’

À l’instar du Dr Cissé, d’autres membres du corps médical, notamment les docteurs Diallo et Aminata Françoise Bangola, qui travaillent à Suma Assistance, et le docteur Mame Awa Ndoye, également membre de Pastef, ont servi presque les mêmes réponses. Ils n’ont pris aucun acte médical sur la personne de Sonko. Le Dr Diallo a, lui, précisé ‘’qu’il aurait été préférable de s’adresser au Dr Niang qui, lui-même, depuis Médina Ndiathbé où il se trouvait, rappelons-le, gère personnellement le patient Sonko. Et défends à tout autre sachant de rentrer dans la suite où M. Sonko a été hospitalisé’’, rapporte le procureur.

Alors, les enquêteurs se sont tournés vers les spécialistes qui se sont relayés autour du malade. L’enquête, selon le parquetier en chef, a permis d’identifier ces spécialistes qui, sur le plan médical, prenaient en charge le membre de Yewwi Askan Wi. En l’occurrence, il s’agit des docteurs Boulos, Cissé et Ngom.

Le PG revient sur l’interrogatoire du dernier nommé : ‘’À la question de savoir de quelles pathologies il souffre ? Il a invoqué le secret médical qui ne lui permet pas de dire de quoi il souffrait. Quelles prescriptions vous lui avez prodiguées ? Il a opposé un niet catégorique, au nom du secret médical. Invité à offrir sa collaboration et à établir l’état de santé de Sonko en relation avec les faits objet de l’enquête, il a dit : ‘C’est tout ce que j’avais à déclarer.’ À la question de savoir si un certificat médical lui a été délivré et pour quelle pathologie, il a répondu qu’il ne saurait y répondre, parce que c’est délivré au patient et lui seul est censé en connaitre le contenu.’’

Pour sa part, le Dr Boulos a reconnu qu’un certificat médical d’une ITT de 10 jours a été prescrit au maire de Ziguinchor, à la date du 21 mars et à sa demande. ‘’Pour quel motif d’incapacité ? Aurait-il eu des problèmes de prostate ? Cardiaque ? Foie ? (ce sont notamment les spécialités du médecin) Il a dit : ‘Je ne peux vous renseigner. Le secret médical me le défend.’

Yarga Sy, victime des partages sur les RS

Souvent accusé d’inertie, le parquet a cette fois essayé de prendre les devants, même s’il n’a pas convaincu les partisans d’Ousmane Sonko. Tout est parti des accusations selon lesquelles un produit toxique aurait été aspergé au leader de Pastef/Les patriotes. Dès les premières heures, certains internautes, notamment des personnes qui se réclament de Pastef, ont partagé la vidéo d’un homme en capuchon qui serait le pourvoyeur de ce liquide mortel. Son tort, c’est d’avoir remis au maire de Ziguinchor une écharpe imbibée d’un certain liquide.

‘’Compte tenu de la gravité des faits dénoncés, soutient le procureur général, en toute responsabilité, le procureur de la République s’est autosaisi et a instruit les enquêteurs de la Sureté urbaine d’ouvrir une enquête exhaustive et approfondie sur cette tentative d’assassinat dont l’opinion, dans son ensemble, s’émeut, d’autant plus qu’elle porte sur un citoyen sénégalais du nom de Ousmane Sonko. L’enquête a permis d’identifier toute personne, saisir tout objet, perquisitionner tout lieu, bref poser tout acte d’enquête prompte à renseigner l’autorité sur cette tentative d’assassinat dont serait victime le sieur Ousmane Sonko’’, a souligné le procureur général.

Parmi les premiers actes posés, les enquêteurs ont exploité la vidéo en question dans laquelle l’individu a été identifié. Ce qui a permis d’identifier le mis en cause qui répond au nom de Yarga Sy. Monsieur Bakhoum précise : ‘’Des recherches entreprises ont permis de se rendre compte que ce Yarga Sy était déjà en détention à la maison d’arrêt de Rebeuss. Sur ce, les enquêteurs de la SU ont procédé à son extraction et à son audition.’’ Selon les déclarations du mis en cause rapportées par le patron du parquet de Dakar, le liquide en question était juste du vinaigre. ‘’D’après ses déclarations, quand il a vu son leader les yeux larmoyants, pour voler à son secours, il lui a donné l’écharpe main à main, au vu de sa sécurité. Monsieur Sonko s’est saisi de l’écharpe et s’est engouffré dans sa voiture et s’en est servi pour éviter les effets des grenades. Je précise bien : d’après ses déclarations’’.

Selon toujours Ibrahima Bakhoum, une réquisition a été adressée au laboratoire Bio 24 où des prélèvements auraient été demandés sur la nature du produit qui aurait été versé sur cette écharpe. ‘’Résultat négatif. Aucun tissu, aucune pièce contenant un quelconque liquide ne leur a été produit en vue de prélèvements pour identifier la nature du produit contenu dans ce liquide’’.

MOR AMAR

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